Asile-immigration: la droite à l’attaque pour durcir le projet de loi, débat électrique

Asile-immigration: la droite à l’attaque pour durcir le projet de loi, débat électrique

Désireux de préempter ce thème face au discours du FN, les députés LR ont commencé à donner fortement de la voix contre le projet de loi "asile...
Public Sénat

Par Fabrice RANDOUX et Isabelle CORTES

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Désireux de préempter ce thème face au discours du FN, les députés LR ont commencé à donner fortement de la voix contre le projet de loi "asile-immigration", particulièrement ses premiers articles sur l'intégration des réfugiés, examinés mardi soir dans une atmosphère très électrique.

Sur cette "petite loi de petits ajustements techniques" qui "ne permettra pas à la France de sortir du chaos migratoire", aux yeux de Guillaume Larrivé, LR cible notamment les premiers articles, "catastrophiques" selon leur président de groupe Christian Jacob, qui visent à faciliter le séjour de ceux ayant obtenu une protection internationale.

L'article 1er permettant un titre de séjour valable quatre ans maximun, au lieu d'un an actuellement, aux bénéficiaires de la protection subsidiaire et apatrides mais aussi aux conjoints, partenaires d'union civile ou concubins, a rapidement suscité mardi des attaques en piqué des LR, mais aussi des FN, puis des échanges sous très haute tension.

A l'inverse des "marcheurs" satisfaits d'une "réelle avancée" même si quelques-uns comme Jean-Michel Clément ont regretté qu'elle ne soit pas "plus généreuse", ou de la gauche de la gauche qui a évoqué "un petit îlot d'humanité au milieu d'un océan de cruauté" selon la formule de Danièle Obono (LFI), ils ont fustigé "un appel d'air", une mesure "dangereuse" rendant notre "modèle" de "plus en plus attractif".

Les LR ont bondi lorsque le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a dénoncé la "confusion dans les esprits" LR avec "un affichage qui vise à faire peur aux Français", ou du "sectarisme" d'Eric Ciotti, Sébastien Huyghe le taxant alors d'"accusateur public".

Indignation aussi quand le chef de file LREM sur le texte, Florent Boudié, a lancé: "Les LR sont-ils devenus d'extrême droite? Nous avons ce soir la réponse. Vous êtes à l'unisson idéologique". "Dès qu'il n'y a pas la pensée unique qui tombe du sommet, on est d'extrême droite", a riposté Eric Ciotti, Sébastien Huyghe jugeant que "les orientations anciennes collent à la peau de ceux qui sont issus de la gauche" parmi les macronistes.

Les FN, Gilbert Collard en tête, ont refusé d'être qualifiés "d'extrême droite".

Obligée d'intervenir plusieurs fois, la présidente de séance, Annie Genevard (LR), a glissé: "si les esprits s'échauffent dès maintenant, je ne sais pas comment nous terminerons".

Les LR, mais aussi FN, ont tenté vainement de supprimer l'extension de l'octroi du titre subsidiaire au concubin, Julien Aubert et Fabien di Filippo récusant les objections juridiques du ministre et de la rapporteure Elise Fajgeles.

Aux LR, qui critiquaient notamment le concept "évanescent" de concubinage, Ugo Bernalicis (LFI) a répliqué qu'il pouvait "prouver qu'il y a concubinage entre droite et extrême droite" au vu d'amendements, Elsa Faucillon qu'"à force de haine de l'autre, on finit par mettre en danger les droits de toutes et tous".

Au-delà de la réforme de l'asile, les Républicains, qui ne voteront pas le projet de loi, ont déposé moult amendements pour instaurer "des plafonds d'immigration", conditionner l'accès aux prestations sociales "à plusieurs années de travail légal en France", supprimer l'aide médicale d'Etat, expulser les étrangers fichés pour radicalisation, etc.

Sur l'immigration, objet mercredi d'une convention du parti de Laurent Wauquiez, les divisions internes s'effacent. Le mouvement Libres! de Valérie Pécresse a présenté mardi ses propositions, comprenant un durcissement des conditions de regroupement familial, une réforme du droit du sol ou une lutte plus ferme contre les mariages blancs.

- Contre-projet FN -

Le président du groupe LR à l'Assemblée nationale Christian Jacob lors d'une séance des questions au gouvernement, le 10 avril 2018 à Paris
Le président du groupe LR à l'Assemblée nationale Christian Jacob lors d'une séance des questions au gouvernement, le 10 avril 2018 à Paris
AFP/Archives

Verra-t-on des députés FN soutenir des amendements LR ou inversement ? A cette question, M. Jacob a répondu devant la presse qu'il "se contrefiche de ce que fait le FN. Nous, on défend nos amendements".

Absent en commission, les sept députés FN se sont mobilisés dans l'hémicycle sur un de leurs thèmes fondamentaux.

Signataire d'une cinquantaine d'amendements, Marine Le Pen a présenté lundi devant la presse "un contre-projet complet" pour "une politique alternative d'immigration", voyant "un lien irréfutable entre immigration et insécurité". Le FN propose notamment la préférence nationale dans l'accès à l'emploi, de "supprimer tous les dispositifs incitatifs à l'immigration", ou "zéro régularisation".

Et le président de Debout La France, Nicolas Dupont-Aignan, qui l'avait ralliée dans l'entre-deux-tours de la présidentielle, a proposé mardi "d’enclencher pour la première fois dans notre pays le référendum d’initiative partagée prévu par la Constitution". Il n'a pas déposé un seul amendement sur les 1.056 en discussion d'ici la fin de la semaine.

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

Asile-immigration: la droite à l’attaque pour durcir le projet de loi, débat électrique
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

Asile-immigration: la droite à l’attaque pour durcir le projet de loi, débat électrique
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le