Borys Filatov, maire de la ville de Dnipro, était l’un des élus ukrainiens invités ce mardi à prendre la parole au Congrès des maires organisé par l’AMF. Mille jours après l’invasion russe de l’Ukraine, il témoigne sur Public Sénat d’un conflit toujours aussi difficile à supporter pour la population de son pays.
Ukraine : « La Russie occupe encore près de 20% du territoire », rappelle la diplomate Sylvie Bermann
Par Romain David
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Une longue attente. La contre-offensive ukrainienne dans les territoires encore occupés par les Russes agite commentateurs et analystes militaires depuis des semaines, sans certitudes quant à la date de lancement de cette opération. Mais les atermoiements de Kiev sont aussi une manière de maintenir sous pression Moscou, qui continue de miser sur la terreur et l’intimidation : dans la nuit de jeudi à vendredi, un nouveau bombardement russe a frappé Kiev, rapporte l’administration civile et militaire de la ville. L’état-major ukrainien a fait état de 55 attaques aériennes, toute interceptées. Pour autant, l’état réel des forces russes reste difficile à estimer.
« Il est très difficile de dire si la Russie est en difficulté. Il y a une déstabilisation parce que la Russie a connu des revers sur le terrain mais elle occupe encore près de 20% du territoire ukrainien », rappelle au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, Sylvie Bermann, ancienne ambassadrice de France en Chine, au Royaume-Uni et en Russie. « Les Russes sont actuellement en défensif et se préparent à la contre-offensive ukrainienne. On verra à cette occasion l’état de leurs forces », note cette spécialiste des relations internationales.
La Russie, encore capable de reprendre la main sur le terrain ?
« Pour la Russie, cette guerre est perdue d’une certaine manière sur le plan géopolitique ; l’armée apparait affaiblie, et le pays s’est coupée du monde occidental. Mais il ne faut pas se faire d’illusions. Lorsque l’on dit qu’elle est isolée, elle ne l’est pas totalement », pointe notre invitée qui rappelle les liens entre Moscou et Pékin, les deux puissances ayant, à travers les Etats-Unis, « un ennemi commun ». Sylvie Bermann attire également l’attention sur la défiance des pays dits du « sud global » à l’égard des Occidentaux. « Il appartient aussi aux Européens d’avoir une politique plus subtile. Il faut arrêter de penser en termes de lutte de l’empire du bien contre celui du mal ».
« L’économie russe est moins affectée que ne l’avait imaginé les Occidentaux en éditant des sanctions, mais elle n’est pas non plus au mieux de sa forme », pointe encore l’ex-ambassadrice. « L’Ukraine, quant à elle, a gagné pour avoir résisté. Mais sur le plan territorial et le résultat final, on n’en sait rien. »
L’issue de la contre-offensive pourrait potentiellement ouvrir la voie à une résolution du conflit. « On est obligé de passer par la phase militaire, car tout dans la vie est rapport de force, mais à l’arrivée cela se termine toujours autour d’une table de négociations », conclut Sylvie Bermann.
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