Du 27 janvier, début officiel de la collecte des formulaires de parrainage, jusqu’au 3 mars, le Conseil constitutionnel a réceptionné très exactement 291 parrainages de sénateurs, soit 83,6 % des sénateurs. C’est nettement plus qu’en 2017, où l’on relevait 254 parrainages (73,0 %). Cette année, le mouvement de parrainages a toutefois été plus important à l’Assemblée nationale qu’au Sénat : 90,6 % des députés ont rempli un formulaire de parrainage (71,4 % en 2017).
Avant d’entrer dans le détail des parrainages dans chaque groupe, il faut rappeler que soutien ne vaut pas nécessairement soutien. Cette précision est importante, dans le contexte où certains candidats ont dû attendre le mois de mars pour obtenir leurs 500 parrainages. Ce phénomène a donné lieu à quelques parrainages insolites, et n’avait pas été observé il y a cinq ans au Sénat.
Des sénateurs ont pris part à la « banque des parrainages », l’initiative lancée par François Bayrou pour réserver des parrainages aux candidats qui en manquaient. C’est par exemple le cas du sénateur LR Olivier Paccaud qui a accordé sa signature à Philippe Pouteau (Nouveau Parti anticapitaliste). « La démocratie, c’est non seulement d’avoir le droit citoyen mais aussi d’avoir le choix ! » a indiqué le sénateur de l’Oise à nos confrères de l’Observateur de Beauvais. Même logique pour le centriste Alain Cazabonne (MoDem), qui s’en est expliqué sur Twitter. « J’ai souhaité répondre favorablement à l’initiative de François Bayrou en donnant mon parrainage à Marine Le Pen. Cette décision est lourde pour moi mais elle est nécessaire pour sauver la démocratie. » Toujours dans le groupe Union centriste, on note que le sénateur Vincent Capo-Canellas a choisi d’apporter une signature au compteur de Jean-Luc Mélenchon.
145 parrainages pour Valérie Pécresse au Sénat
Au sein du groupe LR, six sénateurs ont parrainé Éric Zemmour (Etienne Blanc, Sylvie Goy-Chavent, Alain Houpert, Sébastien Meurant, Laurence Muller-Bronn et Philippe Pemezec) entre le 24 février et le 3 mars. Ils avaient annoncé leur intention d’aider ce candidat qui était alors dans l’incapacité de se présenter, en contestant tout soutien du candidat d’extrême droite à travers ce geste. Mais preuve que LR est tiraillé entre plusieurs lignes, l’un des six s’est prononcé pour une « union des droites ». Valérie Pécresse reste tout de même la plus soutenue dans le groupe, et de loin. Elle a été parrainée par 84,2 % du groupe LR (123 signatures). Deux sénateurs, Édouard Courtial et Philippe Dominati (apparenté au groupe), ont choisi de parrainer Gaspard Koenig. Avec moins de 100 signatures au niveau national, l’essayiste libéral et ancienne plume de Christine Lagarde à Bercy, n’est pas parvenu à convaincre d’avantage d’élus de l’intérêt de sa candidature. Enfin, le groupe LR compte une signature pour Emmanuel Macron, celle de Jean-Pierre Grand. Le sénateur de l’Hérault avait claqué la porte du parti en 2019, avant d’annoncer un soutien « sans ambiguïté » en octobre 2021 au chef de l’État.
Le groupe Union centriste, qui forme avec Les Républicains la majorité sénatoriale, est beaucoup moins homogène dans la répartition de ses parrainages, son cœur balance entre deux candidats comme nous le révélions déjà le 21 février. Au moment des opérations de parrainage en 2017, le groupe était traversé par la même hétérogénéité. Comme d’autres groupes présents sur l’espace du centre de l’hémicycle au Sénat (comme le RDSE ou Les Indépendants), il est l’un de ceux où les membres ont le moins parrainé (38,6 %). Une majorité s’est portée sur Valérie Pécresse (35,0 %). 21 % ont inscrit le nom d’Emmanuel Macron. Parmi eux, le sénateur Jean-Marie Vanlerenberghe (MoDem), la rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale Élisabeth Doineau, le sénateur du Cantal Bernard Delcros, encore Arnaud de Belenet, un ancien du groupe LREM. À noter que le sénateur du Tarn, Philippe Folliot, a parrainé Jean Lassalle : il est le seul au Sénat à avoir apporté sa signature au député berger des Pyrénées-Atlantiques.
Au sein du groupe Les Indépendants – République et territoires, qui regroupe notamment des sénateurs proches d’Agir (« la droite constructive ») ou d’Horizons, là aussi moins de parrainages que dans les grands groupes, 7 sur 13, deux pour Valérie Pécresse et cinq pour Emmanuel Macron. Le président Claude Malhuret est l’un des parrains de l’actuel président de la République.
Tous groupes confondus, Valérie Pécresse est de loin la plus parrainée au Sénat : 41,7 % de l’hémicycle a transmis un formulaire au Conseil constitutionnel en sa faveur.
Formation hétéroclite, composé principalement de radicaux, le Rassemblement démocratique, social et européen (RDSE) est également un groupe où ses membres ont peu parrainé (6 sur 14). Pour cinq d’entre eux, c’est le nom d’Emmanuel Macron qui figure sur les formulaires. Le président Jean-Claude Requier ou encore Nathalie Delattre en font partie. Anne Hidalgo y recueille une signature (celle de Jean-Pierre Corbisez), de même que Fabien Roussel, parrainé par Henri Cabanel, ancien du groupe PS très investi sur les questions agricoles. Sans surprise, Emmanuel Macron recueille l’essentiel des signatures sénatoriales au sein du groupe LREM-RDPI (Rassemblement des démocrates progressistes et indépendants), avec 22 parrainages sur ses 24 membres.
À gauche, les différents candidats font aussi le plein dans leurs groupes respectifs, très mobilisés dans les opérations de parrainage. Anne Hidalgo peut compter sur les noms de 60 des 64 membres du groupe socialiste, écologiste et républicain. Fabien Roussel recueille 13 signatures chez les 15 membres du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE). Marie-Noëlle Lienemann, qui est rattachée au groupe, a choisi de donner son parrainage à Jean-Luc Mélenchon. Quant au groupe écologiste, on y compte 10 sur 12 parrainages en faveur de Yannick Jadot. La sénatrice Raymonde Poncet a parrainé pour sa part Philippe Poutou.
Esther Benbassa, qui siège parmi les trois non-inscrits du Sénat après son exclusion du groupe écologiste, a choisi d’accorder son parrainage à Hélène Thouy, la candidate du Parti animaliste. Et pour finir, le sénateur (ex-RN) Stéphane Ravier, qui a rejoint Éric Zemmour, a parrainé Marine Le Pen « pour solde de tout compte ».