A J-3 des Européennes, Macron réunit le premier “Conseil de défense écologique”

A J-3 des Européennes, Macron réunit le premier “Conseil de défense écologique”

"Sur l'écologie, le temps n'est plus à la parole", a déclaré Emmanuel Macron en ouvrant jeudi le premier Conseil de défense écologique (CDE),...
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Par Laurence BENHAMOU, Jérôme RIVET

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"Sur l'écologie, le temps n'est plus à la parole", a déclaré Emmanuel Macron en ouvrant jeudi le premier Conseil de défense écologique (CDE), dénoncé par une partie de l'opposition comme une tentative d'attirer les électeurs à trois jours des élections européennes.

D'autant que les derniers sondages donnent la liste de la majorité présidentielle derrière celle du Rassemblement national avec un écart de 0,5 à deux points.

Des annonces sont attendues sur le climat et la biodiversité à l'issue de cette réunion qui rassemble autour du président le Premier ministre et douze ministres (Transition écologique, Transports, Santé, Economie, Territoires...) à l'Elysée.

Sur les dossiers environnementaux, "nous avons besoin que la totalité des ministères soient mobilisés", a souligné Emmanuel Macron, qui avait annoncé la création du CDE le 25 avril dans le cadre des mesures post-Grand débat.

Pour lui, est venu le temps des "décisions très concrètes" après celui de "la description de ce qu'on devait faire" et celui "où on prenait des lois (...) pour après. C'était facile". "Depuis deux ans, nous sommes dans le moment où nous devons prendre des décisions pour aujourd'hui", a-t-il ajouté, en indiquant que le CDE se réunira de nouveau "au plus tard dans la première quinzaine de juillet".

En fin de matinée, Edouard Philippe et le ministre de la Transition écologique François de Rugy donneront une conférence de presse sur les mesures décidées. Notamment à propos du projet contesté de Montagne d'or, mine d'or à ciel ouvert envisagée en Guyane, qu'Emmanuel Macron a jugé début mai "pas compatible" avec des ambitions écologiques.

- Vers une réforme du Code minier -

Le président Emmanuel Macron (D), le ministre de la Transition écologique François de Rugy (G) et le Premier ministre Edouard Philippe lors du premier Conseil de défense écologique (CDE) réuni à l'Elysée le 23 mai 2019
Le président Emmanuel Macron (D), le ministre de la Transition écologique François de Rugy (G) et le Premier ministre Edouard Philippe lors du premier Conseil de défense écologique (CDE) réuni à l'Elysée le 23 mai 2019
POOL/AFP

Le CDE devrait annoncer une prochaine réforme du Code minier imposant désormais des contraintes environnementales aux projets miniers tels que Montagne d'or. "Ce sera alors au porteur du projet de dire s'il souhaite maintenir son projet ou pas", explique la présidence.

Le gouvernement va trancher "sur la compatibilité de ce projet au code minier existant et à ce que voulons faire s'agissant de la biodiversité", a confirmé Edouard Philippe jeudi matin sur Cnews.

Il a indiqué que le CDE réfléchirait par ailleurs plus généralement "sur des questions relatives au financement".

Une série d'autres sujets seront sur la table, comme le renforcement des aires naturelles protégées, piste évoquée par le chef de l'Etat après sa rencontre avec les experts biodiversité de l'ONU début mai.

Le Conseil pourrait aussi proposer de freiner l'artificialisation des sols, pour enrayer la diminution des terres agricoles au profit de lotissements, fixer de nouveaux objectifs de recyclage du plastique ou préciser la future loi sur l'économie circulaire, attendue début juillet en conseil des ministres.

Se disant "assez effaré, dans notre consommation quotidienne, par cette espèce de généralisation du plastique sans que personne ne s'interroge sur ce qu'il devient ensuite", Edouard Philippe a plaidé pour que la France soit "en mesure de limiter l'usage, de faciliter le recyclage, de permettre la mise en consigne du plastique" .

Le Conseil pourrait également proposer un plan pour accélérer la rénovation thermique des logements via de nouvelles incitations, afin de compléter des dispositifs encore peu utilisés.

Yannick Jadot,  tête de liste EELV,, le 21 mai 2019 à Paris
Yannick Jadot, tête de liste EELV,, le 21 mai 2019 à Paris
AFP

Emmanuel Macron est régulièrement accusé par ses détracteurs de tenir de grands discours sur l'écologie, ponctués de slogans comme son "Make our planet great again", mais sans qu'ils soient suivis d'effets.

LREM a placé la transition écologique parmi les priorités de son programme pour les Européennes qu'elle aborde avec quelques "prises de guerre" arrachées au camp écologiste, comme Pascal Canfin et Pascal Durand.

Mais les écologistes accusent le chef de l'Etat de jouer l'opportunisme politique en "verdissant" la liste de la majorité et en lançant ce nouveau conseil trois jours avant les élections.

"Le président Macron a décidé ces dernières semaines de devenir écolo", a fustigé Yannick Jadot, tête de liste EELV, accusant le chef de l'Etat de vouloir "ratisser les voix" de sa formation, mercredi soir sur France 2.

Avant les derniers meetings programmés vendredi soir, un ultime débat télévisé réunira jeudi à partir de 20h45 sur BFMTV onze têtes de liste qui débattront autour de trois thèmes, la vie quotidienne des Européens, la souveraineté et la place de l'Europe dans le monde.

Selon un sondage Ipsos publié jeudi, le RN et LREM sont en hausse, respectivement à 24% et 23,5%.

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