Le PS, qui s'est efforcé de mettre le couvercle sur ses divisions jusqu'à dimanche, devrait s'offrir dès la semaine prochaine une grande séance...
Par Stéphanie LEROUGE
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Le PS, qui s'est efforcé de mettre le couvercle sur ses divisions jusqu'à dimanche, devrait s'offrir dès la semaine prochaine une grande séance d'"explications" collectives, via un bureau national mardi, puis un conseil national samedi.
Objectif de ce conseil national: "débriefer" la séquence électorale qui vient de s'écouler, et fixer le calendrier des prochains mois.
En l'organisant aussi rapidement, il s'agit de "donner un signal qu'on travaille immédiatement à reconstruire le parti", souligne un responsable.
Après le double désastre de la présidentielle et des législatives, nul ne devrait échapper à la critique.
Le président François Hollande, le 11 mai 2017 à Paris
POOL/AFP/Archives
"On va nécessairement ouvrir la boîte à gifles. Il faut que tout soit extrêmement clair, faire un examen critique collectif", dit un député légitimiste. "Il y a la responsabilité de François Hollande, coupable de surdité par rapport à certains sujets; des ministres qui ne se sont pas montrés à la hauteur de leur mission; un groupe parlementaire qui n'a pas su réguler les conflits", énumère-t-il.
"Je pense qu'il faut faire l'inventaire du quinquennat", abonde un vieil ami de l'ancien chef de l'Etat.
Les frondeurs, accusés ces dernières années d'avoir torpillé le quinquennat, devraient à nouveau se trouver sous le feu des critiques.
Le député des Yvelines Benoît Hamon (PS), à Paris, le 15 janvier 2017
AFP/Archives
"Ce moment d'explications, qu'on a évité parce que Benoît Hamon a gagné la primaire, et parce qu'il fallait organiser les législatives, cette discussion va arriver. Ca risque d'être brutal", affirme un membre de la direction du PS.
Les frondeurs devront notamment convaincre de leur envie de participer de manière constructive à la refondation du PS, alors que certains, comme Benoît Hamon ou Guillaume Balas, semblent hésiter à y rester.
"Je recommanderai qu'on se mette au travail collectivement. Est-ce que ceux qui sont autour des tables ont envie de travailler ensemble?" demande le conseiller régional Julien Dray.
- Des députés 'ligotés' -
Pas question de trouver des "victimes expiatoires" à ce qui est un échec "collectif". Mais la question du remaniement de la direction du PS devrait être posée "dès la semaine prochaine", selon un responsable.
"Je crois que (le premier secrétaire) Jean-Christophe Cambadélis a réalisé qu'il doit montrer qu'il accompagne la suite; que c'est à d'autres de prendre la main", entend-on. Il doit s'exprimer dès 20H00 dimanche soir, rue de Solférino.
Même s'il ne s'agit pas de se focaliser sur les questions de personnes, "changer tout sauf le premier secrétaire, ça ne serait pas compris", souligne un Hollandais. "Je pense que lui le sait. Il cherche à sortir le plus élégamment possible", croit-il savoir.
Alors qu'aucun nom ne s'impose pour remplacer M. Cambadélis, beaucoup évoquent un "collectif".
Faut-il changer de génération comme le préconise l'ancien secrétaire d'Etat Thierry Mandon ?
Le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl devant le palais de l'Elysée à Paris le 5 avril 2017
AFP
L'ancien ministre de l'Intérieur Matthias Fekl, battu dès le premier tour dans le Lot-et-Garonne, pousse en ce sens. "Je pense que toute une génération qui est là depuis trente ou quarante ans va maintenant être amenée à faire autre chose, et que si ce n'est pas le cas, la nouvelle génération créera d'autres lieux, d'autres endroits pour s'engager", a-t-il affirmé cette semaine.
D'autres quadras sont plus nuancés. "On est trop faibles pour mener ce combat entre les jeunes et les anciens. Je suis plutôt pour une alliance des générations", dit un député, sèchement battu le 11 juin.
Pour d'autres, la question est moins générationnelle que politique: "pas question de reconstruire le Parti socialiste avec ceux qui ont négocié leur tranquillité électorale au premier tour", a tweeté cette semaine l'ancien ministre Philippe Martin, visant à l'évidence Stéphane Le Foll, Marisol Touraine ou Myriam El Khomri.
Au final juste une dizaine ou une vingtaine de socialistes devraient survivre à ces législatives, et parmi eux beaucoup, à l'instar de ces anciens ministres, ne devront leur survie qu'à l'absence d'un candidat de la République en marche contre eux.
"Macron a choisi les socialistes qu'il voulait avoir à l'Assemblée nationale. Il ne leur a pas mis de candidat en face. Il les a choisis, et en les choisissant il les ligote", a commenté Benoît Hamon cette semaine.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.