NATO Summit

Sommet de l’Otan : « Ce qui est décidé c’est le renforcement de l’aide à l’Ukraine pour son espace aérien »

Le sommet de l’Otan s’est ouvert lundi 8 juillet à Washington et se déroulera jusqu’au jeudi 11 juillet. Un rendez-vous décisif pour l’Ukraine qui cherche à pérenniser l’aide occidentale. Pour les 75 ans de l’Otan, les alliés, qui n’ont jamais été aussi nombreux, tenteront également de structurer leur politique industrielle de défense.
Henri Clavier

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« L’Ukraine peut et va stopper Poutine », a déclaré hier le président des Etats-Unis, Joe Biden, affichant sa confiance dans les capacités de l’alliance atlantique. En difficulté dans les sondages et face à son adversaire républicain pour la présidentielle de novembre, Joe Biden tente de rassurer, alors même que ses alliés européens apparaissent particulièrement divisés. « Il est temps de sortir de l’ombre, de prendre de fortes décisions, de travailler, d’agir et de ne pas attendre novembre ou n’importe quel autre mois », insiste le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, soucieux de fixer durablement le principe du soutien de l’Otan à l’Ukraine. Après son offensive du printemps, la Russie a récemment intensifié ses frappes de missiles contre l’Ukraine. Mardi 9 juillet, des frappes russes ont touché un hôpital pour enfants à Kiev faisant plus d’une quarantaine de morts. La Russie a également fait savoir qu’elle scrutait attentivement le sommet de l’Otan. Dans le même temps, Vladimir Poutine multiplie les contacts après avoir reçu le Premier ministre indien, Narendra Modi. 

Quelles perspectives d’adhésion pour l’Ukraine ? 

L’année dernière, lors du sommet de Vilnius, Volodymyr Zelensky cherchait à obtenir des garanties concernant l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan, afin d’approfondir la promesse d’adhésion formulée en 2008. « Un an après, le sujet reste majeur. Pourtant, l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan reste une chimère malgré l’insistance de son président. Le sommet risque d’être calme. Les enjeux sont assez limités, pour des raisons institutionnelles notamment, on ne peut pas avoir à chaque fois un délivrable de grande importance avec un nouveau concept stratégique, un élargissement ou encore des missions sur le terrain à chaque sommet », explique Amélie Zima, docteure en sciences politiques, chargée d’enseignement à Sciences Po, chercheuse à l’Irsem et spécialiste de l’Otan. En 2022, suite à l’invasion de l’Ukraine, l’Otan avait formulé un nouveau concept stratégique avant d’enregistrer l’adhésion de la Suède et de la Finlande en 2023. 

« L’Ukraine ne respecte pas les critères d’adhésion, c’est un pays en guerre. Il faut être en paix pour intégrer l’Otan, donc on peut exclure la perspective d’une adhésion prochaine », avance Amélie Zima. En effet, pour intégrer l’Otan, les Etats doivent respecter un certain nombre de critères liés notamment à l’état de droit, et surtout, doivent être en paix. Enfin, la candidature doit être acceptée à l’unanimité des Etats membres. Actuellement, les Etats-Unis, l’Italie ou l’Allemagne restent opposés à l’adhésion de l’Ukraine à l’alliance. 

Maintenir une aide militaire régulière 

Pour Volodymyr Zelensky, plus que l’adhésion de son pays à l’Otan, l’enjeu sera de sécuriser le soutien que lui apportent les membres de l’alliance. « On parle plutôt d’un « pont solide » entre l’Ukraine et l’Otan permettant d’assurer la défense contre la Russie. Il n’y aura pas de décision majeure, ce qui est décidé c’est le renforcement de l’aide à l’Ukraine pour son espace aérien, c’est un domaine où elle est vulnérable », souligne Amélie Zima. En effet, Joe Biden a annoncé, mardi soir, que cinq systèmes de défense antiaérienne, dont quatre batteries de type Patriot et des missiles sol-air seraient acheminés vers l’Ukraine. Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken confirme également l’envoi d’avion F-16. Par ailleurs, les différents membres de l’alliance se sont entendus pour maintenir un soutien régulier à l’Ukraine à hauteur de 40 milliards par an, ce qui correspond aux niveaux de 2022 et de 2023. 

En intégrant un certain nombre d’aides directement au niveau de l’Otan, les membres de l’alliance cherchent à pérenniser le soutien à l’Ukraine. « Beaucoup d’aides à l’Ukraine vont passer par l’Otan afin de lui donner une capacité de structuration et de coordination, cela permet de réduire les incertitudes en cas d’arrivée au pouvoir de Trump. Par exemple, on peut penser à la création d’une nouvelle base en Allemagne pour coordonner l’aide militaire, former les militaires Ukrainiens », développe Amélie Zima. 

« Le problème Trump ne concerne pas forcément l’Otan, mais plutôt l’Ukraine qu’il pourrait pousser à une paix qui pourrait lui être défavorable » 

Une manière de prévenir les turbulences politiques auxquelles sont exposés certains Etats membres. Le retour de Donald Trump à la Maison blanche semble plus probable que jamais et pourrait compromettre l’opposition de l’Otan à la Russie. « Trump a déjà été au pouvoir, il a respecté les décisions prises par l’administration Obama. Le problème Trump ne concerne pas forcément l’Otan, mais plutôt l’Ukraine qu’il pourrait pousser à une paix qui pourrait lui être défavorable », avance Amélie Zima. Au niveau européen, le cas Orban, qui a rencontré Vladimir Poutine récemment dans ce qu’il qualifie de « mission pour la paix » inquiète. « Il n’avait aucun mandat pour rencontrer Vladimir Poutine, ça pose problème puisque l’Otan traite de sujets de défense extrêmement sensibles. Par ailleurs, l’Otan n’a pas de pouvoir de sanction ou de coercition, cela pose la question de la fiabilité de certains membres de l’alliance », souligne Amélie Zima.

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