Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Avec une large victoire, Laurent Wauquiez assoit sa légitimité
Par Public Sénat
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L’annonce des résultats est allée très vite, au terme d’une élection que beaucoup d’observateurs et de responsables politiques disaient jouée d’avance. Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, est devenu le nouveau président des Républicains, avec 74,64% des voix, dépassant largement ses deux adversaires : la filloniste Florence Portelli (16,11%) et le juppéiste Maël de Calan (9,25%).
Un quart d’heure seulement après la fin du vote électronique, la présidente de la Haute autorité Anne Levade proclame les résultats. La salle du XVe arrondissement où sont réunis les partisans de Laurent Wauquiez exulte à l’annonce du score de leur candidat. La surprise vient de la mobilisation des adhérents : ils sont 99.597 à avoir participé au vote (42,5%). La députée Valérie Boyer évoque une « participation plus qu’honorable ». « On est vivants », lâche-t-elle.
Florence Portelli avait annoncé les jours précédents qu’en dessous de 100.000 votants, le scrutin serait un échec. Le directeur de campagne de Laurent Wauquiez, Geoffroy Didier, prudent, avait lui placé la barre à 60.000 votants, voire 50.000 votants. « C’est la preuve que nous avons des militants qui sont toujours là », se félicite Daniel Fasquelle, le député du Nord, qui a échoué de peu à réunir les parrainages nécessaire pour se lancer dans la course.
« Je ne me rappelais plus très bien ce qu’on ressentait quand on gagnait »
Éric Woerth ne boude pas non plus son plaisir. « L’élection est réussie – ce n’est pas ce qu’on nous avait annoncé, Laurent Wauquiez gagne très largement. »
L’eurodéputée Nadine Morano salue quant à elle la « légitimité incontestable » du nouveau président, et dans l’ivresse de la victoire, une « participation record ». La participation est en réalité plus faible que lors des trois précédentes élections à la présidence de LR ou de l’UMP. À titre d’exemple, en 2014, quand Nicolas Sarkozy avait été désigné par 64% des suffrages, 58% des militants avaient participé au vote.
Mais depuis, la droite a connu deux défaites majeures, à la présidentielle et aux législatives. « Je ne me rappelais plus très bien ce qu’on ressentait quand on gagnait une élection, là franchement, ça fait plaisir », jubile Alain Joyandet, le sénateur de la Haute-Saône.
« La droite est de retour »
À la tribune, Laurent Wauquiez souligne un « succès qui a été bien au-delà de nos attentes » et assure, sûr de lui, que « la droite est de retour ». Le discours est bref – à peine plus de quatre minutes – mais le nouveau président promet une « droite renouvelée », avec de « nouveaux visages », et une « renaissance » avec une « droite qui assume ses valeurs ». « Nous allons tout reconstruire », annonce-t-il.
Le nouveau chef de file de la droite veut proposer une « autre voie » aux Français et enfile sans tarder les habits du premier opposant à Emmanuel Macron qu’il entend incarner. « Aujourd’hui, le président est passif sur les questions de délinquance, il est complaisant sur le communautarisme, parce qu’il manque de fermeté face à l’intégrisme islamique », dénonce-t-il.
Laurent Wauquiez s’adresse également aux ténors du parti, restés en dehors de l’élection, tout en lui adressant quelques critiques durant la campagne. S’adressant à Valérie Pécresse, Xavier Bertrand ou encore Christian Estrosi, sans les nommer, il les appelle à s'investir : « Ils ont du talent. Aujourd’hui, quand on a du talent, il faut le mettre au service de notre famille, et personne ne peut rester spectateur. »
Guillaume Peltier, le porte-parole des Républicains, tient à s’appuyer avant tout sur les 74,6% de militants qui ont choisi Laurent Wauquiez. « Au nom de la nouvelle génération, ce qui m’intéresse, c’est de parler aux Français, et non pas aux personnes qui ont fait la droite hier. »
Le discours du vainqueur réserve très vite une place pour ses deux concurrents. « Je veux dire mon respect pour Maël et Florence, ils ont eu le courage de se présenter », lance Laurent Wauquiez, avant de demander au public de les applaudir.
La « vigilance » de Florence Portelli
Dans une autre salle de la rive gauche, dans une autre ambiance, Florence Portelli, arrivée en deuxième position, reconnaît la « victoire très nette » de son adversaire, et prévient qu’elle sera « très vigilante » sur la suite. La maire de Taverny (Val-d’Oise) entend porter la voix de la « majorité silencieuse », celle des adhérents qui n’ont pas voté ce dimanche, et annonce qu’elle et ses soutiens « continueront d’exister », à « leur façon ».
L’ancienne porte-parole de François Fillon, qui a fait savoir vendredi qu’elle « ne travaillerait pas » avec Laurent Wauquiez, au risque d’avoir « l’impression de se prostituer », répète devant les caméras qu’elle restera « libre et indépendante ». Et qu’elle n’envisage pas vraiment d’intégrer l’organigramme de la future direction. « Les petits postes et les arrangements entre amis, ce n’est pas ma cuisine ».
Maël de Calan, arrivé en dernière position, avec 9,25%, échoue à dépasser le seuil des 10% qui était nécessaire, selon lui, à faire entendre sa ligne dans le parti. « Je veux dire à tous ceux qui adhèrent aux idées d’une droite ouverte, libérale et européenne que l’histoire de notre parti ne s’arrête pas ce soir », a-t-il insisté, après avoir adressé ses félicitations au nouveau président du parti. Si le résultat est « très net », il « illustre le décalage entre la ligne de notre parti et les aspirations des électeurs de la droite et du centre », considère ce proche d’Alain Juppé. « C’est en s’ouvrant que Les Républicains pourront demain être utiles à la France », conseille-t-il pour les mois à venir.
Si Laurent Wauquiez a réussi à prendre la tête de LR de manière très nette, tout reste à faire, selon certains militants. « Ce soir, ce n’est qu’une étape », reconnaît Louis Bontemps, président des Jeunes Républicains du Lot. « Le plus dur maintenant, ça va être de rassembler, de mobiliser, de proposer, et ça va être de gagner ». Sur le calendrier électoral, les Européennes de 2019, arriveront dans un an et demi. L’Europe pourrait être un terrain glissant sur la route vers l’unité.