« L’AMF est un poil à gratter, c’est incontestable. Ça peut parfois être désagréable, mais ce n’est pas très grave ! » Lors de son discours de la mandature avant de nouvelles échéances électorales, le porte-étendard de l’Association des maires de France (AMF), François Baroin (maire LR de Troyes) a multiplié les gestes d’apaisement à l’égard du chef de l’État, donnant parfois du « cher Emmanuel Macron » à son interlocuteur.
Tranchant avec l’intervention, mordante et caustique, de son vice-président André Laignel (PS), François Baroin s’est arrogé en quelque sorte le rôle du « good cop » lors du 102e Congrès de l’AMF. Portant crédit à l’actuelle majorité présidentielle l’arrêt de la baisse des dotations, ou encore témoignant de la « disponibilité » des maires pour accompagner les politiques de l’État, le président de l’AMF a abordé un sujet qui reste toujours autant sensible, dans les relations compliquées entre le gouvernement et les collectivités locales. « Un fruit qui ne passe pas très bien, qui a un goût amer, qui reste un peu en travers de la gorge. » La suppression en cours de la taxe d’habitation.
« Instabilité sur la fiscalité locale »
« Comme tous les chefs d’État et vous n’êtes pas le premier, vous avez décidé de supprimer un impôt qui ne vous appartient pas », a lancé François Baroin. La petite pique est accueillie sous les applaudissements des congressistes de la porte de Versailles. Mais l’ancien ministre chiraquien a eu l’honnêteté de rappeler que d’autres gouvernements, de droite comme de gauche, s’étaient aussi prêtés à ce jeu.
La disparition de la taxe d’habitation se traduira pour les communes par l’affectation du foncier bâti, qui était jusqu’ici attribué aux départements. Ce transfert est qualifié de « moindre mal pour les communes », par François Baroin. Mais de la manière que la taxe d’habitation était brocardée pour ses injustices d’un pan à l’autre du pays, le même problème risque de se reproduire. « Le débat sur l’avenir du foncier est d’ores et déjà posé », a alerté François Baroin.
Cette perte de ressources propres reste l’inquiétude majeure des maires, et la libre administration qu’ils défendent. « Comment, en retirant le foncier aux départements, qui perdent leur autonomie fiscale et de gestion, on peut imaginer garantir la libre administration des collectivités territoriales, et de l’autre, offrir des garanties de financement, sachant qu’il y a toujours l’annualité des lois de finances, et qui créeront naturellement une instabilité sur cette fiscalité locale » a pointé du doigt François Baroin.
« Je vous souhaite la réussite de votre quinquennat »
Outre ce « sujet d’importance », le président de l’AMF s’est dit aussi très attentif sur la manière dont Emmanuel Macron considérera l’appel à « une nouvelle décentralisation », un point qui doit faire l’objet d’un nouveau projet de loi en 2020, après les élections municipales. « Nous sommes d’accord sur le calendrier », a-t-il prévenu. Sur le fonds, le débat sur les besoins de transferts de compétences locales, entre différents échelons, sera animé. François Baroin attend de l’État que tout soit mis sur la table : des politiques de l’emploi à la culture, en passant par l’aménagement du territoire. « Nous sommes disponibles », a-t-il conclu, indiquant que cela « peut-être une grande chance pour l’État ».
En bon « Républicain » (au sens premier du terme), le président de l’AMF a rappelé que les maires seraient « toujours là pour l’essentiel », malgré leur côté poil à gratter. Avant de conclure, sur une note d’espoir : « Je vous souhaite de rester toujours à l’écoute des maires, tel que vous l’avez envisagé au cours de ces derniers mois. » En guise d’échange, François Baroin a déclaré « souhaiter » la « réussite » du quinquennat d’Emmanuel Macron.