Christophe Girard dit qu’il a proposé sa mise en retrait à Anne Hidalgo. Vous indiquez que vous le lui avez demandé. Comment cela s’est-il passé ?
À partir du moment où, à la suite de l’article du New York Times, le parquet de Paris a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire, nous avons échangé avec Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire et Christophe Girard. J’ai dit à Christophe Girard qu’il était nécessaire qu’il se mette en retrait et il a assez vite dit qu’il acceptait.
Sa mise en retrait respecte la parole de la victime et la présomption d’innocence. Cela permet plus de sérénité. Je crois que lui-même l’a compris : c’était l’intérêt de tout le monde y compris le sien. Je l’ai senti à la fois très touché mais aussi très déterminé à se défendre devant la justice.
Que l’on comprenne bien ce que signifie la « mise en retrait » de Christophe Girard. Il n’a pas démissionné, donc il conserve ses indemnités ?
Je ne peux pas vous répondre à cette question. Sa mise en retrait est d’abord symbolique. Pour le reste, on verra à la rentrée. C’est une mise en retrait politique, ce n’est pas un problème d’indemnité. Il n’a pas démissionné donc il reste conseiller de Paris. La prochaine assemblée aura lieu au mois d’octobre. Donc j’espère que l’enquête préliminaire ne sera pas trop longue.
Christophe Girard était déjà accusé de complaisance envers Gabriel Matzneff par certains membres de la majorité, fin juillet. Craignez-vous que ces affaires entachent durablement vos relations avec une partie de la majorité ?
Je ne crois pas du tout à cela. La majorité des élus Verts, à mon avis, ne se retrouvait pas dans la position exprimée par Alice Coffin et Raphaëlle Rémy-Leleu. En tout cas, sur la violence de leur propos à l’encontre d’Anne Hidalgo et de l’Hôtel de Ville. Parce que, finalement, « Pedoland », c’est un exécutif auquel participent des adjoints Verts.
Nous, avec Anne Hidalgo, nous ne prenons pas position sur des questions aussi essentielles sur le fondement de critères politiciens. On l’a fait en fonction des valeurs que nous portons. Les accusations dont fait l’objet Christophe Girard, vraies ou fausses, n’ont rien à voir avec l’affaire Matzneff.
Alice Coffin a déclaré dans Mediapart que cette séquence « réactive ce qu’il s’est passé en 2011 autour de l’affaire DSK. C’est frappant. Cela veut dire qu’en dix ans ils n’ont fait aucun travail, aucune remise en question ». Comment réagissez-vous ?
On va laisser Alice Coffin à ses combats. À l’évidence, nous ne sommes pas en phase. Elle est venue visiblement jouer le rôle de justicier. Nous ne nous laisserons pas impressionner ni détourner de notre tâche par elle. C’est pour cela que nous ne la considérons pas comme membre de la majorité municipale.
La preuve que tout cela est faux : dans l’affaire Matzneff, la police elle-même a estimé, après avoir entendu Christophe Girard, qu’il n’y avait rien à retenir contre lui. Donc il n’y avait aucune raison de le bannir.
C’est lui qui a choisi de démissionner de son poste d’adjoint à la culture. Notre réaction avec Anne Hidalgo a eu lieu dans la journée même. Nous n’avons jamais échangé avec Alice Coffin à ce sujet et nous n’avons jamais pensé le faire.
Alice Coffin n’est pas la seule à avoir une lecture politique de ces affaires. En juillet, au sujet de l’affaire Matzneff, David Belliard a dit qu’il s’agissait d’un « sujet politique ». La question des violences sexuelles est de fait entrée dans la sphère politique…
C’est d’ailleurs pour cela que nous avons demandé à Christophe Girard, à la suite de l’ouverture de l’enquête préliminaire, de se mettre en retrait. Mais cela ne peut pas conduire à rejeter une personne car elle a simplement fréquenté quelqu’un. Au-delà même de la présomption d’innocence. Il faut avoir un minimum de respect pour la vérité des faits.
S'agissant de David Belliard, si c'était un si grave problème moral, j'imagine qu'il n'aurait jamais accepté de devenir adjoint, et donc le collègue de Christophe Girard.