Borys Filatov, maire de la ville de Dnipro, était l’un des élus ukrainiens invités ce mardi à prendre la parole au Congrès des maires organisé par l’AMF. Mille jours après l’invasion russe de l’Ukraine, il témoigne sur Public Sénat d’un conflit toujours aussi difficile à supporter pour la population de son pays.
Une délégation de cinq sénateurs se rendra à Taïwan la semaine prochaine
Par Romain David
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Un peu plus de deux semaines après le voyage d’Emmanuel Macron en Chine, et les propos polémiques du chef de l’Etat sur Taïwan, un groupe de cinq sénateurs effectuera un déplacement sur l’île du 23 au 29 avril. Ce voyage s’inscrit dans le cadre du groupe d’échanges et d’études Sénat-Taïwan. « L’objectif est de se concerter avec nos partenaires parlementaires et de parler des évolutions de législation chez eux, de dialoguer avec le gouvernement sur leur situation de sécurité et puis d’évoquer les échanges économiques », a expliqué le sénateur RDPI-Renaissance Alain Richard ce mercredi matin, au micro de Public Sénat. « Taïwan – ils le font parfois remarquer malicieusement – pourrait siéger au G20 puisqu’ils sont la 20e économie mondiale. Nous avons beaucoup de relations, notamment sur le champ des technologies électroniques. »
L’élu sera donc accompagné d’un petit groupe transpartisan, constitué des sénatrices LR Valérie Boyer et Alexandra Borchio-Fontimp, de la centriste Brigitte Devésa et du socialiste Rachid Temal. Officiellement, il n’existe pas de relations diplomatiques entre la France et Taïwan. Paris, d’ailleurs, ne reconnait pas l’indépendance de l’île, une position qui remonte à Charles de Gaulle et la politique de rapprochement avec la République populaire de Chine entamée au milieu des années 1960. Pour autant, les échanges officieux avec Taipei sont réguliers. « Taiwan invite généralement les élus à titre personnel, parfois par petits groupes », glisse un collaborateur parlementaire. Ce déplacement s’inscrit également dans la foulée de celui effectué, cette semaine, par le groupe d’amitié France-Taïwan à l’Assemblée nationale, également emmené par un macroniste, le député des Côtes-d’Armor Éric Bothorel.
Le dernier déplacement de sénateurs à Taïwan remonte à septembre, officiellement pour participer à l’ouverture d’un lycée français. Les élus se sont également rendus à la Chambre de commerce, pour évoquer les échanges économiques avec la France. Les allers-retours de la diplomatie parlementaire ces dernières années ont pu nourrir l’agacement de Pékin, qui revendique sa souveraineté sur Taïwan. En 2021, dans une série de tweets, l’ambassade de Chine en France avait rappelé s’opposer à « toute forme de contact officiel entre les pays ayant des relations diplomatiques avec la Chine et les autorités taïwanaises ».
Les propos du chef de l’État
Début avril, Emmanuel Macron a été vivement critiqué pour avoir laissé entendre que la France préférait opter pour la neutralité vis-à-vis du sort de l’île. « Le piège pour l’Europe serait qu’au moment où elle parvient à une clarification de sa position stratégique, elle soit prise dans un dérèglement du monde et des crises qui ne seraient pas les nôtres », a déclaré le chef de l’Etat dans un entretien accordé aux Echos, à France Inter et au site Politico. « Avons-nous intérêt à une accélération sur le sujet de Taïwan ? Non. La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes sur ce sujet et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise. » La France est pour le « statu quo » et la recherche d’un « règlement pacifique », a-t-il cru bon de préciser quelques jours plus tard, en marge d’un déplacement aux Pays-Bas, alors que sa précédente déclaration a été dénoncée par certains commentateurs comme une forme d’attentisme face à l’impérialisme américain et au totalitarisme chinois.
« Ce qui m’a paru ennuyeux, c’est qu’il parle de ‘crises qui ne sont pas les nôtres’ », concède le sénateur Alain Richard pour qui le chef de l’Etat a « trop résumé sa pensée ». « Dire que la situation et la tension sur Taïwan n’est pas notre problème, ce n’est pas ce qu’il pense, c’est pour cela qu’il y a eu besoin d’une rectification ».
La Chine a opéré d’importantes manœuvres militaires autour de l’île pendant trois jours, a annoncé le 10 avril le ministère de la Défense taïwanais, une réponse à la visite éclair de la présidente de Taïwan aux Etats-Unis, qui a été l’occasion d’une rencontre avec le président de la Chambre américaine des représentants, Kevin McCarthy.