Au FN, Bay rêve d’incarner la relève de Maréchal-Le Pen et l’alternative à Philippot

Au FN, Bay rêve d’incarner la relève de Maréchal-Le Pen et l’alternative à Philippot

Conservateur sur les questions sociétales, libéral en économie, le secrétaire général du Front national Nicolas Bay souhaite...
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Par Guillaume DAUDIN

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Conservateur sur les questions sociétales, libéral en économie, le secrétaire général du Front national Nicolas Bay souhaite incarner, en vue du congrès de mars, la relève de Marion Maréchal-Le Pen en même temps qu'une alternative au contesté Florian Philippot.

A l'heure où ce dernier s'affiche mardi dans un camion bloquant les accès de Paris contre la réforme du Code du travail, le secrétaire général du FN mène une autre opération : ravir la place de numéro deux du parti.

Pour l'ancien mégrétiste, c'est un numéro d'équilibriste : afficher 100% de fidélité à Marine Le Pen, la présidente du FN, idéologiquement très proche de Florian Philippot, tout en faisant valoir sa différence lui.

Marion Maréchal-Le Pen, en retrait temporaire de la politique, a laissé orphelins de nombreux frontistes se considérant de droite, plutôt hostiles à une sortie de l'euro ou à une présence extensive de l'Etat dans la sphère économique, ayant manifesté comme M. Bay contre le "mariage pour tous". Là où Marine Le Pen porte une ligne "ni droite ni gauche", voit dans l'"Etat-stratège" un remède à de nombreux maux et relègue à l'arrière-scène les sujets sociétaux.

Sur les plateaux TV, Nicolas Bay joue donc au premier soldat, reprochant sans le nommer à Florian Philippot de "prendre des initiatives à la périphérie" du FN, référence à son lancement en mai d'une association "Les Patriotes" qui a agacé Marine Le Pen. Et devant les militants, dimanche à Six-Fours-les-Plages, il met en garde son adversaire : "parler moins" d'immigration serait "irresponsable politiquement et stupide stratégiquement".

- Il va "structurer" son courant -

Preuve de son influence interne croissante : il a été élu lundi soir co-président du groupe d'extrême droite au Parlement européen, en remplacement de Marine Le Pen, élue à l'Assemblée nationale.

Mais il n'a pas que des soutiens. Deux hauts responsables FN l'accusent de n'avoir "rien fait" au secrétariat général et d'être seulement intéressé par sa propre carrière.

Aussitôt connue sa désignation à Strasbourg, l'un de ces deux "amis" a contacté l'AFP pour se féliciter d'un "coup de maître de +Marine+" Le Pen pour l'écarter du secrétariat général et des affaires internes frontistes.

L'intéressée, qui a déjeuné à côté de M. Bay lors de sa rentrée politique samedi en Haute-Marne, n'a pas répondu à l'AFP sur ce sujet.

Wallerand de Saint Just, trésorier du parti, se dit aussi "très agacé par ceux qui +refondent+ dans la presse le FN contre leurs petits camarades", visant Nicolas Bay, Gilbert Collard, très critique de M. Philippot, mais aussi ce dernier.

Constituer une alternative à Florian Philippot, dont les troupes sont considérées comme réduites mais structurées et fidèles, et incarner la relève du "marionisme" sera difficile : pour plusieurs sources FN, M. Bay est trop "faible" en interne et n'a "pas la "dimension personnelle" de l'ex-députée du Vaucluse, adulée des militants.

Pour Robert Ménard, maire de Béziers et allié critique du FN, Nicolas Bay est certes "très bien, il passe bien dans les médias. Mais je ne sais pas ce qu'il peut faire".

Il serait "la meilleure solution pour faire alliance avec la droite classique", juge un bon connaisseur du FN. "Mais il n'a pas de troupes (...) Et il est marqué du sceau de l’infamie du MNR", l'aventure avortée avec Bruno Mégret.

L'entourage du Normand d'adoption croit tout de même au coup à jouer.

Au menu, une tournée dans les fédérations du parti, avec une dizaine de dates (...) ciblant les militants qui voteront en mars sur la composition du Comité central du parti, dont l'ordre d'arrivée est perçu comme un baromètre de l'influence interne. Son entourage assure déjà que M. Bay reçoit plus d'invitations pour venir dans les fédérations que M. Philippot...

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