Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Après l’interview de Macron, l’opposition dénonce un “jeu de catch”
Par Public Sénat
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"Mise en scène", "comédie politique", "jeu de catch": l'opposition a déploré lundi la forme de l'interview d'Emmanuel Macron, qui comportait peu d'annonces précises, et ses échanges électriques avec Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin.
A gauche, le premier secrétaire national du Parti socialiste Olivier Faure a dénoncé sur France Inter "le choix d'une mise en scène" du pouvoir présidentiel qui n'a selon lui "pas permis de réparer le dialogue interrompu avec les Français".
"On a eu en une semaine près de 4 heures d’interview, dans un moment où les Français manifestent assez régulièrement leur colère, et on a entendu un président qui en réalité n’a pas réussi ni à rassurer sur ses intentions, ni même à infléchir", a-t-il estimé. "Au fond, on a eu un long dialogue avec des journalistes, mais qui n’a pas permis de réparer le dialogue interrompu avec les Français", a résumé M. Faure.
Boris Vallaud, un des porte-parole du groupe PS, a lui dénoncé un "inutile exercice de pédagogie". "On avait bien compris vos projets Monsieur le Président... n’écouter que vous, la contradiction ne suscitant que votre agacement", a-t-il tweeté.
Du côté des Républicains, Damien Abad, un des vice-présidents du parti, a estimé sur CNews qu'Emmanuel Macron avait "maintenu son cap" mais s'était montré "parfois confus" et avait "manqué de hauteur par rapport à la fonction présidentielle". "Les Français n'attendaient pas qu'il fasse un match de boxe ou un match de catch. On attend d'un président de la République qu'il fixe des orientations", a-t-il poursuivi.
Sur le fond, "ça n'a rien changé et surtout il n'y a eu quasiment aucune annonce, aucune mesure concrète" en deux interviews, jeudi sur TF1 et dimanche sur BFM TV-RMC/Mediapart.
- Un président qui "sait castagner" -
Une des porte-parole des Républicains, Laurence Sailliet, a déploré sur RFI avoir eu "l'impression d'assister à une comédie politique avec toute une mise en scène".
Du côté des Insoumis, le format semble avoir au contraire fait mouche: le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a ainsi salué dès dimanche soir un "incroyable entretien de presse". "On n'écoute plus les réponses, on attend les questions".
Pour le dirigeant du PCF, Pierre Laurent, le chef de l'Etat a été mis "en difficulté" par les questions incisives de deux journalistes.
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a pour sa part admis lundi sur Radio Classique que le format de l'interview, menée par des "journalistes qui sont totalement opposés", n'avait pas pu "donner quelque chose qui soit fluide".
Interrogé sur les motivations du Président, M. Collomb a mis en avant son côté "un peu taquin". "C’est-à-dire qu'il s'est dit +je leur avais promis que je viendrai alors je vais venir. Je les connais, je sais ce qu'ils vont donner, comment ils vont m'interroger mais je vais quand même y aller+".
Il a cependant nié toute dégradation de la fonction présidentielle. "On se trouvait à un niveau élevé de la pensée et de l'analyse et donc c'est ce qui permettait que la fonction présidentielle reprenne de la hauteur", a-t-il affirmé.
"On a vu un président qui savait encaisser, qui savait castagner aussi quand c'était nécessaire. Il a je crois tenu le débat, parce qu’on était effectivement sur quelque chose de viril, de physique", s'est pour sa part réjoui Christophe Castaner, délégué général d'En Marche.