1er mai: Marine Le Pen avec ses alliés UE à Nice, les européennes en vue
Le Front national ne fête pas le 1er mai à Paris comme de coutume mais à Nice avec ses alliés européens pour défendre "l'identité" et "la...
Par Anne RENAUT
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Le Front national ne fête pas le 1er mai à Paris comme de coutume mais à Nice avec ses alliés européens pour défendre "l'identité" et "la souveraineté des nations", à un an des élections européennes qui pourraient confirmer la progression de ces partis nationaux-populistes.
Invité à ce rassemblement, le chef de la Ligue italienne Matteo Salvini, victorieux dans son pays aux dernières législatives, pourrait cependant être retenu chez lui par des tractations gouvernementales.
Cette absence serait un revers symbolique pour la présidente du FN Marine Le Pen, engagée dans une nouvelle stratégie d'alliances, mais qui peine à concrétiser en France un rapprochement avec d'autres formations ou personnalités en vue du scrutin européen de 2019.
Avant cette réunion organisée par le Mouvement Europe des nations et des libertés (MENL), Marine Le Pen déposera le matin une gerbe devant une statue de Jeanne d'Arc à Cannes (Alpes-Maritimes).
Le cofondateur du Front National Jean-Marie Le Pen fête le 1er mai 2016 à Paris devant la statue équestre de Jeanne d'Arc
AFP/Archives
Son père et cofondateur du FN -dont il a été exclu- Jean-Marie Le Pen fêtera, lui, comme à son habitude le 1er mai à Paris devant la statue équestre de Jeanne d'Arc. C'est la quatrième année que père et fille fêtent le 1er mai séparément.
- Recomposition au Parlement européen -
Outre la présidente du FN et le chef de la Ligue, sont annoncés à Nice le secrétaire général du FPÖ autrichien, Harald Vilimsky, le chef du Parti pour la liberté néerlandais (PVV) Geert Wilders et l'ancien dirigeant du Vlaams Belang belge et actuel président du MENL, Gerolf Annemans, ainsi que les dirigeants du KNP (Pologne), SPD (République tchèque), Volya (Bulgarie) et Nea Dexia (Grèce).
Il s'agit de rassembler ceux qui sont déjà dans le groupe ENL (Europe des nations et des libertés) au Parlement européen et ceux susceptibles d'obtenir des élus l'an prochain, a expliqué à l'AFP l'eurodéputé Nicolas Bay, grand artisan de cette manifestation, qui co-préside le groupe ENL.
La réunion sera l'occasion de célébrer les récentes victoires électorales en Autriche du FPÖ, en Italie de la Ligue, en Allemagne de l'AfD, voire en Hongrie du parti national-conservateur Fidesz de Viktor Orban, certes membre du PPE (droite) au Parlement européen mais que Marine Le Pen a été une des premières à féliciter.
La montée de la droite nationaliste en Europe
AFP/Archives
Après ces victoires, "notre groupe ENL connaît un véritable changement de dimension", selon Nicolas Bay.
L'ENL mise aussi sur une recomposition des groupes au Parlement européen avec le départ prévu en 2019 des eurodéputés britanniques, notamment du parti pro-Brexit et europhobe Ukip, qui appartiennent au groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe (EFDD, souverainiste).
M. Bay entend travailler avec certains élus des groupes EFDD ou ECR (Conservateurs et réformistes européens).
- Dialectique anti-immigration -
Ces partis eurosceptiques ne manqueront pas de dénoncer une Union européenne "à bout de souffle, anti-démocratique et punitive, symbolisée par la Commission qui veut imposer ses vues contre les peuples", résume M. Bay, qui préfère une "Union des nations européennes basée sur les libres coopérations entre États".
Mais pour le chercheur au CNRS Patrick Moreau, la priorité de ces partis n'est plus "la problématique européenne, qui ne permet pas de gagner des électeurs". "Ils se concentrent désormais sur la dialectique anti-immigration, autour de laquelle on peut articuler tous les discours, sur le capitalisme, l'islam, la sécurité".
Le FN a d'ailleurs relégué au second plan une éventuelle sortie de l'euro, qui l'avait divisé à la présidentielle. Et le FPÖ, depuis son entrée au gouvernement, "a arrêté son offensive anti-européenne", préférant critiquer l'immigration, de concert avec le chancelier conservateur Sébastien Kurz, rappelle M. Moreau.
Le maire de Nice Christian Estrosi à Paris le 21 juillet 2017
AFP/Archives
Cette réunion a suscité la colère du maire LR de Nice, Christian Estrosi, qui a publié une tribune signée par 370 personnalités liées à la cité azuréenne pour dénoncer un "rassemblement de haine et d'exclusion".
Des organisations de gauche organisent de leur côté, à l'issue du défilé syndical traditionnel, un "meeting concert" contre ce rassemblement d'extrême droite pour défendre les "valeurs républicaines et démocratiques, d'égalité, de paix et de solidarité".
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.