Au Sénat, des parlementaires étrangers réclament plus de soutien de la part de l’UE pour affronter la crise migratoire ukrainienne

Au Sénat, des parlementaires étrangers réclament plus de soutien de la part de l’UE pour affronter la crise migratoire ukrainienne

Réunis dans le cadre d’une conférence interparlementaire sur la politique migratoire de l’Union européenne, les représentants des différents parlements nationaux débattaient au Sénat ce 16 mai, des défis migratoires auxquels l’Union est confrontée. Pour faire face à la vague migratoire due à la guerre en Ukraine, de nombreux élus de Pologne, Roumanie et d’Estonie ont plaidé pour davantage de moyens provenant de Bruxelles.
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Par Louis Dubar

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Depuis le 24 février et le début des hostilités entre Moscou et Kiev, plus de cinq millions d’Ukrainiens ont franchi les frontières de leur pays pour fuir la guerre et trouver refuge en Union européenne. Face à cette crise migratoire inédite, la plus importante depuis la seconde guerre mondiale sur le vieux continent, l’Union européenne s’est mobilisée pour accueillir ces réfugiés en débloquant un fonds d’accueil et en activant le 2 mars la directive relative à la « protection temporaire » pour tous les Ukrainiens présents dans l’un des Etats membres de l’Union.

Une Europe à la hauteur de l’enjeu selon Gérard Larcher

Adopté en 2001 au lendemain des guerres d’ex-Yougoslavie en cas d’afflux massif de personnes, ce mécanisme « exceptionnel » permet aux ressortissants ukrainiens de résider jusqu’à trois ans dans n'importe quel pays européen. Cette protection temporaire donne l’accès à un travail, à un logement, à l’aide sociale et médicale et un droit à l’éducation pour les mineurs, « véritable main tendue aux réfugiés. » Pour Monique Pariat, directrice générale de la migration et des affaires intérieures de la Commission européenne, présente ce lundi au Palais du Luxembourg, le déclenchement de cette directive était nécessaire. « La protection temporaire permet d’assurer l’asile de manière extrêmement rapide. Il n’y a aucune procédure à faire », explique-t-elle.

Pour le président de la Chambre haute, Gérard Larcher, la réponse de l’UE à cette crise humanitaire a été à la hauteur de l’événement. « L’Union européenne n’est pas la forteresse repliée sur elle-même, sourde à la misère et au désarroi du monde, volontiers décriée par ses contempteurs. Elle demeure fidèle à sa tradition d’accueil et d’humanité », explique-t-il. Quelques minutes après l’intervention du président du Sénat, Mathias Cormann, secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est sur la même ligne. « La guerre en Ukraine porte directement atteinte à nos valeurs communes de respect des droits humains, d’Etat de droit et des principes économiques fondés sur le marché […]. Notre capacité collective et nationale à accueillir dignement et à intégrer les réfugiés ukrainiens est une dimension essentielle de la réaffirmation de ces valeurs communes qui fondent le socle de nos actions pour mener des politiques meilleures pour tous », a souligné le dirigeant de l’organisation intergouvernementale, Mathias Cormann.

L’Europe de l’Est, en première ligne dans l’accueil des réfugiés ukrainiens

Toutefois beaucoup de parlementaires provenant d’Europe de l’Est ont souligné au cours de la conférence interparlementaire, le coût et le défi que représentent ces flux migratoires pour leurs pays. Depuis le début des combats, la Pologne a vu passer près de 3,4 millions de personnes sur son territoire. « Deux millions sont restés. Nous les avons accueillis dans nos maisons, pas dans des camps », précise Daniel Milewski, député polonais. « Des milliers de réfugiés disposent d’un compte de sécurité sociale. Nous avons inclus 120 000 réfugiés sur le marché du travail. Leur dignité est notre priorité », précise le parlementaire. Mais tout cela a un coût. « Nous sommes solidaires à l’égard de nos voisins, mais il y a un besoin croissant d’avoir accès à des fonds. Dans certaines villes à l’Est, deux tiers des habitants sont désormais des Ukrainiens », explique Danuta Jazlowiecka, sénatrice polonaise.

« L’Estonie a accueilli près de 48 000 réfugiés en provenance d’Ukraine, cela représente 2,9 % de notre population. Pour bien comprendre ces proportions, cela signifierait que la France accueillerait 1,9 million de réfugiés », souligne Toomas Kivimägi, parlementaire au Riigikogu. Face à ce défi humanitaire, le pays balte ne soutient pas pour autant une répartition de ces réfugiés entre les différents Etats membres avec un système de quotas. « Il est mieux que les réfugiés aient la possibilité de rester dans des pays voisins ou des zones géographiques proches », explique le député estonien. « Nous pensons qu’il est plus humain de laisser les réfugiés s’installer là où ils le souhaitent. » Le parlementaire estonien plaide pour une aide accrue de l’UE pour son pays, « un rôle plus important notamment en assurant une partie des coûts liés à cet accueil. »

Plus au sud, « la Roumanie s’est engagée à accueillir tous les réfugiés ukrainiens. […] Ce n’est pas une tâche facile, en particulier du fait que nous sommes restreints par les objectifs budgétaires imposés par Bruxelles », explique Carmen Ileana Mihalcescu de l’Assemblée de Roumanie. Depuis le début du conflit, Bucarest a accueilli plus de 700 000 Ukrainiens.

« Nous ne pouvons pas donner plus ce que nous avons »

Face à cette grogne de certains parlementaires européens. Monique Pariat a tenu à remercier les efforts effectués et déployés « par les Etats en première ligne » dans cette crise migratoire. « Nous avons dès le début débloqué des fonds, Malheureusement nous ne pouvons pas donner plus ce que nous avons », avertit la directrice générale. Elle promet néanmoins un soutien financier supplémentaire de 450 millions d’euros pour l’asile et la migration « pour les pays en première ligne. » La directrice générale a également indiqué que l’Union était pleinement engagée dans la lutte contre le risque de trafic et de traite d’êtres humains. 90 % des personnes qui se réfugient dans les Etats membres de l’Union sont des femmes et des enfants. « Nous essayons de mettre un registre commun d’enregistrement unique de la protection temporaire pour suivre les réfugiés », explique-t-elle. « J’ai bon espoir que cet outil informatique soit disponible à la fin du mois de mai. »

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