A Mantes-la-Ville, le FN à petits pas

A Mantes-la-Ville, le FN à petits pas

Seul maire FN d'Ile-de-France, Cyril Nauth se targue de gérer Mantes-la-Ville (Yvelines) en "bon père de famille" depuis 2014. "La ville se...
Public Sénat

Par Céline AGNIEL et Anne LEC'HVIEN

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Seul maire FN d'Ile-de-France, Cyril Nauth se targue de gérer Mantes-la-Ville (Yvelines) en "bon père de famille" depuis 2014. "La ville se meurt", dénonce au contraire l'opposition, alors que des habitants évoquent une "stigmatisation" des citoyens de confession musulmane.

Issue d'une quadrangulaire au second tour, à 61 voix près, son élection en avril 2014 a été un "quasi-miracle", reconnaît ce professeur d'histoire-géo de 36 ans que personne n'attendait dans cette commune populaire de 20.000 âmes à 50 km de Paris, tenue par la gauche depuis plus d'un demi-siècle.

S'il se défend de toute "idéologie", M. Nauth a fait enlever en début de mandat le drapeau européen de la mairie, retiré locaux et subventions à la Ligue des droits de l'Homme (LDH), trop "politisée" à son goût, et fait voter une motion "Commune sans migrants" à sa majorité.

Depuis, il fait peu parler de lui, hormis pour son opposition à un projet de salle de prière musulmane initié par la maire précédente. Bataille perdue devant les tribunaux.

Dans son vaste bureau en cette fin d'année, il se félicite d'avoir "redressé les finances" sans augmenter la fiscalité, et d'avoir "développé la police municipale".

A ce satisfecit, l'opposition a répliqué dans un tract, jugeant ce début de mandat "totalement destructeur pour les services à la population" et "stérile en matière de projets".

Les associations ont perdu 45,8% de subventions depuis 2013, affirme Éric Visintainer (DVD). Le FC Mantois, club de foot de National 2 qui accueille beaucoup de jeunes des quartiers populaires, n'est plus financé par la ville, tout comme une importante association de médiation dans les quartiers.

Le maire a aussi réduit les effectifs communaux de 30%, notamment dans les Centres de vie sociale, souligne l'opposition. La ville "se vide de sa substance", résume Annette Peulvast-Bergeal, ex-maire DVG.

Pour Romain Carbonne, ex-candidat de gauche aux législatives et porte-parole d'un collectif citoyen, le maire a "une gestion comptable".

"Il n'y a plus de politique jeunesse, la politique de l'enfance s'est vraiment détérioriée et pour la politique sociale, c'est le chaos total", se désole Diambéré Dembele, médiateur jeunesse du département.

- "Acharnement" -

Abdelaziz El Jaouhari, président de l'association qui a porté le projet de mosquée, déplore un "acharnement" du maire qui "a englouti des moyens humains et financiers" pour "défendre un positionnement personnel".

A son arrivée, le parti d'extrême droite "a essayé de diviser les Mantevillois" en prenant appui sur les Identitaires, mais "on n'a pas répondu aux provocations, le tissu social a résisté", se félicite-t-il.

Le maire FN de Mantes-la-jolie,  Cyril Nauth, le 31 mars 2014
Le maire FN de Mantes-la-jolie, Cyril Nauth, le 31 mars 2014
AFP/Archives

Aux critiques, M. Nauth répond "intérêt général", et veut démontrer l'attractivité de sa commune par l'augmentation de la population. Pour la mosquée, il estime être au moins "parvenu à démontrer (sa) bonne foi".

La commune ne faisait jusqu'en 2014 "pas partie des communes les plus frontistes", analyse Jérôme Fourquet, directeur du département Opinions à l'Ifop. Il constate cependant une "porosité avec la droite locale", un électorat "très sensible à la question de l'insécurité" notamment, alors que Mantes-la-Ville jouxte "Mantes-la-Jolie, théâtre récurrent de violences urbaines, et Magnanville", où un couple de policiers a été assassiné en 2016 par un jihadiste.

"L'enracinement n'est pas en béton armé", ajoute-t-il, citant le score de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle: 32% (contre 33,9% au niveau national).

Dans les rues, les habitants sont partagés. "Je ne me plains pas" du nouveau maire, dit Ghislaine, une retraitée qui se félicite que les impôts n'aient "pas augmenté".

Avec la baisse des subventions, pour "ceux qui ont moins les moyens, c'est du système D", déplore Kamel. Selon lui, le maire n'a pas été "correct envers la communauté musulmane, qu'il a stigmatisée". Chouaib, un fidèle de 35 ans, dit lui aussi s'être senti "discriminé, visé".

"On l'avait à l'oeil au début mais, finalement, il ne me gêne pas ce monsieur-là", lance Nicole, 70 ans, une électrice de droite qui n'exclut pas de voter pour lui.

"Il va finir son mandat et il va dégager", jure Salim, 36 ans, pour qui le maire n'était en 2014 qu'un "choix par défaut".

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