A Marseille, le Parti socialiste met fin à une semaine de chaos avec une gouvernance inédite
Les délégués du PS ont entériné la victoire du premier secrétaire Olivier Faure et ont adopté un « pacte » négocié avec son concurrent Nicolas Mayer-Rossignol. Ce dernier sera associé en tant que premier secrétaire délégué, aux côtés de Johanna Roland. Au congrès du parti, le soulagement est de mise, même si certaines voix se demandent si l’accord va passer l’épreuve de la réalité.
Par Guillaume Jacquot (Images : Flora Sauvage et Adrien Pain)
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La fumée blanche a fini par sortir du Palais du Pharo, à Marseille, où se déroule le 80e congrès du Parti socialiste. A l’issue d’une nuit de négociations, qui se sont prolongées jusqu’en fin de matinée ce 28 janvier, le parti a trouvé une sortie de crise. L’issue du congrès était incertaine, tant les tensions étaient fortes après les résultats contestés de l’élection du premier secrétaire du 19 janvier, émaillée à certains endroits d’irrégularités. Les deux finalistes du congrès, Olivier Faure, le premier secrétaire sortant, et Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, battu d’une courte tête, revendiquaient la victoire.
Les deux familles sont finalement tombées d’accord sur une « sortie par le haut », à travers un « pacte de gouvernance collective et de rassemblement des socialistes ». Soumis au vote de 186 délégués dans l’amphithéâtre du congrès, le texte a été massivement approuvé. L’accord scellé dans la cité phocéenne proclame Olivier Faure premier secrétaire. Il sera secondé par deux premiers secrétaires délégués : Nicolas Mayer-Rossignol, qui représente la motion Refondations (30,51 % des voix le 12 janvier), et Johanna Rolland, la maire de Nantes, soutien d’Olivier Faure dont la motion a récolé 49,15 % des voix.
Hélène Geoffroy, arrivée troisième lors du vote sur des textes d’orientation (20,34 %), a fait le choix de pas intégrer la direction. La maire de Vaulx-en-Velin porte une stratégie différente de ses deux autres concurrents, puisqu’elle défend une sortie du Parti socialiste de la NUPES. Elle a néanmoins accepté de prendre la présidence du Conseil national, le parlement du PS. A la tribune, l’un de ses lieutenants, l’ancien député des Bouches-du-Rhône, Patrick Mennucci, précise néanmoins que cela ne les empêchera pas d’être « aux côtés » de leurs camarades « sur toutes les batailles » que le PS conduira.
« Travailler de façon collégiale, en recherchant le consensus »
Selon le texte adopté, le premier secrétaire, et ses deux délégués qui l’accompagnent, doivent « travailler de façon collégiale, en recherchant le consensus », et chacun « s’engage dans ses expressions à respecter la ligne politique définie pour préserver la cohérence et la solidarité ». « Ça a pris du temps, on a peu dormi, mais le résultat est là […] Cette histoire qui nous porte, celle dont nous sommes les héritiers, mérite mieux que ces petits combats », a insisté Olivier Faure. Selon ses proches, cette nouvelle organisation n’a cependant pas vocation à « se superposer aux autres ». En cas de désaccord, ce sera toujours au bureau national ou au conseil national de trancher. Le nouveau triumvirat va notamment devoir « travailler à une réforme du mode d’élection au sein du PS », et imaginer des modalités de vote « sécurisées ».
« Demain ne sera pas comme hier. On a besoin de mieux s’écouter. Il y avait besoin de ce vent de changement et aujourd’hui, il se matérialise », a salué à l’issue de l’adoption du « pacte », Nicolas Mayer-Rossignol, satisfait de pouvoir peser. Marseille, qui n’avait pas accueilli de congrès du PS depuis 1937, ne sera donc pas synonyme de scission ou d’implosion. Le maire d’union de la gauche, Benoît Payan, a finalement maintenu sa venue au congrès. « Cette journée était annoncée comme un désastre. Il y a une satisfaction », souffle-t-il. « Tout va changer et peut-être que c’est un nouveau départ. Cela va permettre plus de délibération collective », approuve le sénateur de Paris Rémi Féraud, l’un des soutiens de « NMR ».
Dans les couloirs du palais du Pharo, un soulagement flotte dans l’air. « L’unité retrouvée », s’exclame un militant. « On a prouvé qu’on était capable de faire l’union », se réjouit une militante de la fédération des Bouches-du-Rhône. « C’est le sens du collectif qui est revenu et c’est tant mieux. Il était temps d’arrêter une certaine violence verbale. J’étais écœurée », se confie la sénatrice Hélène Conway-Mouret, soutien d’Olivier Faure. Rennes, Reims : d’autres socialistes en ont vu d’autres, certains parlant même de « tradition ». « J’en ai vu d’autres », raconte le sénateur Claude Raynal.
Dans l’accord, chaque mot a été pesé au trébuchet. Il évoque la « volonté de poursuivre, dans le respect des sensibilités, une stratégie de rassemblement de la gauche, tout en « exprimant la nécessité » que le PS « en redevienne la force centrale et propulsive ». Une synthèse dont le PS a le secret, et dans laquelle les partisans d’Olivier Faure ou de la « troisième voie » de Nicolas Mayer-Rossignol se retrouveront.
« Ce qui est important, c’est la suite »
Mais au-delà des belles photos d’unité ou des applaudissements nourris, l’accord va désormais devoir se confronter à la pratique. « Ce qui est important, c’est la suite, comment l’accord va-t-il être respecté. » Cet élu local de Charente-Maritime, fauriste, préfère rester prudent sur la solidité de cette sortie de crise. « Certains vont vouloir chercher les vices cachés dans le contrat », explique-t-il. « Plein d’espoir » sur une « solution originale et inédite », le patron des sénateurs socialistes Patrick Kanner appelle désormais à « faire vivre » l’accord. « Il faut travailler dans le respect de chacun, en confiance, dans la loyauté ». Parmi les soutiens de Nicolas Mayer-Rossignol, beaucoup demandent par exemple la réintégration des socialistes suspendus pour être partis en dissidence contre les candidats NUPES aux législatives de juin.
Après l’annulation, ce vendredi, de l’élection de la députée Bénédicte Taurine (La France insoumise), la future législative partielle dans la première circonscription de l’Ariège, et donc la question de l’investiture, sera l’un des premiers crash-tests de la nouvelle méthode collégiale. Un proche d’Hélène Geoffroy imagine d’autres « travaux pratiques ». « La bagarre va recommencer avec l’élection des nouveaux secrétaires fédéraux. Il n’y a pas de Yalta », pressent-il.
Casse-têtes à venir ou non, les socialistes espèrent pour le moment tourner la page d’une semaine chaotique et revenir sur les sujets de fond. Beaucoup ont mis l’accent sur le 31 janvier, deuxième journée d’action contre la réforme des retraites. « Je suis certain que nous allons jouer notre rôle dans les assemblées, dans la rue », a encouragé à la tribune David Assouline, l’un des proches de Nicolas Mayer-Rossignol.
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