Blocage des prisons: Belloubet à l’épreuve de sa première crise majeure

Blocage des prisons: Belloubet à l’épreuve de sa première crise majeure

Après une semaine de mobilisation, la poursuite du mouvement des gardiens de prison prend des allures de test pour Nicole...
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Par Sofia BOUDERBALA

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Après une semaine de mobilisation, la poursuite du mouvement des gardiens de prison prend des allures de test pour Nicole Belloubet, qui n'est pas parvenue à éteindre la colère et dont la méthode est vertement critiquée par les syndicats pénitentiaires.

La ministre de la Justice "a mis quatre jours" à se rendre à Vendin-le-Vieil, ont déploré les personnels locaux, qui l'ont accueillie au son d'une Marseillaise hostile. C'est dans ce centre pénitentiaire du Pas-de-Calais que des surveillants ont été agressés par un détenu jihadiste le 11 janvier, entraînant le début d'un mouvement social d'ampleur.

Quelques jours plus tard, Nicole Belloubet est huée devant la maison d'arrêt de Borgo (Corse), où elle s'est immédiatement rendue après une agression spectaculaire à l'arme blanche.

Et surtout, après des jours de discussions avec l'Ufap-Unsa Justice (majoritaire) et la CGT-Pénitentiaire, les propositions du gouvernement sur l'emploi et la sécurité ont été samedi unanimement rejetées. Le mouvement va se durcir, après un appel de tous les syndicats à un "blocage total" et reconductible lundi dès 06H00.

Dans un communiqué, la garde des Sceaux s'est bornée dimanche à prendre acte du rejet du projet d'accord. Sans proposer de rencontrer à nouveau les organisations syndicales, elle a relevé les "mesures concrètes pour renforcer la sécurité des personnels et des moyens" apportés par ce texte, citant la création de 1.100 emplois sur quatre ans et une prise en charge spécifique des détenus radicalisés.

Juriste brillante et ancienne élue PS, Nicole Belloubet a-t-elle sous-estimé le malaise d'une profession mal-aimée, qui ne parvient pas à conserver ses recrues et demande plus de reconnaissance?

Les syndicats, qui étaient eux-mêmes divisés au début du mouvement, sont désormais tous d'accord pour critiquer "la méthode" de la chancellerie et "la distance" de la ministre.

"C'est une honte, la manière dont elle traite son personnel en souffrance. Répondre qu'elle +prend acte+, comme ça, montre bien le peu de considération qu'elle porte aux agents", a réagi auprès de l'AFP le secrétaire général de la CGT-Pénitentiaire, Christopher Dorangeville.

- "Absente des discussions" -

"La DAP (Direction de l'administration pénitentiaire) a refusé d'emblée de prendre en compte les demandes de revalorisation statutaire de FO, préférant discuter uniquement de questions sécuritaires avec d'autres syndicats. Résultat, on a perdu une semaine", a déclaré à l'AFP le secrétaire général de FO-Pénitentiaire, Emmanuel Baudin.

L'Ufap-Unsa a pour sa part regretté que la ministre ne soit pas venue s'asseoir elle-même à la table des discussions.

"La ministre a été absente de toutes les discussions", a renchéri M. Dorangeville pour la CGT. "On peut commencer avec le directeur de l'administration pénitentiaire, mais à un moment donné, il faut un engagement et un pilotage de la ministre".

Pour FO, la crise a atteint un tel degré qu'il faut maintenant un arbitrage au plus haut niveau. "Nous avons des revendications statutaires. On demande le passage des personnels de la catégorie C à B. Il faut que Bercy travaille sur tout ça et il faut maintenant que le Premier ministre reprenne la main", estime M. Baudin.

Lundi dernier, au début du mouvement de blocage, le président Emmanuel Macron avait annoncé, au côté de sa ministre, un "plan global" pour la prison en février. L'exécutif n'a depuis fait aucun commentaire sur la crise actuelle. "C'est que la ministre gère bien ses dossiers", commente-t-on place Vendôme.

La méthode Belloubet a toutefois déjà essuyé quelques critiques des syndicats de magistrats qui dénoncent une "consultation de façade" sur les cinq chantiers prioritaires pour réformer la Justice ou de hauts représentants du parquet qui ont appris en même temps que la presse un projet de création d'un parquet national antiterroriste.

"Il est toujours temps de s'asseoir et de discuter", estimait dimanche Emmanuel Baudin de FO. "Si on arrive à mettre les moyens dans les prisons, que les peines sont correctement exécutées, au bout du bout, on fera des économies".

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