Bioéthique et PMA: quand les députés se livrent dans l’hémicycle
Un parlementaire qui a vécu la PMA, une "femme seule" s'interrogeant sur les enfants sans père, ou encore un élu au bord des larmes au sujet du...
Par Anne Pascale REBOUL
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Un parlementaire qui a vécu la PMA, une "femme seule" s'interrogeant sur les enfants sans père, ou encore un élu au bord des larmes au sujet du diagnostic pré-implantatoire : plusieurs députés se sont dévoilés de manière inhabituelle, lors des débats sur le projet de loi bioéthique.
L'examen en première lecture à l'Assemblée de ce copieux texte s'est achevé mercredi soir au bout de deux semaines et demie d'échanges passionnés, au-delà des clivages traditionnels. Son vote solennel aura lieu mardi.
Ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes et aux femmes seules, mais aussi autoconservation des ovocytes et tests génétiques: "quand on est sur la bioéthique, on va sur l'intime", d'où des expressions peu ordinaires dans l'hémicycle, souligne une participante.
"J'ai eu un père mais j'ai été élevé par ma mère et ma grand-mère. Cela n'a pas fait de moi un délinquant", a lancé Jacques Marilossian (LREM) à la droite, vent debout contre "l'absence de père" dans cet élargissement de la PMA.
Cet élu des Hauts-de-Seine a aussi confié avoir eu recours avec sa femme à la PMA: "Nous ne créons pas des enfants d'un coup de baguette magique ! Le succès n'est pas garanti !", a-t-il souligné à ceux qui critiquaient des "bébés sur commande".
Emilie Bonnivard le 09 août 2017 à l'Assemblée nationale
AFP/Archives
Plus tard, Emilie Bonnivard (LR), "femme seule" de 39 ans, a fait part de ses doutes: "Est-ce mon rôle, en tant que législateur – quels que soient, sur le plan personnel, mon désir ou ma situation –, de créer un ordre qui prive, a priori, un enfant de père ?"
Autre moment fort avec Marc Le Fur, vice-président LR de l'Assemblée: pour appuyer le rejet de la PMA post-mortem, il a raconté son deuil d'une femme qu'il "aimai(t)". Et de plaider: "Il faut que la vie l'emporte (...) Un enfant existe par lui-même. Il n'a pas vocation à être le substitut d'un être qui nous a quittés".
- "En prise avec le réel" -
Le projet de loi prévoit pour les enfants nés de PMA d'avoir accès à leurs origines à leur majorité, une mesure qui a suscité des réticences sur quasiment tous les bancs. Né en Corée et adopté par une famille française, Joachim Son-Forget (UDI-Agir) a insisté sur le poids de "l'ignorance de notre lignée, en particulier à certains moments de la vie".
D'autres chapitres du projet de loi ont donné lieu à des moments poignants. Pour contrer un amendement LR visant à rétablir un délai de réflexion d'une semaine avant une interruption médicale de grossesse, Michèle Peyron (LREM) a raconté avoir subi une telle IMG, "décidée après cinq mois de grossesse".
Le député Joachim Son-Forget, le 25 septembre 2019 à l'Assemblée Nationale
AFP/Archives
Echographies, analyses, accouchement provoqué: "Je peux vous assurer que l'on a le temps de se préparer à cet acte", a-t-elle confessé.
Point d'orgue de ces cas personnels, Vincent Thiébaut (LREM), la gorge nouée, s'est interrogé sur "la pertinence" du diagnostic pré-implantatoire. Et pour cause: il est "père de jumeaux, sourds profonds du fait d'une maladie génétique", "nés par FIV" (fécondation in vitro), et qui lui ont "ouvert les yeux, à travers leur handicap, sur des choses qu'(il) n'aurai(t) jamais pu imaginer".
"N'ouvrons pas la boîte de Pandore au nom d'une volonté d'harmonisation ou de standardisation", a conjuré cet élu du Bas-Rhin.
"Ces témoignages, sur des points extrêmement techniques, nous aident à cheminer" et à être en prise avec "le réel", souligne Nathalie Elimas (MoDem).
Ils étaient "spontanés" et "à chaque fois utiles au débat", juge le corapporteur Jean-François Eliaou (LREM), qui est allé comme d'autres saluer ces intervenants s'étant exprimés "devant la Nation".
Pour sa part, tout en prêtant attention à ces "accents de vérité, de sincérité", Constance Le Grip (LR) note que son groupe généralement évite de "mettre en avant telle ou telle spécificité des parcours de vie" afin de légiférer au nom de l'intérêt général.
En 2013 lors des débats sur le mariage pour tous, les évocations de la vie privée avaient parfois suscité le malaise, voire des accusations d'instrumentalisation. Six ans après, de l'avis de tous les groupes politiques, le respect a dominé les échanges.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.
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