Depuis le début de l’affaire Benalla, Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, n’avait pas encore été entendu par une commission d’enquête. Le Sénat prend la main et l’auditionne, ce jeudi, à partir de 8H30. Une audition que vous pouvez suivre ici, sur Facebook et Twitter.
11 h 01 : « C’est la fusion du gouvernement avec la présidence de la République, et cette fusion n’est pas prévue par la Constitution » déclare Philippe Bas
« C’est la fusion du gouvernement avec la présidence de la République, et cette fusion n’est pas prévue par la Constitution » déclare Philippe Bas
Philippe Bas revient sur la question du sénateur Leconte, concernant l’existence de proches conseillers du Président qui sont également des proches conseillers du Premier ministre. « C’est la première fois dans l’histoire de nos institutions que ce choix a été fait » informe le sénateur LR. « Le titre de la Constitution qui traite des responsables du gouvernement est distinct du titre qui traite de la responsabilité du Président, elles ne sont pas de même nature » explique-t-il.
« Dans ce cas », souligne Philippe Bas, « on est en droit de se demander si la décision du gouvernement est une décision du Président de la République ou du gouvernement. Or le Président de la République, de par son statut, n’est pas responsable devant le Parlement, ni sur le plan pénal, pendant la durée de ses fonctions » précise-t-il, contrairement au gouvernement.
« Il y a là une véritable question de séparation des pouvoirs, dans un régime de dualité de l’exécutif, entre présidence de la République et gouvernement qui mérite d’être traitée » déclare le président de la commission des lois. « C’est la fusion du gouvernement avec la présidence de la République, et cette fusion n’est pas prévue par la Constitution ».
Pour Alexis Kohler, il n’en est rien : « C’est une question qui dépend de l’organisation du pouvoir exécutif, je ne pense pas que ce soit une question qui touche à la séparation des pouvoirs » estime-t-il. « Les conseillers des cabinets ministériels ne sont pas des autorités politiques et n’ont pas vocation à se substituer à elles » insiste-t-il. « Même si les conseillers sont communs, à la fin, c’est bien l’autorité politique qui prend la décision ».
10h42 L’interview de M. Benalla au Monde s’invite une nouvelle fois dans l’audition d’Alexis Kohler
L’interview de M. Benalla au Monde s’invite une nouvelle fois dans l’audition d’Alexis Kohler
Le sénateur Les Républicains, François-Noël Buffet a emprunté un extrait de l’interview D’Alexandre Benalla au Monde pour interroger Alexis Kohler sur les frictions entre l’intéressé et le GSPR. Une interview publiée au moment où le secrétaire général de l’Élysée est auditionné. Alexandre Benalla y reconnaît effectivement l’existence de tensions avec les membres du GSPR :
« Des frictions, oui, mais sous forme de non-dits. Moi, j’ai toujours fait les choses, non pas pour ma personne, mais dans l’intérêt du président. Mais il y a des gens qui sont formatés d’une autre façon. On fait le sale boulot. Et on s’expose forcément. Et quand on s’expose face à ce type de personnes, ils vous disent “oui” avec un sourire, mais ils n’oublient pas… Je ne fais pas partie du club. Je le ressens mais je dois en faire abstraction, car la seule chose qui compte c’est que le président soit bien », a donc lu François-Noël Buffet en commission.
L’irruption de cette interview a semble-t-il agacé le secrétaire général de l’Élysée qui a d’abord refusé de s’exprimer « sur une déclaration que je n’ai pas lue et que je découvre en vous écoutant ».
« Aucun incident ne m’est jamais remonté, je répèterai que j’ai eu des retours très positifs sur le travail d’Alexandre Benalla, je n’ai aucun problème à dire, et je l’assume, que c’est quelqu’un qui est très engagé, extrêmement dévoué, extrêmement disponible », a finalement réagi Alexis Kohler.
Le secrétaire général de l’Élysée a tenté d’expliquer les tensions entre Alexandre Benalla et le GSPR par les jalousies inhérentes aux fonctions de ce dernier : « L’équipe de la chefferie de l’Élysée sont toujours des gens qui sont assez jalousés parce qu’ils ont cette dimension de proximité avec l’autorité », a-t-il développé.
Reprenant les termes de l’interview, le secrétaire général de l’Élysée s’est par ailleurs félicité du fait « qu’Alexandre Benalla avait un profil tout à fait différent des profils qu’on rencontre dans les couloirs de l’Élysée ». Lui veut y voir un « argument de diversité ».
10H56 : « Qu'ils viennent me chercher » ! « Ils, c’est qui ? » « Ceux qui saisissent cette affaire pour en faire un procès de nature politique »
"Qu'ils viennent me chercher !", « ils », c’est qui ? « Ceux qui saisissent cette affaire pour en faire un procès de nature politique »
Les sénateurs ont demandé à Alexis Kohler son interprétation de cette interjection du chef de l’État devant les parlementaires LREM : « Qu'ils viennent me chercher ! » « Le ils, c’est qui ? » a demandé le corapporteur de la commission d’enquête, Jean-Pierre Sueur. « Je pense qu’il s’adresse à tous ceux qui dénoncent son action, qui saisissent cette affaire pour en faire un procès de nature politique. Il ne s’agit en rien d’esquiver une quelconque responsabilité » a assuré Alexis Kohler. Le sénateur, Jean-Yves Leconte lui alors objecté que le statut d’Emmanuel Macron le rend irresponsable le temps de son mandat sur le plan pénal. « Mais il est responsable devant les Français » a ajouté Alexis Kohler.
10 h 37 : Philippe Bas cite Benalla dans le Monde : « J’emmerdais pas mal de monde », et infirme le discours de Kohler qui affirmait que Benalla avait de bonnes relations avec ses collègues
: Philippe Bas cite Benalla dans le Monde : « J’emmerdais pas mal de monde », et infirme le discours de Kohler qui affirmait que Benalla avait de bonnes relations avec ses collègues
Le président de la commission des lois Philippe Bas, à la suite de Patrick Kanner, évoque l’interview d’Alexandre Benalla, publiée pendant l’audition, dans le journal Le Monde.
« Monsieur Benalla a cru bon de faire une interview dans le journal Le Monde qui paraît aujourd’hui, et puisque nous recherchons des faits, nous y trouvons quelques indications » déclare le sénateur, qui fait référence à un passage, où Alexandre Benalla s’exprime sur ses relations avec les autres forces de l’ordre.
« Lui-même fait état de friction, d’inimitié, d’opposition, et il dit « j’emmerdais pas mal de monde ». C’est une indication sur le climat de travail » soulève Philippe Bas, qui met en porte à faux le secrétaire général de l’Élysée qui affirmait que Benalla était apprécié de tous ses collègues de travail.
10h23 : Logement de Benalla, Alexis Kohler change de version. Il n’est plus affirmatif
Logement de Benalla, Alexis Kohler change de version. Il n’est plus affirmatif
Poussé dans ses retranchements par la sénatrice Esther Benbassa sur le logement attribué à Alexandre Benalla, Alexis Kohler a paru particulièrement embarrassé. Quelques minutes plus tôt, il avait assuré qu’Alexandre Benalla n’avait « pas occupé de logement de fonction ». La sénatrice lui objecte que selon un extrait de sa déclaration fiscale, Alexandre Benalla a changé d’adresse le 9 juillet et a déclaré habiter le 11 quai Branly. Ce qui corrobore les propos de l’intéressé dans le journal le Monde où il confirme qu’un logement a été mis à sa disposition le « 8 ou le 9 juillet ».
« Je fais beaucoup de choses. Je peux vous dire je travaille un tout petit peu. Mais je ne m’occupe pas de l’attribution de tous les logements au sein de l’Élysée. Donc je m’en voudrais de vous donner une affirmation erronée » a-t-il répondu entre deux nombreuses hésitations.
10 h 07 : Kohler décrit le travail de Benalla : « C’est une mission de coordination et d’organisation qui suppose un lien avec l’extérieur »
Kohler décrit le travail de Benalla : « C’est une mission de coordination et d’organisation qui suppose un lien avec l’extérieur »
Alexis Kohler revient sur les fonctions d’Alexandre Benalla à l’Élysée, et notamment sur son rôle lors du retour des Bleus. « Je ne vous ai pas dit qu’Alexandre Benalla avait la responsabilité de la sécurisation de l’arrivée de l’équipe de France » déclare-t-il. « Elle est celle du préfet de police ».
Le secrétaire général de l’Élysée explique qu’étant donné les « conditions très particulières » de l’arrivée des Bleus, « pour des questions de logistique et d’organisation » Alexandre Benalla a vocation à avoir des interactions avec « des services extérieurs, y compris des services de police », et que cela fait partie de sa mission de discuter avec les préfets. S’il ne le faisait pas, « je lui reprocherais de ne pas le faire » informe Alexis Kohler.
« C’est une mission de coordination et d’organisation qui suppose un lien avec l’extérieur, Benalla supervisait cette mission pour des déplacements officiels du Président, et des déplacements non-officiels, privés » explique le secrétaire général de l’Élysée, qui affirme qu’il y a « d’autres Alexandre Benalla », sous-entendu, d’autres chargés de mission, mais qu’il espère « très franchement » qu’ils n’ont pas eu ce genre de comportement.
10h00 « Je n’ai pas à connaître les modalités d’octroi du port d’arme de M. Benalla »
« Je n’ai pas à connaître les modalités d’octroi du port d’arme de M. Benalla »
Co-rapporteur de la Commission d’enquête, Muriel Jourda s’est étonné de lire dans l’arrêté du permis de port d’arme de Monsieur Benalla la mention suivante : « Considérant que Monsieur Benalla est chargé d’une mission de police ». Ce qui apparaît contradictoire avec les déclarations d'Alexis Kohler.
Un élément contradictoire avec l’affirmation du secrétaire général de l’Élysée selon laquelle, Monsieur Benalla n’aurait « jamais été en charge de la protection du président de la République ».
En difficulté, Alexis Kohler explique qu’il n’a « pas à connaître les modalités d’octroi du port d’arme de M. Benalla » ; et malgré les relances des autres sénateurs, le secrétaire général de l’Élysée s’est borné à dire qu’il n’avait rien à ajouter.
9H46 : Salaire, appartement… Kohler ne veut pas répondre, Benalla le fait pour lui dans Le Monde
Salaire, appartement… Kohler ne veut pas répondre, Benalla le fait pour lui dans Le Monde
Interrogé sur le salaire et la superficie de l’appartement de fonction d’Alexandre Benalla par le sénateur, Pierre-Yves Collombat, Alexis Kohler a une nouvelle fois botté en touche. « Ce sont des informations qui relèvent de l’organisation interne de la présidence de la République » (….) « Le budget et l’organisation du personnel de la présidence de la République sont gérés sous le contrôle de la Cour des Comptes » (…) « Je ne vais pas communiquer sur la superficie des appartements du palais de l’Alma (…) ni sur les salaires des personnes qui travaillent à la présidence de la République ».
Quelques minutes plus tôt une interview d’Alexandre Benalla est publiée par le journal Le Monde. Il affirme qu’il gagnait 6 000 euros par mois et que les clés d’un appartement de 80m2 « mis à sa disposition » lui ont été remises le « 8 ou le 9 juillet ». Alexis Kohler assure pour sa part qu’Alexandre Benalla « n’a pas occupé de logement de fonction à la résidence de l’Alma ».
9 h 40 : Kohler a demandé à ce que les chargés de mission régularisent leur situation concernant les déclarations d’intérêts et de patrimoine
Kohler a demandé à ce que les chargés de missions régularisent leur situation concernant les déclarations d’intérêts et de patrimoine
Le secrétaire général de l’Élysée est interrogé sur le fait qu’Alexandre Benalla n’a pas transmis de déclaration de patrimoine et d’intérêts à la Haute autorité.
Alexis Kohler annonce que lorsqu’il a été élu, il a interrogé le service de la présidence du champ des personnes qui devaient faire transmettre la déclaration d’intérêts et de patrimoine à la Haute autorité pour la transparence publique. « A l’époque, il m’a été dit que la pratique à l’Élysée, y compris pour la totalité du mandat précédant, avait été que les déclarations d’intérêts et patrimoine ne sont faites que par les conseillers nommés au Journal Officiel » explique-t-il.
« J’ai demandé à ce que les services adressent hier un message aux intéressés afin que la situation soit clarifiée au niveau du droit, et que le situation des intéressés puisse être régularisée » informe-t-il.
09h32 Alexis Kohler affirme que la sanction de M. Benalla était « complète » et « définitive »
Alexis Kohler affirme que la sanction de M. Benalla était « complète » et « définitive »
Monsieur Benalla a touché l’intégralité de son salaire au mois de mai, cette sanction financière n’a pas été appliquée à ce jour. Voilà la principale révélation de l’audition du directeur de cabinet d’Emmanuel Macron qui s’est tenue mercredi.
Interrogé sur ce point, le secrétaire général de l’Élysée s’explique : « Il y a une question d’appréciation compte tenu du statut de la personne, de l’application d’un décret de 1986 et de la possibilité dans le cadre d’une suspension d’appliquer une suspension de salaire ». L’article 43 du décret n°86-83 dit effectivement que « l'agent non titulaire suspendu conserve sa rémunération et les prestations familiales obligatoires ».
Pour appliquer une sanction financière, l’administration de l’Élysée a donc « privilégié une retenue sur jours de congé », rappelle Alexis Kohler. Une solution qui lui fait dire que « l’objectif est bien atteint : la loi est respectée, la sanction est complète, elle est définitive ». Le secrétaire général de l’Élysée concède toutefois que cet épisode doit amener à quelques réflexions juridiques.
9 h 18 : « Monsieur Benalla était très apprécié de ses collègues »
« Monsieur Benalla était très apprécié de ses collègues »
Alexis Kohler reconnaît à Alexandre Benalla la qualité « d’organisateur ». « Son recrutement était jugé légitime et utile » affirme-t-il.
« Je n’ai jamais eu à titre personnel, à travailler avec Monsieur Benalla au cours de la période où il a été employé à la présidence de la République » déclare le secrétaire général de l’Élysée, avant d’ajouter : « Je peux vous dire qu’à aucun moment je n’ai été informé du moindre incident, ou comportement inadapté de l’intéressé, jusqu’au 2 mai. À aucun moment, et je dirais même le contraire. Je n’ai eu que des retours positifs sur le travail, l’engagement, le dévouement de Monsieur Benalla ».
« Sans trahir le sentiment général, je crois pouvoir vous dire que Monsieur Benalla était très apprécié de ses collègues » insiste-t-il, avant d’évoquer l’audition des syndicats de police : « J’ai entendu dire qu’il aurait terrorisé des services de la présidence. Mais le chef de ce service a répondu, et ce n’est pas le cas, ou si c’était le cas, ça n’a jamais été porté à sa connaissance ».
9H11 : Alexis Kohler gêné lorsque les sénateurs évoquent l’autorisation de port d’arme d’Alexandre Benalla
Alexis Kohler gêné lorsque les sénateurs évoquent l’autorisation de port d’arme d’Alexandre Benalla
Durant de longues minutes, le secrétaire général de l’Élysée a paru très désappointé par les questions successives des parlementaires autour du port d’arme d’Alexandre Benalla. « Pourquoi la présidence de la République et le ministère de l’Intérieur ont favorisé cette demande » (d’un port d’arme) alors qu’il n’était pas en charge de la sécurité ?
« Je n’ai pas eu à connaître la question du port d’arme d’Alexandre Benalla » commence Alexis Kohler avant d’estimer que « cette question ne relève pas du champ de la commission d’enquête mais de l’organisation interne de l’Élysée ». Philippe Bas, président de la commission d’enquête reformule la question. « Quelle était l’utilité pour la présidence de la République ? » « Je suppose que dans certaines circonstances, il a été jugé utile que d’autres puissent apporter leur concours » (à la protection du chef de l’État) « Vous allez l’air de trouver ça curieux mais c’est toujours le GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République) qui assure la protection du président de la République » martèle-t-il.
Suite à une autre question de la co-rapporteure, Muriel Jourda, Alexis Kohler rappelle toutefois qu’Alexandre Benalla a participé à des missions de sécurité lors de la campagne électorale.
9h00 « Au regard des éléments connus le 2 mai, cette sanction était proportionnée »
« Au regard des éléments connus le 2 mai, cette sanction était proportionnée », assure Alexis Kohler
Le secrétaire général de l’Élysée maintient que la sanction notifiée à Monsieur Benalla était proportionnée tout en reconnaissant « qu’à la lumière des faits connus depuis, la sanction peut apparaître insuffisante ».
Alexis Kohler se défend d’avoir méconnu « la gravité des faits ». « Ce qui aurait porté atteinte à la présidence de la République de façon particulièrement aiguë, grave, c’est qu’il n’y aurait pas eu de réaction et pas de sanction », assure le secrétaire général de l’Élysée qui réaffirme qu’au « regard des éléments connus le 2 mai, cette sanction était proportionnée ».
« Pour ce qui est de l’article 40, compte tenu des éléments dont je disposais, je n’avais pas d’éléments me permettant de penser qu’une saisine au titre de l’article 40 serait justifiée », affirme également Alexis Kohler.
8H49 : « M. Benalla n’a jamais été en charge de la protection du président de la République »
Alexis Kohler: "M. Benalla n’a jamais été en charge de la protection du président de la République"
Dans son propos liminaire, Alexis Kohler s’est attaché à rappeler les faits avec concision. C’est le 2 mai qu’il a pris connaissance, via une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, « des actes inappropriés et choquant » d’Alexandre Benalla place de la Contrescarpe. « À ce moment, le directeur de cabinet m’indique qu’il a d’ores et déjà convoqué l’intéressé, qui a reconnu sa présence sur les lieux et sa participation à des interpellations » (…) Constatant que les faits sont bien avérés, le directeur de cabinet m’informe de son intention d’appliquer une sanction disciplinaire sans délai. Ce qui me semble totalement approprié » rapporte-il. A savoir, « la suspension de 15 jours avec retenu de salaire, la modification des responsabilités confiées à l’intéressé, l’indication que tout nouveau comportement fautif entraînerait un licenciement ».
Alexis Kohler indique qu’au vu du contexte, la sanction lui semblait « appropriée ». Suite aux auditions de la commission d’enquête, le secrétaire général de l’Élysée espère que la représentation nationale « est rassurée qu’il n’existe pas à l’Élysée de police parallèle, que nous n’employons pas de milices privées pour protéger le chef de l’État et que M. Benalla n’a jamais été en charge de la protection du président de la République ».