Borys Filatov, maire de la ville de Dnipro, était l’un des élus ukrainiens invités ce mardi à prendre la parole au Congrès des maires organisé par l’AMF. Mille jours après l’invasion russe de l’Ukraine, il témoigne sur Public Sénat d’un conflit toujours aussi difficile à supporter pour la population de son pays.
Soldats ukrainiens : la formation en Europe est-elle assez efficace ?
Par Audrey Vuetaz
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« Il est impératif de former les soldats des forces armées ukrainiennes sur les équipements qu’ils utiliseront plus tard au combat ». La phrase est tirée d’une note non définitive du service européen pour l’action extérieure de l’Union européenne (consultée par Euractiv.fr) et elle résume bien les remontées de terrain. Les formations dispensées aux militaires ukrainiens sur le sol européen seraient trop éloignées des conditions de combats.
En Ukraine, les soldats utilisent du matériel hétérogène datant parfois de l’ère soviétique, du matériel dont ne disposent pas les pays formateurs. Résultat, les militaires doivent compléter leur formation une fois retournés en Ukraine ce qui rendrait vain l’objectif de la mission. Les doctrines et les procédures apprises sont aussi différentes de celles utilisées en Ukraine, ce qui peut poser des problèmes quand les troupes retournent sur le terrain.
Des remontées tout à fait normales selon Cyrille Bret chercheur à l’Institut Jacques Delors : « C’est la base de la vie militaire. Les entraînements sont les plus réalistes possibles, pour répéter, mais il n’y en a aucun qui est fidèle à la réalité. C’est pour cela que les soldats passent leur temps à s’entraîner. Dans le cas de l’Ukraine, c’est exacerbé car depuis l’invasion surprise aucun combat ne s’est déroulé comme les deux ennemis l’avaient prévu. »
Former à la guerre dans des pays en paix
La note du service européen pour l’action extérieure de l’UE souligne aussi que « les modèles de formation sont façonnés par les normes de temps de paix de la formation occidentale. » Dans la plupart des pays européens, les armées se concentrent principalement sur la lutte contre le terrorisme en zone urbaine. La hiérarchie est aussi très différente. « Dans les grandes armées européennes, en France, en Allemagne, au Danemark, tout est programmé, administré, c’est différent de l’Ukraine où l’armée se construit au fil de la guerre, » complète Cyrille Bret.
Des différences palpables notamment dans les formations aux drones très précieuses pour l’Ukraine. « Les dronistes français ont une foultitude de drones capables de faire de la reconnaissance, de la furtivité, alors que les Ukrainiens ont uniquement besoin de ces drones pour les combats. C’est la différence entre un pays en paix et un pays en guerre, » complète le chercheur.
Une refonte en cours
Les remontées de terrain permettront tout de même de refondre la Mission d’assistance militaire de l’UE en soutien à l’Ukraine. Les ministres des affaires étrangères et de la défense de l’Union se réunissent d’ailleurs cette semaine, de manière informelle, pour en discuter. Ils devront aussi répondre à une demande de Kiev, qui aimerait que les formations soient réalisées en Ukraine ou dans une région frontalière, pour des questions de logistique ; une idée qui est loin de faire l’unanimité chez les Etats membres.
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