France European Commission President

Qui seront les prochains commissaires européens ?

Fraichement réélue, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, doit maintenant composer son collège de 26 commissaires, une sorte de super gouvernement. Il y a un commissaire par Etat membre, sauf pour l’Allemagne puisque Ursula von der Leyen est allemande. Chaque pays doit donc lui proposer un nom de personnalité avant le 30 août, ensuite elle attribuera les portefeuilles. Tour d’horizon des potentiels candidats.
Audrey Vuetaz

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Ursula von der Leyen aurait aimé présider un collège paritaire. Pour cela, et c’est une première, elle a demandé à chaque Etat membre de lui proposer une candidature féminine et masculine pour quelle puisse faire un choix. Seule exception, en cas de reconduction d’un commissaire, un seul nom était permis. Voilà pour la consigne qui n’a finalement été respectée par aucun Etat membre. Pour l’heure le futur super gouvernement européen s’annonce donc très masculin avec 16 hommes pour les 22 pays qui ont déjà envoyé des noms.

Ceux qui resteraient commissaires

La France a déjà fait savoir qu’elle voulait reconduire Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur depuis 5 ans, rattaché à Renew le parti d’Emmanuel Macron. A 69 ans, celui qui a été ministre de l’Économie sous la présidence de Jacques Chirac, s’est illustré en tant que commissaire en s’opposant à la toute-puissance des GAFAM et notamment à Elon Musk le milliardaire patron de X (anciennement Twitter).

Il ne devrait pas être le seul à rester dans le collège : la croate Dubravka Šuica, actuelle vice-présidente de la Commission européenne et chargée de la Démocratie et de la démographie a été confirmée par son gouvernement, tout comme le hongrois Olivér Várhelyi, chargé du voisinage et de l’élargissement, ou le letton Valdis Dombrovskis vice-président exécutif chargé du Commerce.

Mais rien ne dit que ces commissaires reprendront leur portefeuille, tout dépendra des autres personnalités, des rapports de force et de la création ou non de nouveaux marocains. La présidente Ursula von der Leyen s’était par exemple prononcée pour la création d’un poste de commissaire à la défense, une mission actuellement placée sous la responsabilité de Thierry Breton le commissaire au marché intérieur.

Les nouveaux entrants

Si les postes doivent encore être distribués par Ursula von der Leyen, il y en a un qui devrait forcément revenir à Kaja Kallas l’ex-première ministre estonienne : celui de cheffe de la diplomatie européenne. Comme il s’agit d’un des portefeuilles les plus importants, sa candidature devait d’abord être validée par les autres Etats membres, ce qui a été fait en juillet dernier.

Mais pour peser dans les négociations, certains pays tentent d’envoyer des profils particuliers. C’est le cas de l’Autriche qui a nommé son ministre des Finances, Magnus Brunner, pour tenter de décrocher un portefeuille économique ou financier. L’Espagne aussi tente sa chance en poussant la candidature de Teresa Ribera, sa ministre de la transition écologique, en espérant qu’elle devienne commissaire en charge du Pacte vert européen.

Les hésitations

Pour l’heure, seuls cinq pays n’ont pas encore envoyé de noms, il ne leur reste que quelques jours pour le faire, mais la situation coince en Italie, en Belgique et en Bulgarie notamment. Dans ces deux derniers pays, la situation politique est instable depuis des élections le 9 juin dernier. Les formations politiques tentent de trouver des coalitions. Dans ce contexte, les discussions autour du nom d’un commissaire européen sont au point mort. En Italie, ce choix tourne au casse-tête, la première ministre Giorgia Meloni a dû interrompre des vacances pour continuer les consultations.  La presse évoque le nom d’Elisabetta Belloni, l’actuelle cheffe des services de renseignements italiens, mais rien n’est pour l’heure confirmé.

La validation du Parlement européen

Une fois les 26 noms déterminés, Ursula von der Leyen enchainera les consultations pour peaufiner son nouveau « super gouvernement ». Une fois cette étape passée, chaque commissaire sera auditionné puis validé ou non par un vote du Parlement européen. Une étape loin d’être actée, depuis 2007, il a toujours retoqué un ou plusieurs noms de commissaires, principalement pour cause de conflit d’intérêt. Mais un éventuel manque de parité pourrait aussi être sanctionné par le Parlement européen.

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Un retard qui n’a rien d’exceptionnel, souligne Francisco Roa Bastos, maître de conférences en sciences politiques à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne : « La composition de la Commission européenne est toujours un exercice compliqué, parce qu’il faut satisfaire plusieurs logiques, de géographie, de parité, en plus des exigences des différents États membres. » Cher à Ursula von der Leyen depuis son premier mandat, c’est notamment le critère de parité qui semble avoir donné du fil à retordre à la présidente de la Commission. « Lorsque j’ai reçu les premières propositions de nomination des États membres, nous avions 22 % de femmes et 78 % d’hommes. Vous imaginez bien que c’était tout à fait inacceptable », a-t-elle déploré à l’occasion d’une conférence de presse. Finalement, le collège proposé comporte 40 % de femmes. Une répartition non-paritaire, compensée toutefois par l’attribution de quatre des six postes clés de vice-présidents de la Commission à des femmes. « Ursula von der Leyen a su faire de cet enjeu de parité un élément de négociation important dans la répartition des portefeuilles entre les différents États membres », observe Francisco Roa Bastos. Sommés de proposer le nom d’une femme pour le poste, les pays qui ont joué le jeu – notamment la Bulgarie, la Slovénie et la Roumanie – se voient en effet attribuer « des portefeuilles importants », estime-t-il. Les socialistes obtiennent un poste clé, un proche de Meloni nommé vice-président Par ordre d’importance, après Ursula von der Leyen, c’est d’ailleurs l’Espagnole Teresa Ribera qui hérite du poste le plus influent. La socialiste, ministre de la Transition écologique dans le gouvernement de Pedro Sanchez, est nommée vice-présidente de la Commission et prend en charge le portefeuille de la concurrence. Un rôle central. « Elle guidera les travaux pour que l’Union européenne reste sur les rails du Pacte vert, de la décarbonation et de la réindustrialisation », a détaillé Ursula von der Leyen. Pourquoi la présidente de la Commission européenne, membre de la droite européenne du PPE, a-t-elle attribué ce poste de premier plan à une socialiste ? « Elle a été fine stratège », estime Francisco Roa Bastos : « Avec la nomination de Teresa Ribera, il va être plus difficile pour les eurodéputés socio-démocrates de contester la composition globale du collège de commissaires, au risque de voir ce poste leur échapper ». Deuxième force politique du Parlement derrière le PPE, le groupe S&D aura en effet un rôle central à jouer dans la validation par un vote de ce nouveau collège de commissaires. Le profil de Teresa Ribera pourrait ainsi calmer les critiques venues de la gauche quant à la nomination d’un autre vice-président : Raffaele Fitto. Le choix de l’Italien, ministre des Affaires européennes au sein du gouvernement de Giorgia Meloni, est en effet vivement contesté par les eurodéputés de gauche, opposés à la nomination d’une personnalité d’extrême droite à la Commission. « La France sort affaiblie de cette séquence » Enfin, côté français, le bilan de ces nominations semble contrasté. Après la démission fracassante du commissaire européen Thierry Breton, victime de ses relations exécrables avec Ursula von der Leyen, Emmanuel Macron a finalement proposé la candidature de Stéphane Séjourné. Le ministre démissionnaire des Affaires étrangères obtient une place de choix dans ce nouveau collège : un poste de vice-président, chose que Thierry Breton n’avait pas obtenue, ainsi qu’un portefeuille dédié à la « prospérité » et à la « stratégie industrielle ». « Grâce à sa position de vice-président, Stéphane Séjourné aura une position importante et transversale au sein de la Commission, que n’avait pas Thierry Breton. 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