Le plan d'investissement public de 5 milliards d'euros pour la modernisation de l'agriculture promis par le gouvernement sera basé sur le développement agricole et forestier, l'industrie agroalimentaire et la structuration des filières, a indiqué samedi le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert à l'AFP.
"Nous avons trois axes pour ces investissements, l'amont, l'aval et le numérique", a résumé le ministre lors d'un entretien téléphonique avec l'AFP, à la veille de la clôture du 55e salon de l'Agriculture.
Le ministre s'est réjoui de la remise vendredi soir de trois Césars au film "Petit paysan", un "symbole fort" a-t-il dit "au moment où l'agriculture française est en pleine transition".
Pour cette transition, que l'Etat souhaite accompagner, la plus grosse part des 5 milliards d'euros du plan reviendra à "la transformation de l'amont agricole et forestier", a dit le ministre.
Trois milliards d'euros y seront consacrés, dont un milliard affecté à un fonds de garantie en lien avec la Banque Européenne d'Investissement (BEI), annoncé par Emmanuel Macron avant le salon pour favoriser l'installation de jeunes agriculteurs, de plus en plus difficile dans certaines régions où les prix du foncier deviennent trop élevés.
100 millions d'euros seront consacrés à un fonds de prêt pour financer des projets de méthanisation agricole, c'est-à-dire de transformation en énergie d'effluents ou de déchets agricoles.
"Ce secteur est très développé en Allemagne, où il faut entre 12 et 18 mois pour installer des activités de méthanisation, alors que les dossiers trainent parfois jusqu'à sept ans en France", a dit le ministre.
Le deuxième axe des investissements portera sur "l'amélioration de la compétitivité de l'aval agricole", a indiqué M. Travert. Soit 1,4 milliard d'euros fléchés sous forme de "prêt aux industries agroalimentaires", avec la Banque Publique d'Investissement (BPI), dont 100 à 200 millions d'euros sous forme "d'intervention en fonds propres", et "100 millions d'euros de fonds de prêt aux scieries", a-t-il dit.
- Quel plan pour la bio ? -
Le troisième axe vise à "favoriser l'innovation et la structuration des filières agricoles" et prévoit 500 millions d'euros, dont 300 seront consacrés à l'innovation.
Interrogé sur le plan de développement de l'agriculture bio qui devait initialement être annoncé durant le salon, le ministre a réaffirmé l'objectif: parvenir à 15% des surfaces agricoles utiles en bio d'ici 2022, contre 6,5% actuellement.
Il n'a pas donné les raisons précises du retard de l'annonce, tout en laissant entrevoir des difficultés de bouclage des budgets avec les régions.
Le gouvernement doit "continuer de travailler avec les régions" pour présenter "un projet solide et abouti", a-t-il dit.
En septembre, l'Etat avait annoncé la suppression de sa participation à l'aide au maintien des agriculteurs bio, versée par les régions après les trois premières années de "conversion" à la bio, pour les aider à soutenir leur exploitation.
Or devant le boom de la bio, de nombreuses régions, chargées de distribuer les fonds européens de soutien à l'agriculture bio, ont déjà épuisé leur budget.
Autre plan à attendre dans les semaines à venir, celui des objectifs de réduction des produits phytosanitaires.
Le ministre a particulièrement apprécié le salon, au cours duquel se croisent les urbains et les ruraux à Paris.
Dans ce cadre, il voit la reconnaissance du film "Petit Paysan" d'Hubert Charuel, comme le "symbole" d'un rapprochement de la société française avec son agriculture.
"Chacun porte en lui ou en elle une part de ce qu'est la France agricole", a réagi le ministre, et surtout "tout le monde mange en général trois fois par jour, les Français sont attachés à notre agriculture, qui est aussi notre alimentation", a-t-il conclu.