Le chef de file des députés de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon estime que l'affaire Benalla est "du niveau du Watergate" et qu'Emmanuel Macron doit "assumer" ses responsabilités, dans un entretien au Monde publié samedi.
"Le ministre de l’Intérieur est déjà disqualifié. Il a menti et beaucoup ! Plus aucun policier ne peut croire en sa parole. Bien sûr qu’il va démissionner et il ne sera pas le seul", pronostique-t-il.
Cette affaire autour d'un collaborateur chargé de la sécurité du président, licencié après des violences le 1er mai, "est du niveau du Watergate" et "le monde entier est maintenant au courant", déclare le leader des Insoumis.
Il accuse aussi Emmanuel Macron de "s’organise(r) une milice personnelle".
"Si le Premier ministre était venu nous voir pour assumer et dénoncer une situation inadmissible, on serait sans doute passés à autre chose. M. Macron a pensé que l’affaire s’arrêterait toute seule. Il a commis une erreur grave. Personne ne lâchera prise", ajoute M. Mélenchon, qui "lui demande de s’exprimer et d’assumer en respectant le Parlement".
Selon le chef de file des Insoumis, "il pourrait envoyer devant l’Assemblée le ministre de l’Intérieur ou le Premier ministre au lieu de le leur interdire. Le Parlement ne peut pas interpeller le chef de l’Etat, alors il nous reste la motion de censure", assure-t-il. Une procédure pour laquelle M. Mélenchon n'est pas parvenu jusqu'alors à réunir les signatures nécessaires à son dépôt.
"Une crise politique est ouverte. L’Assemblée est paralysée. La hiérarchie de la police aussi, parce que trois mises à pied ont bousculé une règle aussi vieille que la haute fonction publique d’Etat : les fonctionnaires servent et obéissent, mais c’est le politique qui endosse les responsabilités", souligne M. Mélenchon, qui pense que "cette crise va durer".
"Le comportement de la majorité est celui d’un avion sans pilote. On dirait que personne ne veut porter le chapeau. Ils sont tétanisés", juge-t-il encore.
"Ironie de la situation : l’Assemblée étudie un texte constitutionnel, qui va affaiblir davantage le Parlement. Et tout ce que nous dénonçons dans cette réforme constitutionnelle est en train de se vérifier, avant même que cette réforme soit en place", affirme-t-il.
"Vous n’avez pas vu de notre part ni surenchère ni provocations. Nous marchons dans les clous de l’institution parlementaire. Des institutions que nous désapprouvons, mais que nous respectons. Mais si eux les détruisent, ils auront fait le travail à notre place", conclut M. Mélenchon.