Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.
Aéroport NDDL : abandon d’un projet vieux de 50 ans
Par Simon Barbarit avec François Vignal
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« Le Rotterdam aérien de l’Europe »
Dans les années 60, la France se sent poussée des ailes. Les trente glorieuses et l’avènement du Concorde donne des idées à l’exécutif. En 1965, la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale définit les « métropoles d’équilibre » qui pourraient désengorger les aéroports parisiens. Gaulliste de la première heure, Michel Chauty déclare dans Presse-Océan que « la métropole de Nantes Saint-Nazaire pourrait devenir le Rotterdam aérien de l’Europe par la création d’un aéroport international de fret au nord de la Loire ». Maire de Saint-Herblain jusqu’en 1977, il deviendra maire de Nantes de 1983 et 1989, avant que Jean-Marc Ayrault ne lui succède.
« On va être obligés de partir »
En 1972, le site de Notre-Dame-des-landes, à 20 km au nord de Nantes est retenu pour accueillir le futur aéroport. Les enjeux écologiques d’un tel projet sont à l’époque ignorés. Le maire de la commune justifie la décision favorable du conseil municipal par un arrêté du préfet créant une zone d’aménagement différé (ZAD) pour 14 ans. « Les agriculteurs concernés ont quand même 14 ans pour se reconvertir ou revoir leurs positions » appuie-t-il. « On va être obligés de partir » constatent, fatalistes, les habitants de la ZAD dans cette vidéo.
Le projet tombera dans un relatif oubli durant plusieurs décennies. En 1994, le projet d’un troisième aéroport destiné à désengorger Roissy et Orly, est remis au goût du jour. Le nouveau maire socialiste de Nantes, Jean-Marc Ayrault, défend le projet d’un nouvel aéroport dans l’Ouest. Le département de Loire-Atlantique, « a déjà acquis un millier d'hectares sur ce site dans le but d'y accueillir un aéroport. Ce projet, vieux d'une vingtaine d'années, a également reçu le soutien du conseil général d'Ille-et-Vilaine présidé par Pierre Méhaignerie » rappelle-t-il.
L’Ouest « bien trop tributaire du passage par Paris »
Six ans plus tard, le Premier ministre Lionel Jospin et sa ministre de l’Environnement, Dominique Voynet, sont sur la même ligne que le maire de Nantes : « La desserte aérienne des métropoles régionales est bien trop tributaire du passage par Paris » explique la ministre devant l’Assemblée nationale en 2000. Le nouvel aéroport de Notre-Dame-des landes doit voir le jour « à l’horizon 2010 » et « vise un potentiel de 4 millions de passagers dans l’Ouest ». Lionel Jospin indique que « les principaux aéroports régionaux seront développés dans le respect des règles environnementales parce qu’ils constituent un véritable atout d’aménagement du territoire et de développement économique. Donc les capacités du futur aéroport de Notre-Dame-des-landes seront adaptées à sa vocation de plateforme d’échanges entre l’Ouest et les autres pôles notamment européens ».
Les Zadistes s'organisent
Un débat public a lieu entre 2002 et 2003. Le projet est validé par arrêté ministériel. La déclaration d’utilité publique est signée en 2008. Son coût est de 581 millions d’euros pour un aéroport pouvant accueillir neuf millions de passagers. En 2010 le groupe Vinci remporte un contrat de construction et de concession du futur aéroport pour cinquante-cinq ans. Mais les travaux prévus pour 2014, pour une mise en service en 2017, n’ont jamais commencé.
En effet, si les opposants à l’aéroport s’organisent en association dès le début des années 2000, l’occupation de la ZAD prend une autre tournure 10 ans plus tard. Des milliers de manifestants et des personnalités politiques comme José Bové ou François de Rugy ou Cécile Duflot y participent.
Blocage du projet sous le quinquennat Hollande
Juste après son élection, c’est une des premières décisions du nouveau Président François Hollande. Il décide, en mai 2012, un moratoire sur la construction de l’aéroport. Pour le chef de l’État, c’est aussi un sujet politique. Les écologistes, qui font partie de sa majorité, ne veulent pas de Notre-Dame-des-Landes. « C’est une victoire pour les opposants. Les travaux sont suspendus pour arrêter les expulsions de paysans » dit le commentaire. (voir la vidéo)
Novembre 2012. Changement de ton. Le gouvernement veut montrer sa détermination, déjà. Vaste opération d’évacuation lancée en novembre 2012 avec 500 gendarmes qui délogent les militants opposés au projet d’aéroport. Au final, tous les occupants ne sont pas délogés.
En décembre 2014, Manuel Valls affirme, malgré les oppositions, que la construction aura bien lieu après la fin des recours. « Quand un projet est utile il faut savoir le mener tranquillement » affirmait le premier ministre. Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, avait pourtant évoqué une remise à plat du projet. Interrogée après les propos de Manuel Valls, elle ne cache pas sa surprise. Était-elle au courant ? « Non. Je lui laisse l’entière responsabilité de sa déclaration… ». Plusieurs recours contre le projet avaient été déposés par les opposants. « Des recours qui pourraient repousser la reprise des travaux au moins jusqu’en 2017… ». (voir la vidéo). En février 2016, le gouvernement Valls lance une consultation locale. 55,17% des habitants de Loire-Atlantique répondent « Oui » au transfert de l’aéroport de Loire-Atlantique sur le site de Notre-Dame-des-Landes.
Le flou du candidat Macron
Lors de la campagne présidentielle de 2017, le candidat Macron a soufflé le chaud et le froid sur ses intentions. Invité de France 2 en avril dernier, il explique : « Pour être clair, Notre-Dame-des -landes, il y a eu un vote (la consultation locale de juin 2016 ndlr), j’ai dit que mon souhait était de le respecter et donc de le faire. Voilà ». En février de la même année, Emmanuel Macron est l’invité de l’association WWF, il est cette fois-ci bien plus flou. « Je souhaite qu’on regarde en parallèle (….) le projet Nantes Atlantique (…) de réaménagement. Qu'on regarde en terme économique, en terme environnemental, en termes d’empreinte carbone, de capacité à développer… Qu'on regarde une dernière fois les choses en bon ordre ».
Ce sera chose faite après son élection, une mission de médiation est nommée en juin. Deux des trois médiateurs, Michel Badré et Gérard Feldzer, sont considérés comme partiaux par les partisans de l’aéroport, car trop proches, selon eux, de l’actuel ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot. En cas d'abandon, l'alternative serait de choisir des travaux d'aménagement de l'actuel aéroport Nantes-Atlantique, comme l'envisageaient des médiateurs dans leur rapport remis le 13 décembre.
Jeudi 17 janvier 2018, le Premier ministre, Edouard Philippe, annonce l’abandon « définitif » du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Le gouvernement s'engage également à « mettre fin à la zone de non-droit » sur le site.