Autisme, les parents, des accusés parfaits

Autisme, les parents, des accusés parfaits

En 2015 la justice séparait Rachel de ses trois enfants. Faute d’avoir pu établir le bon diagnostic, la justice a confondu signes de maltraitance et autisme… Un cas loin d’être isolé. Comme Rachel, combien de familles sont soupçonnées, et accusées à tort d’être à l’origine des troubles chez leur enfant ?
Public Sénat

Par Romain Vincent

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Marion Angelosanto réalisatrice du film « Rachel, l’autisme à l’épreuve de la justice » connaît bien le dossier de Rachel. Pendant quatre ans elle a suivi l’histoire tragique de cette maman privée à tort de ses enfants : « l’avocate de Rachel spécialisée sur la question de l’autisme […] fait état d’un appel par semaine d’une famille faisant l’objet d’une information préoccupante » première étape d’une judiciarisation des dossiers.

Un cas qui n’est pas isolé

Cette situation ne surprend pas le coprésident d’Autisme Info Service, Florent Chapel : « ce cas n’est pas isolé, même si lui est assez extrême et que ça ne se passe pas comme ça à chaque fois ».

« Il faut éviter cette confusion entre les signes de l’autisme et ce qu’on peut interpréter comme des situations préoccupantes » de maltraitance.

Le diagnostic de l'autisme
00:24

 

Alors que le cas extrême de Rachel semble peu répandu, qu’en est-il des erreurs de diagnostic de l’autisme ? Claire Compagnon, déléguée interministérielle en charge de la stratégie pour l’autisme, rappelle un impératif : « il faut éviter cette confusion entre les signes de l’autisme et ce qu’on peut interpréter comme des situations préoccupantes ».

Les parents sont souvent mis en cause dans le trouble de leur enfant

C’est cette confusion qui peut entraîner une procédure judiciaire et conduire ensuite potentiellement au placement des enfants. Catherine Barthélémy pédopsychiatre au CHRU de Tours ajoute que : « [ces cas] sont extrêmement fréquents : les parents sont mis en cause dans le trouble de leur enfant, alors que le trouble est lié à des anomalies de développement ».

Plusieurs solutions existent pour éviter ce dramatique dénouement : Claire Compagnon se dit disponible pour aider les familles ; dans un second temps, des recours juridiques doivent permettre d’examiner en détail la situation de la famille pour éviter l’erreur judiciaire, et en dernier recours il existe des avocats spécialisés dans l’accompagnement des familles touchées par ces problématiques.

Un an et demi pour une consultation

Reste qu’aujourd’hui, même si la formation des médecins évolue et que depuis 2016 les études de médecine font une place à l’enseignement de la détection spécifique des signes de l’autisme, les délais pour avoir accès à une consultation sont longs. Les familles doivent attendre plus d’un an.

« Notre objectif est de permettre un diagnostic précoce des enfants » - Claire Compagnon, déléguée interministérielle à la stratégie nationale pour l’autisme

Une nouvelle ligne téléphonique vient d’être établie par l’association Autisme Info Service (0 800 714 040) et doit permettre de répondre à toutes les interrogations en lien avec l’autisme.

 

Le débat sera diffusé samedi à 22 heures à la suite du documentaire « Rachel, l’autisme à l’épreuve de la justice ».

Dans la même thématique

Paris : illustrations of assize court of Paty s trial
5min

Société

Procès de l'assassinat de Samuel Paty : tous les accusés ont été reconnus coupables

Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. Le verdict a été accueilli par des cris et des pleurs de la part de la famille de Naïm Boudaoud, âgé de 22 ans. « Ce soir, c’est la République qui a gagné », s’est félicité Thibault de Montbrial, avocat de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné. La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la « campagne de haine « qui ont fait de Samuel Paty une « cible » : Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle. « J’ai compris que vous avez fait de la politique, pas de la justice », s’est exclamé depuis son box Abdelhakim Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du public, éclatait en sanglots et cris de désespoir. Vincent Brengarth, un des avocats d’Abdelhakim Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, autre avocat du prédicateur, a estimé que son client était désormais « un prisonnier politique ». « Je me désolidarise de ces propos-là », a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du prédicateur. Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un « verdict équilibré ». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que « justice a été rendue pour son père », a-t-il ajouté. Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de « complicité » pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte. Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la « jihadosphère » qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis. Pour deux d’entre eux (Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar) la cour a retenu l’association de malfaiteurs terroriste tandis qu’elle a déclaré coupable Priscilla Mangel de provocation au terrorisme et Yusuf Cinar d’apologie du terrorisme. La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov avaient accompagné Anzorov à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. A l’audience, Boudaoud et Epsirkhanov ont répété qu’Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était « un cadeau » pour son grand-père. Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Boudaoud, le seul sachant conduire, avait accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’avait déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty. « Volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers » Les deux jeunes gens « avaient conscience de la radicalité » d’Anzorov et qu’il « avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers », a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, « il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty ». Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov. La cour n’a cependant pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre. Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostile au professeur dès le 7 octobre. Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas « Collectif Cheikh-Yassine », il avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Anzorov avait vu la vidéo d’Abdelhakim Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty. « La cour a considéré que (MM. Chnina et Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste », a indiqué M. Zientara. (Avec AFP)

Le