Avant de rendre son rapport en septembre, la mission d’information du Sénat sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement a fait une dernière audition, ce mercredi, avec une personne pour le moins appropriée : le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer.
« Fléau »
L’occasion pour le ministre de rappeler les mesures déjà prises dans la lutte contre le harcèlement, « ce fléau », comme dit la présidente de la mission, la sénatrice PS Sabine Van Heghe. « Le harcèlement est un sujet que je prends extrêmement au sérieux, dans une politique qui est dans une continuité depuis 10 ans », souligne le ministre. Il peut prendre différentes formes, notamment celle du « le sexing et du revenge porn ». Malgré l’impact du phénomène, « nous arrivons à l’éradiquer dans certains établissements », « c’est faisable », assure-t-il, « le tout dans un contexte où nous venons d’avoir le verdict dans l’affaire Mila ».
Le ministre rappelle une première mesure utile, prise en 2017, « l’interdiction du téléphone portable dans les enceintes des écoles et des collèges ». En 2018, « 335 référents académiques et départementaux » ont été créés, avec des « ambassadeurs collégiens ». En 2019, arrive « un plan national » avec 10 mesures sur la « formation systématique des professeurs et des familles ». Deux numéros gratuits ont été mis en place : le 30 20, un numéro d’écoute et de prise en charge des familles de victimes, et le 30 18, pour signaler les contenus indésirables. En 2021, le ministre a généralisé le programme de « prévention du harcèlement » expérimenté pendant deux ans. Et enfin, dernièrement, la création d’un « carré régalien » pour soutenir et protéger les membres de la communauté éducative.
« Le cyber harcèlement s‘est développé de façon très forte à la faveur du premier confinement »
Des efforts qui semblent porter leurs fruits. « Nous avons des premières réussites importantes en matière de lutte contre le harcèlement, nous le faisons reculer », se réjouit Jean-Michel Blanquer. Une « baisse du harcèlement » constatée « aussi bien à l’école primaire qu’au collège ».
« En revanche, nous n’avons pas fait reculer le cyber harcèlement, au contraire. Il s‘est même développé de façon très forte à la faveur du premier confinement », reconnaît le ministre. On le voit notamment « au lycée, où le développement du cyber harcèlement se voit plus que dans les niveaux inférieurs ».
« Le sujet du cyberharcèlement mérite qu’on passe à une nouvelle étape »
Le rôle des grandes plateformes, auditionnées il y a deux semaines, est ici essentiel. La rapporteure Colette Mélot (groupe Les Indépendants) pointe notamment leurs contradictions dans leurs actions. Le socialiste Hussein Bourgi a lui senti une volonté de « minorisation ou de défausse ».
Jean-Michel Blanquer entend ici aller plus loin. « Le sujet du cyberharcèlement mérite qu’on passe à une nouvelle étape », soutient-il. « J’ai bien l’intention de prendre de nouvelles initiatives en la matière, de façon à ce que les responsables de réseaux sociaux ne se considèrent pas comme des responsables de tuyaux […] et qu’on aille au bout de la responsabilisation de chacun, notamment leur réactivité, leur capacité à consacrer des moyens et du temps à la lutte contre le harcèlement », prévient Jean-Michel Blanquer. Il ajoute : « Si on est capable de censurer Donald Trump, on doit être capable de censurer le harceleur du coin ».
Cette lutte contre le harcèlement dépasse aussi les frontières. En 2017, lors du G7, il avait voulu « porter le sujet du cyberharcèlement à un niveau mondial » sur cette « question des plateformes ». Pour l’heure, Jean-Michel Blanquer sera « très attentif aux conclusions » des sénateurs. Il entend « aller de l’avant, sur la base des travaux » de la Haute assemblée.