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Propos d’Emmanuel Macron sur la création d’Israël : Gérard Larcher critique sévèrement le chef de l’Etat 

Les propos d’Emmanuel Macron sur la création de l’Etat d’Israël ont mis le feu aux poudres et suscité une vive réaction, notamment au Sénat. Le Président de la chambre haute du Parlement s’indigne de ces déclarations en Conseil des ministres et affirme que le droit à l’existence d’Israël ne doit pas être mis en doute alors que le chef de l’Etat semblait demander à l’Etat hébreu de respecter le droit international.
Henri Clavier

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« Mettre en doute l’existence d’Israël touche pour moi à des questions fondamentales », affirme le président du Sénat, Gérard Larcher, dans un entretien accordé à Europe 1 et CNews ce 17 octobre. Le président du Sénat n’a pas retenu ses mots pour commenter les propos d’Emmanuel Macron sur la création d’Israël. En cause, les déclarations d’Emmanuel Macron, rapportées par des participants au Conseil des ministres de mardi 15 octobre : « M. Netanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU ». Des propos qui ont rajouté de la tension entre le président de la République et le Premier ministre israélien. L’appel d’Emmanuel Macron à cesser la livraison d’armes servant à mener des combats à Gaza, avait déjà tendu les relations avec l’Etat hébreu. Le président de la République affirmait également l’importance pour Israël de ne pas « s’affranchir des décisions de l’ONU ». En septembre, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution exigeant la fin de l’occupation israélienne dans les territoires palestiniens.

Dans un entretien au Figaro, le 16 octobre, Benyamin Netanyahou a qualifié les propos d’Emmanuel Macron « d’ignorance historique et de manque de respect ». « Le peuple juif est attaché à la terre d’Israël depuis 3500 ans. L’État moderne d’Israël a été créé par le sacrifice des courageux combattants de sa guerre d’indépendance – parmi eux, de nombreux survivants de l’Holocauste et du régime de Vichy », ajoute le Premier ministre israélien. Une prise de parole qui illustre les importantes tensions depuis quelques semaines entre les deux pays.

Au Sénat, des propos condamnés

« J’ai été stupéfait que ces propos puissent être tenus. Est-ce qu’Emmanuel Macron s’est souvenu de la déclaration Balfour ? Est-ce qu’il a pris conscience de ce qu’il s’est passé pendant la Shoah et après la Shoah ? », s’emporte Gérard Larcher taclant sévèrement le chef de l’Etat. « C’est une déclaration que j’estime totalement décalée des réalités », jugeait hier Roger Karoutchi, sénateur LR et président du groupe d’amitié France Israël. « Il ne faut pas renverser les charges de la preuve. Ce n’est pas l’ONU qui a créé l’Etat d’Israël », affirme le sénateur, insistant sur la guerre de 1948 ayant opposé Israël à plusieurs pays arabes. Pour rappel, une résolution des Nations Unies du 30 novembre 1947 prévoyait un plan de partage de la Palestine afin de créer un Etat juif et un Etat arabe. A l’expiration du mandat britannique sur la Palestine, le 14 mai 1948, l’Etat d’Israël était proclamé par David Ben Gourion.

Ce matin, Gérard Larcher a repris la vision de Roger Karoutchi jugeant que la création d’Israël « n’est pas venue comme un acte notarié uniquement constaté par l’ONU ». Pour le socialiste Jean-Marc Vayssouze-Faure, membre de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, le Président de la République a commis une erreur de communication : « La diplomatie appelle à ce que l’on puisse parler à tout le monde et qu’on puisse faire en sorte de ne pas heurter ». Ce dernier estime par ailleurs qu’il est « nécessaire aujourd’hui d’avoir une parole un peu plus mesurée », déplorant des prises de position incohérentes.

De fortes réactions y compris dans son camp

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet s’était étonnée, au début du mois d’octobre des propos d’Emmanuel Macron sur la livraison d’armes à Israël affirmant qu’il « ne faut pas désarmer Israël ». La députée de la 8e circonscription des Français de l’étranger, qui inclut Israël, Caroline Yadan (Ensemble pour la République) a vivement critiqué les propos du chef de l’Etat, les jugeant « indignes ». Une prise de position qui a généré des « discussions un peu houleuses » au sein du groupe macroniste rapporte l’agence France Presse.

Ce 17 octobre, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon a tenu à corriger le tir expliquant que les mots du Président de la République devaient être remis dans un « contexte global ». Avant d’ajouter, « [Emmanuel Macron] a rappelé la nécessité qu’ont les uns et les autres de respecter les règles internationales. Israël doit les respecter ».

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