Au Sénat, les révélations autour d’Alexandre Benalla, le collaborateur de l'Elysée qui a commis des violences lors des manifestations du 1er mai, font des remous. « Les portes coupe-feu n’ont pas fonctionné » juge Bruno Retailleau, président des sénateurs Républicains, interrogé par Public Sénat. « C’est absolument stupéfiant. On a un proche collaborateur d’Emmanuel Macron qui se déguise en policier, qui maltraite une jeune femme, qui maltraite et qui frappe un jeune manifestant… Et on apprend qu’il n’en est pas à son premier écart. »
Critiques de tous bords
« Il y a cet article 40 du code de procédure pénale qui veut que tout détenteur d’une autorité publique, et c’est le cas pour le président de la République, dès lors qu’il y a connaissance d’un délit ou d’un crime, en informe la justice » poursuit-il. « Malheureusement, la justice s’est autosaisie, toute seule et l’Elysée n’a pas fait ce travail d‘information. »
Affaire Benalla : "C’est absolument stupéfiant " juge Retailleau
Pour la sénatrice Fabienne Keller, invitée sur LCI, « la transparence doit être totale et la justice doit être faite. »
Mais c’est surtout à gauche que se concentrent les critiques. Interrogée par Public Sénat, la patronne des sénateurs communistes, Eliane Assassi, réclame l’audition par le Sénat des ministres de la Justice et de l’Intérieur. « On nous a visiblement caché des choses graves. J’ai le souvenir de salariés d’Air France, qui ont été traduits en justice parce qu’ils avaient, soi-disant, malmené un dirigeant de leur entreprise. Il y a deux poids deux mesures à l’évidence dans ce pays » a-t-elle expliqué, pointant du doigt, sur Twitter, « une affaire d’Etat. »
De son côté, la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann évoque une « défaillance majeure du président de la République » dans cette affaire. « La République exemplaire qu’il prône est totalement contradictoire avec cette affaire. Comment un conseiller du président de la République peut-il s’infiltrer dans des interventions des forces de police ? » s'interroge-t-elle. « Il fallait qu’on transmette immédiatement à la justice ce qui manifestement peut constituer un délit.»
Affaire Benalla : « Il y a une défaillance majeure du président de la République » critique Lienemann
Rachid Temal, sénateur PS du Val-d’Oise, a réagi au micro de Public Sénat. Selon lui, Emmanuel Macron n’a pas « d’autre choix » que de s’exprimer sur le sujet. « Ce qui est choquant et troublant, c’est qu’un salarié du Président de la République, s’est retrouvé casqué avec un badge de police, le 1er mai et a tapé un manifestant » indique-t-il. Pour le sénateur, l’affaire soulève de nombreuses interrogations. Il estime que l’Elysée a cherché à étouffer ce qu’il s’est passé. « Ça fait maintenant depuis le 1er mai 2018, plus de trois mois, qu’à l’Elysée, les gens sont informés. Depuis trois mois, pas une voix » déplore Rachid Temal. Il qui juge les mesures prises à l’encontre d’Alexandre Benalla, évoquées par le porte-parole de l’Elysée ce matin, ne sont « pas sérieuses ». L’homme a écopé d’une mise à pied de deux semaines.
« Il y a un dysfonctionnement majeur et maintenant il [Emmanuel Macron] doit venir s’exprimer devant la représentation nationale » déclare-t-il, avant de soulever la dissonance dans le discours du gouvernement. La ministre de la Justice atteste qu’Alexandre Benalla n’avait pas d’autorisation, contrairement à ce que dit le porte-parole de l’Elysée. « Là il y a un souci ».
Affaire Benalla : « Il y a un dysfonctionnement majeur » déclare Rachid Temal
Toujours sur Twitter, l’ex-ministre Hélène Conway-Mouret, sénatrice PS des Français hors de France, a fait le parallèle entre le cas d’Alexandre Benalla et celui d’Aquilino Morelle, contraint à démissionner sous la présidence de François Hollande. Quant à Jean-Louis Tourenne, sénateur PS d’Ille-et-Vilaine, il réclame qu’Alexandre Benalla soit jugé « pour usurpation de fonction et violence. »