Positif. Le résultat du test covid réalisé par le Premier ministre donne une réalité à la 5e vague épidémique que connaît l’hexagone. « Ça doit nous rappeler que l’épidémie est toujours là », appuie le socialiste, Bernard Jomier. La présidente de la commission des Affaires sociales, Catherine Deroche (LR), elle, pique : « Ça montre qu’il ne faut pas se relâcher au niveau des gestes barrières ».
Si Jean Castex a contracté le virus au contact de sa fille âgée de 11 ans (non éligible à la vaccination), une vidéo diffusée il y a une semaine le montre en marge du congrès des maires, serrant des mains, sans masque. Loin du respect des gestes barrières. L’état de santé du chef du gouvernement reste rassurant, il serait seulement atteint de légers symptômes.
Cette contamination symbolique advient alors que l’épidémie repart à la hausse. Selon Santé publique France, cette hausse est perceptible partout en France. Le taux d’incidence décolle, dépassant les 250 cas hebdomadaires pour 100 000 habitants dans cinq départements métropolitains. Il y a un an, ce seuil de 250 cas pour 100 000 habitants justifiait la fermeture des bars et l’instauration du couvre-feu.
6 000 classes sont actuellement fermées en France
Le nombre de cas quotidien (calculé en moyenne sur 7 jours) a doublé en dix jours, passant de 9 500 le 13 novembre à 19 000, mardi. « Aujourd’hui, on va annoncer 30 000 cas sur 24 heures », indiquait Olivier Véran à l’Assemblée nationale.
Autre signe de cette flambée épidémique : 6 000 classes sont actuellement fermées en France, contre un peu plus de 4 000 vendredi dernier, a indiqué le ministre de l’Education nationale.
« Il s’agit maintenant de savoir si ces contaminations s’accompagnent ou non de formes sévères », souligne Bernard Jomier, médecin de formation et président de la mission d’information chargée d’évaluer les effets des mesures sanitaires. Comme nous le rappelle le cas du Premier ministre, la vaccination n’empêche pas de contracter le virus, mais garde pour effet de diminuer fortement le risque de développer des formes graves de la maladie. Une donnée essentielle pour préserver les capacités hospitalières éprouvées par les précédentes vagues épidémiques.
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Vers une accélération du rappel vaccinal
La nouvelle vague de contaminations se fait ressentir partout en Europe. De nouvelles restrictions sanitaires ont été mises en œuvre chez plusieurs de nos voisins. En Belgique, le télétravail a été rendu obligatoire, aux Pays-Bas un couvre-feu a été instauré et l’Autriche a entamé un nouveau confinement. Si la situation épidémique est différente d’un pays à l’autre, la France ne devrait pas tarder à prendre, elle aussi, de nouvelles mesures sanitaires.
Un conseil de défense sanitaire a lieu mercredi. Le gouvernement devrait ensuite préciser les nouvelles mesures concernant le rappel de vaccin. La Haute autorité de santé (HAS) recommandait vendredi d’injecter la dose de rappel (le plus souvent une troisième dose) dès 40 ans, six mois après la vaccination complète. Le gouvernement devrait déterminer à partir de quand ce rappel sera nécessaire pour prolonger la validité du passe sanitaire.
Il est déjà acté que les plus de 65 ans, les personnes à risques de formes graves ainsi que les soignants devront effectuer une troisième dose pour conserver leur passe sanitaire. Une mesure qui entrera en principe en vigueur le 15 décembre.
« Le système immunitaire est plus fragile quand on prend de l’âge […] Si on considère qu’au bout d’un moment, la protection conférée par le vaccin est moins importante, il est logique de restreindre l’accès au passe sanitaire », justifiait le ministre de la Santé au Sénat. Le Conseil scientifique presse pour que cette mesure prenne effet plus tôt qu’annoncé et recommande qu’elle soit étendue aux 50-64 ans.
D’autres recommandations ont été formulées par le Conseil scientifique qui préconise de réintroduire le port du masque dans certains lieux et de renforcer le télétravail.
Bernard Jomier pointe également la politique envers les enfants de moins de 12 ans, non éligibles à la vaccination : « Sur les enfants, la politique a été extrêmement laxiste ». Le sénateur PS de Paris rappelle les préconisations du Conseil scientifique concernant les tests itératifs (ou tests salivaires) en milieu scolaire. L’instance sanitaire recommandait en effet une campagne de dépistage – à raison de deux tests par semaine – afin de maintenir les écoles ouvertes et de contrôler la propagation de l’épidémie (lire notre article).
Gratuité des tests : « Une arme à double tranchant »
Face à la flambée de l’épidémie, certains responsables politiques se sont prononcés pour le retour de la gratuité des tests PCR et antigéniques, à l’instar de Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou Michel Barnier. « Il faut rétablir immédiatement la gratuité des tests, car si vous ne remettez pas les tests, vous ne pouvez pas détecter qui est malade ou pas », arguait également la députée LFI, Mathilde Panot, ce mardi dans la matinale de Public Sénat.
« C’est une arme à double tranchant », juge quant à lui René-Paul Savary, sénateur LR et médecin de formation. Le retour de la gratuité des tests pourrait encourager les personnes qui ne sont pas vaccinées à y renoncer définitivement. « Le test est gratuit pour les personnes vaccinées et pour celles qui se font prescrire un test chez un médecin », indique aussi Bernard Jomier qui rappelle que 8,3 millions de personnes éligibles à la vaccination ne le sont toujours pas. Pas question donc d’envoyer un signal de relâchement de ce côté-là. Bernard Jomier insiste : « Les grands leviers restent la vaccination, le port du masque en milieu clos et le dépistage des enfants ».