Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Affaire Benalla : « Épaule », « matelas », « carré tireur », le lexique de la sécurité rapprochée
Par Public Sénat
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« J’ai revu des images hier soir, du salon de l’agriculture. Moi, si j’étais l’épaule droite, François-Xavier Lauch (chef de cabinet du président de la République NDLR), il était l’épaule gauche ». Mais de quoi diable parle Alexandre Benalla devant la commission d’enquête du Sénat le 19 septembre ?
De son rôle auprès d’Emmanuel Macron, mais pour comprendre il faut bien entrer dans le vif du sujet et utiliser des termes techniques.
Qui protège qui ?
Pour commencer, la sécurité du président de la République, à l’intérieur du palais de l’Élysée, est à la charge du commandement militaire.
Pour la sécurité des déplacements du Président de la République c’est le GSPR qui est à la manœuvre - bon celui-là, est facile - Le Groupement de sécurité de la présidence de la République.
Au sein du GSPR, on trouve des policiers du RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) et du SDLP (Service de la Protection).
Mais aussi des gendarmes du GIGN (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale).
Cercle, triangle, carré
Dans le mode opératoire du GSPR, on trouve des « cercles ». Là, ça se complique.
« Le cercle le plus proche du président de la République est constitué de membres du GSPR exclusivement » détaille devant la commission d’enquête, l’ancien patron du GSPR, Michel Besnard, avant d’aller plus loin dans la subtilité : « Le cercle que l’on utilisait à mon époque était constitué d’un « triangle » avec un élément avancé, un élément évacuateur et un élément de contrôle arrière avec une mallette en kevlar à sa disposition pour protéger le Président ».
Vous suivez toujours ? Parce que ça se complique encore. « Lorsqu’on était dans une ambiance de foule ou avec une menace avérée, ce triangle pouvait se compléter d’un carré, qu’on appelait carré tireur »
Michel Besnard fait également état de « cercles plus éloignés » « jusqu’à un kilomètre » constitués de membres de la police nationale ou de gendarmerie, en charge, par exemple de la sécurisation d’une salle ».
On ne compte plus les photos illustrant la proximité physique d’Alexandre Benalla dans les déplacements officiels d’Emmanuel Macron. Était-il son « épaule », son « siège » ou encore un « parasite » ou même un « matelas » ?
Alexandre Benalla l’a affirmé devant la commission : « Je n'ai jamais été le siège, ni l'épaule d'Emmanuel Macron. (...) Sur les meetings, j'étais proche de lui physiquement mais comme un certain nombre de personnes ».
« Épaule » : un terme qui désigne la position la plus proche d’un garde du corps.
« Siège » : c’est la même chose mais dans un véhicule.
« Parasite » : Devant la commission, Michel Besnard a défini ce terme de la manière suivante : « Des gens qui sont des courtisans et qu’on trouve à proximité du président de la République et qui eux constituent une gêne ».
« Matelas » : « Une personne qui est un obstacle vous pouvez en faire un avantage (…) Clairement vous ne pouvez pas éliminer cette personne puisque le président peut en avoir besoin. Sa proximité peut être tout à fait justifiée (…) Tout l’art de la sécurité, c’est de l’utiliser comme un matelas. Un matelas de protection pour le Président » annonce l’ancien patron du GSPR. Les membres du cabinet du président peuvent avoir un rôle de matelas « mais elles n’en sont pas informées » précise-t-il.
Embauché officiellement comme simple chargé de mission de l’Élysée, les sénateurs cherchent à savoir s’il avait également des missions de sécurité rapprochée. En effet, Alexandre Benalla n’a pas caché avoir possédé un port d’arme, une carte professionnelle de sécurité privé.
Une carte délivrée par le CNAPS : Conseil national des activités privées de sécurité
Il a également fait part de sa passion pour le « tir sportif » et détenir un master de sécurité publique. Pour autant, l’ancien chargé de mission se borne à affirmer « n’avoir jamais été le garde du corps d’Emmanuel Macron » ni pendant la campagne présidentielle ni après, ses fonctions étant, selon lui, essentiellement organisationnelles.
Pas convaincus, les sénateurs relèvent aujourd’hui de nombreuses contradictions entourant la réalité du poste d’Alexandre Benalla.