Earthquake leaves more than 2000 dead in Azizmiz, Morocco – 10 Sept 2023

Séisme au Maroc : « Le Maroc est un Etat souverain qui détermine seul qui a le droit d’intervenir sur son sol »

Dans la nuit de vendredi à samedi, le Maroc a connu son séisme le plus meurtrier depuis plus de soixante ans. Il a dévasté des villages entiers dans une région située au sud-ouest de la cité touristique de Marrakech, faisant des milliers de morts. Christian Cambon (LR), président du groupe d’amitié France-Maroc et président de la commission des affaires étrangères de la défense et des forces armées au Sénat, estime que les deux pays doivent reprendre le chemin d’une coopération plus étroite.
Steve Jourdin

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Quelle est votre première réaction à cette catastrophe ? 

C’est un sentiment d’effroi et d’épouvante. Je souhaite adresser toute ma compassion aux Marocains. Il s’agit d’une région que je connais bien et qui est difficile d’accès, avec des douars reculés pour lesquels les opérations de sauvetage sont très compliquées. C’est une nouvelle catastrophe qui s’abat sur le Maroc, qui me touche à titre personnel et en tant que président du groupe d’amitié France-Maroc du Sénat.

On sent une émotion particulière chez les Français, alors que les dirigeants des deux pays sont brouillés depuis plusieurs années…

Le froid entre les dirigeants n’a pas lieu d’être dans une telle épreuve. Le Maroc et la France sont des pays liés par une amitié profonde, ancienne, culturelle. Je n’oublie pas non plus, en tant que président de la commission des affaires étrangères de la défense et des forces armées du Sénat, que les Marocains nous ont grandement aidés lorsque nous étions engagés au Sahel.

C’est l’un des pays d’Afrique du Nord les plus marqués par la francophonie, avec des dizaines d’écoles implantées sur tout le territoire. Il s’agit enfin d’une destination touristique très prisée de nos compatriotes. Pour toutes ces raisons, il faut mettre nos différends de côté et coopérer.

Au-delà de l’affaire Pegasus, l’enjeu diplomatique de cette brouille est notamment la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Pourquoi, contrairement à Washington, Berlin ou Madrid, le Quai d’Orsay freine-t-il des quatre fers sur ce dossier ?

Il s’agit d’un sujet de discorde entre nos deux pays. Emmanuel Macron et le gouvernement affichent leurs divergences vis-à-vis du Maroc et de sa volonté de reconnaissance sur cette région. Notre position au groupe d’amitié France-Maroc est différente : il faut que la France évolue vers une reconnaissance de souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, à l’image de ce qui a déjà été fait par l’Espagne, les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne. Il ne s’agit pas de le faire dans l’immédiat, il ne faut pas mettre un tel dossier sur la table dans un texte contexte de catastrophe humanitaire. Mais les choses doivent évoluer.

 

Le Maroc voit d’un mauvais œil la politique de réchauffement engagé par Emmanuel Macron à l’égard d’Alger. Avec le recul, est-ce que cette politique était la bonne ?

Il faut éviter ce genre de polémiques en ce moment. Nous ne devons pas ressasser l’histoire des visas. Les deux chefs d’Etat, français et marocain, doivent prendre leur responsabilité. Il faut affirmer avec force la souveraineté du Maroc, et sa capacité à juger ce dont le pays a besoin en matière humanitaire. Le Maroc est un Etat souverain qui détermine qui peut intervenir sur son sol. N’ayons pas de réaction de susceptibilité. Les relations ne sont pas au beau fixe entre la France et le Maroc, mais notre rôle au groupe d’amitié France-Maroc est de tout faire pour que cela change.

 

L’historien spécialiste du Maroc, Pierre Vermeren, estime que le Maroc est « sorti de la famille France ». Vous partagez cette analyse ?

Je conteste formellement ce point, ce qui ne veut pas dire que le Maroc appartienne à la France. Le Maroc et la France doivent continuer à avoir des relations privilégiées, au titre de la francophonie, de la Méditerranée occidentale et de cette longue histoire d’amitié qui nous lie. Le Maroc n’est pas une possession de la France. Il faut traiter Rabat avec respect et s’attacher à renforcer nos échanges. C’est le devoir de tous les élus de la République.

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