Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
A la Fête de l’Huma où NTM sera roi, le PCF veut retrouver du punch à gauche
Par Baptiste BECQUART
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Le PCF en difficulté sera-t-il, lors de la Fête de l'Humanité ce week-end à La Courneuve, à la gauche française ce que la tête d'affiche NTM est au rap français: des vieilles gloires au punch toujours actuel ?
C'est du moins l'envie de Pierre Laurent, son secrétaire national, qui voudrait poser le parti en "pivot" de la recomposition à gauche, malgré des chances de rassemblement bien compromises.
Celui qui est en danger de perdre sa place au congrès extraordinaire du PCF, fin novembre, préfère se concentrer sur la météo au beau fixe et les ventes de billets en hausse, "les ingrédients d'une très grande Fête de l'Huma", assure-t-il à l'AFP.
Cette année NTM, Franz Ferdinand, Big Flo et Oli se partagent la tête d'affiche.
Ce rendez-vous, organisé par le journal L'Humanité mais dont la logistique repose en grande partie sur le PCF, "est un point de rencontre, de repères pour tous ceux qui veulent trouver une solution à gauche", se réjouit Pierre Laurent.
Bien que des dizaines de milliers de personnes s'y pressent surtout pour vivre à peu de frais un festival de musique éclectique, la Fête se décline aussi en des centaines de débats où s'expriment les questionnements actuels de la gauche politique et associative.
Dominant les multiples stands, L'Agora présentera des débats sur l'immigration à 20H00 vendredi, ou encore sur la stratégie face à Emmanuel Macron avec les députés François Ruffin (LFI), Valérie Rabault (PS) et Pierre Dharréville (PCF), samedi à 13H00.
Mais malgré la nostalgie de centralité du PCF, il ne faut pas voir dans les présences à un discours de Pierre Laurent, samedi à 14H00, des têtes de pont Eric Coquerel (France insoumise), Olivier Faure (PS), Benoît Hamon (Générations) ou encore David Cormand (EELV), autre chose que le respect d'une tradition de gauche.
- "Des choses qui bougent" -
Car pour la prochaine échéance électorale, les européennes de mai 2019, aucune de ces formations ne veut ou peut, pour l'heure, nouer des alliances.
LFI affiche certes une politique d'"ouverture", mais qui consiste essentiellement à accepter dans sa liste des personnalités ou groupes politiques qui accepteraient le programme insoumis. Les représentants de l'aile gauche du PS Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann sont tentés.
Forte de sa pôle position à gauche en 2017, LFI rejette les accords entre formations, qualifiés de "tripatouillages". Une stratégie qui limite de facto l'ouverture du mouvement.
Et le sujet de l'immigration s'annonce bouillant même si le chef des Insoumis Jean-Luc Mélenchon ne sera pas de la fête, comme l'an dernier. Il s'est attiré les foudres de la gauche après avoir lié l'immigration à la pression sur les salaires tout en réaffirmant le devoir d'hospitalité.
Au PS, aucun des candidats déclarés à la tête de liste ne fait l'unanimité. Les alliances ne sont pas le sujet. Le parti est par exemple plus occupé à se teinter de vert, à l'image d'un Stéphane Le Foll qui veut "concilier écologie et économie", qu'à penser à s'allier avec EELV.
Qui ne le veut d'ailleurs pas: le parti emmené par sa tête de liste Yannick Jadot peut se permettre un cavalier seul pour un scrutin proportionnel à un seul tour qui lui a réussi par le passé. M. Jadot a rejeté l'appel à discussions de Benoît Hamon, qu'un cadre d'EELV qualifie de "main tendue de celui qui se noie" - Générations obtient 3% des intentions de vote selon un sondage Ifop du 5 septembre.
Comme lui, le PCF va peut-être voir un intérêt à l'addition des forces, car la liste conduite par l'adjoint au Logement d'Anne Hidalgo, Ian Brossat, est ,elle, créditée de 2%.
Pierre Laurent a beau se désespérer que "certains traitent (le PCF) comme s'(il) était disparu", il veut croire que tout rapprochement n'est pas perdu: "On n'a pas envie de figer les désaccords. Et il y a des choses qui bougent, par exemple avec cette motion de censure (contre le gouvernement après l'affaire Benalla cet été, ndlr): qui aurait pensé que les groupes PCF, LFI et PS la signent en commun?"