Retrait de Laurent Wauquiez : des cadres LR plaident pour un report de l’élection du Président du parti
La droite réunit son bureau politique en fin de journée rue de Vaugirard. Au menu des discussions : le report du Congrès initialement prévu pour désigner son chef de file. En l’absence de « candidat naturel » après le retrait de Laurent Wauquiez, certains veulent temporiser, quitte à replonger dans une période de troubles.
Par Jonathan Dupriez et Marion Vigreux
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La fumée blanche était attendue à l’automne. Les Républicains avaient prévu d’élire le successeur de Christian Jacob, mais rien n’est moins sûr après l’annonce de Laurent Wauquiez de ne pas briguer l’investiture. Les forces en présence ont semble-t-il changé et l’horizon politique de LR pourrait, une nouvelle fois, rentrer dans une période d’incertitudes. En témoigne, la volonté d’une partie des cadres de la droite de décaler le calendrier de cette investiture. Il pourrait bel et bien être retardé selon plusieurs sources parlementaires. « S’il y avait eu Wauquiez, ça aurait été différent, il aurait tué le match », glisse un LR, qui assistera au bureau politique ce soir. « Mais là, on n’aura pas de candidat naturel » souffle-t-il, craignant une redite du départage très serré du candidat LR en vue de l’élection présidentielle. Si plusieurs noms circulent actuellement pour prendre la tête du parti, dont le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, le député du Lot Aurélien Pradié ou encore l’un des barons des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, aucun candidat officiel n’est pour le moment déclaré.
Timing intenable
Résultat, LR songe sérieusement à décaler l’investiture de son futur chef de parti. L’idée ayant, selon plusieurs sources sénatoriales, obtenu la bénédiction de Bruno Retailleau et du président du Sénat Gérard Larcher, devrait occuper une large part des échanges ce soir rue de Vaugirard.
Pour plusieurs sénateurs, ce report s’expliquerait avant tout par un timing intenable. Alors que de grands textes comme le Projet de loi veille sanitaire ou le Projet de loi pouvoir d’achat vont occuper les parlementaires une partie de l’été, difficile de voir les LR se lancer dans une course à l’échalote politique en parallèle. Ce que confirme un sénateur bien informé : « La date limite de dépôt des candidatures à l’investiture tombe lors de nos journées parlementaires à Biarritz, les 15 et 16 septembre prochains. » Le même précise également qu’une « modification des statuts est envisagée » dès ce soir, pour mettre en œuvre le report. En bref, en l’absence de candidatures déclarées et dans des délais très contraints, lancer une campagne maintenant, ne serait selon lui pas jouable.
« Se laisser du temps »
Pour beaucoup, l’idée est aussi de se « laisser du temps pour se réorganiser » et ne pas tout confondre à la rentrée, au risque de paraître en décalage avec les préoccupations des Français. Une partie de LR semble ainsi ne pas vouloir mêler enjeux d’appareils, éventuels désaccords sur la ligne politique entre partisans d’une droite plus sociale et défenseurs d’une ligne droitière, avec les réformes sur lesquelles la droite voudra nécessairement peser à l’automne, comme la réforme des retraites. « Il y a une volonté de ne pas tout mélanger et que les députés à l’Assemblée trouvent leur équilibre » confirme un autre sénateur qui sous-entend les divergences sporadiques entre les groupes des deux chambres sur certains sujets.
« Il y a bien d’autres préoccupations que le renouvellement de nos instances »
Philippe Tabarot, sénateur LR des Alpes-Maritimes abonde : « Par rapport au contexte compliqué d’aujourd’hui, à l’installation de cette nouvelle Assemblée nationale, il y a bien d’autres préoccupations que le renouvellement de nos instances. » Le sénateur, proche d’Eric Ciotti apparaît soucieux de ne « pas donner l’image de gens qui règlent leurs comptes entre eux alors que l’intérêt du pays est de traiter les sujets de pouvoir d’achat, les questions de sécurité, d’immigration et d’énergie. » (Cf. la vidéo ci-dessus)
Hasardeux pronostics
Reste à savoir quand sera désigné le futur leader du parti. Pour certains, aucune raison de se presser, Annie Genevard, députée LR du Doubs, et actuellement présidente du parti par intérim pourrait rester plusieurs mois s’il le fallait. D’autres se lancent dans de hasardeux pronostics : une sénatrice du bureau politique LR parle du « printemps 2023 » quand l’hypothèse d’un Congrès « avant la fin de l’année » semble tenir la corde pour un poids lourd du groupe LR au Sénat soucieux de ne pas laisser traîner trop longtemps le processus.
« Nous avons besoin d’élire un président, une présidente rapidement »
Mais cette porte ouverte au report n’est pas du goût de tous. « Nous avons besoin d’élire un président, une présidente rapidement », tranche François-Noël Buffet, président LR de la Commission des Lois du Sénat. « Il faut que le parti se restructure, se modifie, sinon on perd trop de temps, et si on ne le fait pas, je crains qu’on ne soit pas vus, et difficilement entendus » complète-t-il. Pour le sénateur du Rhône, seul un « patron » permettrait de mener « le travail de fond » de reconstruction des LR, très affaiblis depuis l’échec historique de Valérie Pécresse à l’élection présidentielle. Mais LR, devenu contre toute attente avec 62 députés, groupe pivot de la majorité présidentielle, doit aussi clarifier son attitude à la chambre basse. Des questionnements que seul un chef pourrait trancher selon François-Noël Buffet qui résume : « On a besoin d’un leader, comme tous les partis politiques. »
« LR va retomber dans une forme d’incertitude »
Le constat est plus alarmant encore du côté d’Alain Joyandet. Pour l’ancien ministre, sénateur LR de Haute-Saône, LR va « retomber dans une forme d’incertitude » sans chef clair à sa tête pendant plusieurs mois. « Je regrette que Laurent Wauquiez n’ait pas été candidat » ajoute-t-il, précisant que son retrait de la course entraîne nécessairement la question de l’avenir des Républicains. « A quoi vont servir les Républicains si ce ne sont plus les LR qui produisent le ou la candidate à l’élection présidentielle ? » Une question existentielle pour la droite qui n’est pour le moment pas loin d’être insoluble.
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