Affaire Griveaux : Quand l’humour supplante l’indignation sur les réseaux sociaux

Affaire Griveaux : Quand l’humour supplante l’indignation sur les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux sont-ils responsables de l’affaire Griveaux ? C’est ce que semblent penser bon nombre de politiques et personnalités qui ont appelé à mettre un terme au « totalitarisme 2.0 ». Mais au-delà de cette formule choc, quel a été le rôle des internautes dans la chute de l’ancien candidat à la mairie de Paris ? Et quelle a été la place de l’humour dans les débats sur la toile ? Hashtag a mené l’enquête.   
Public Sénat

Temps de lecture :

2 min

Publié le

Mis à jour le

Des amplificateurs de polémiques ?

Pour y voir plus clair, Dentsu Consulting a retracé l’historique de cette affaire en une infographie. Les vidéos ont tout d’abord été publiées sur un site internet « classique », mais c’est leur partage sur les réseaux sociaux qui a considérable accéléré leur diffusion. Dans les heures suivant les premiers tweets, les réactions s’emballent : plus de 200 000 messages comportant le #Griveaux ont été publiés sur Twitter.

hashtag-courbe_griveaux.jpg

 

L’humour domine les débats

L’affaire Griveaux a donc bien suscité une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux. Mais s’agit-il véritablement, comme le soutiennent les pourfendeurs du « totalitarisme 2.0 », de publications haineuses ? Pour Véronique Reille-Soult, spécialiste en communication chez Dentsu consulting, les internautes ont surtout réagit avec humour.

L'humour domine les débats - Véronique Reille-Soult
00:58

 

Une affaire politique comme une autre ?

Mais alors, comment expliquer ce pic d’interactions ? En réalité, toutes les affaires politiques ne se valent pas. Certaines comme l’affaire de Rugy, et son désormais célèbre « homard » provoquent, elles aussi, de véritables ouragans médiatiques, tandis que d’autres, telles que l’affaire des Mutuelles de Bretagne, n’entraînent qu’une petite brise de réactions. Véronique Reille-Soult nous explique ces disparités.

Une affaire politique comme une autre ? - Véronique Reille-Soult
00:59

Dans la même thématique

Paris : illustrations of assize court of Paty s trial
5min

Société

Procès de l'assassinat de Samuel Paty : tous les accusés ont été reconnus coupables

Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. Le verdict a été accueilli par des cris et des pleurs de la part de la famille de Naïm Boudaoud, âgé de 22 ans. « Ce soir, c’est la République qui a gagné », s’est félicité Thibault de Montbrial, avocat de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné. La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la « campagne de haine « qui ont fait de Samuel Paty une « cible » : Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle. « J’ai compris que vous avez fait de la politique, pas de la justice », s’est exclamé depuis son box Abdelhakim Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du public, éclatait en sanglots et cris de désespoir. Vincent Brengarth, un des avocats d’Abdelhakim Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, autre avocat du prédicateur, a estimé que son client était désormais « un prisonnier politique ». « Je me désolidarise de ces propos-là », a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du prédicateur. Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un « verdict équilibré ». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que « justice a été rendue pour son père », a-t-il ajouté. Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de « complicité » pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte. Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la « jihadosphère » qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis. Pour deux d’entre eux (Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar) la cour a retenu l’association de malfaiteurs terroriste tandis qu’elle a déclaré coupable Priscilla Mangel de provocation au terrorisme et Yusuf Cinar d’apologie du terrorisme. La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov avaient accompagné Anzorov à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. A l’audience, Boudaoud et Epsirkhanov ont répété qu’Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était « un cadeau » pour son grand-père. Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Boudaoud, le seul sachant conduire, avait accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’avait déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty. « Volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers » Les deux jeunes gens « avaient conscience de la radicalité » d’Anzorov et qu’il « avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers », a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, « il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty ». Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov. La cour n’a cependant pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre. Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostile au professeur dès le 7 octobre. Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas « Collectif Cheikh-Yassine », il avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Anzorov avait vu la vidéo d’Abdelhakim Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty. « La cour a considéré que (MM. Chnina et Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste », a indiqué M. Zientara. (Avec AFP)

Le