Par Flora Sauvage
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Mis à jour le
Avec J.D. Vance, c’est l’Amérique rurale, blanche et populaire qui pourrait entrer à la Maison blanche aux côtés de l’actuel favori des sondages l’ex-président Donald Trump. Si le choix du colistier pour un candidat à la Maison blanche répond souvent à l’objectif de séduire de nouveaux électeurs, ou de compenser les faiblesses du candidat, Donald Trump a choisi un riche homme blanc, sénateur de l’Ohio, un état qu’il a déjà toutes les chances de l’emporter.
Alors pourquoi Donald Trump a-t-il choisi J. D. Vance ? Si son rival Joe Biden venait à jeter l’éponge, après les appels venant de son propre camp démocrate à renoncer à poursuivre sa campagne, et laissait sa place à sa vice-présidente Kamala Harris, Donald Trump deviendrait à son tour le vétéran de la campagne. A 78 ans, l’ex-président a choisi un homme âgé de 39 ans, afin de rééquilibrer l’âge moyen du tandem. S’il lui apporte sa jeunesse, J. D. Vance ne lui permet pas pour autant d’élargir sa base électorale. Car J. D. Vance est « un clone de Trump » sur les questions de fond, selon le président sortant Joe Biden.
Echaudé par sa mauvaise expérience avec son vice-président Mike Pence, Donald Trump a préféré J. D. Vance car il espère qu’une fois avoir remporté l’état de l’Ohio, il lui permettra de gagner les états voisins du Michigan, de la Pennsylvanie et le Wisconsin. Trois états clés ayant souffert de la désindustrialisation, susceptibles de faire basculer le résultat du scrutin le 5 novembre. Pour rappel, après des années de loyauté, Mike Pence avait refusé le 6 janvier 2021 d’obtempérer quand Donald Trump lui avait demandé de refuser de certifier l’élection de Joe Biden.
L’homme au visage poupin met en avant la défense de l’homme blanc non diplômé, victime de la désindustrialisation. Dans l’autobiographie qu’il a publiée en 2016, vendue à plus de 3 millions d’exemplaires il raconte son enfance dans l’Ohio auprès d’une mère toxicomane et décrit le sentiment de déclassement de la classe ouvrière et des blancs laissés pour compte. Ex militaire et auteur à succès issu d’un milieu modeste, J. D. Vance est passé d’interprète du Trumpisme à meilleur porte-voix de Trump.
Pourtant tout au long de la campagne électorale de 2016, dans des interviews, des articles ou des tweets, J. D. Vance a décrit Donald Trump comme quelqu’un d’« idiot » et d’« hypothétique Hitler américain ». Lors de la campagne pour la présidentielle de 2016, il a déclaré se résoudre à voter pour Hillary Clinton plutôt que pour le milliardaire républicain. S’il s’est montré critique dans le passé contre Donald Trump, il a opéré un revirement complet en s’imposant comme l’un des défenseurs les plus ardent du milliardaire. Il a, depuis, effacé ses anciens tweets visant l’ancien président et a prouvé sa loyauté en adoptant la thèse des Trumpistes selon laquelle l’élection de 2020 a été « volée ».
Désormais J. D. Vance ne détonne plus au sein du parti les Républicains. Début avril, il a été le seul candidat à obtenir le soutien d’Ohio right to life, un groupe militant anti-avortement. Lors de sa campagne, J. D. Vance a insisté en particulier sur la fermeture de la frontière avec le Mexique et la construction du mur pour empêcher les migrants de passer aux Etats-Unis. Jeune, opportuniste et transfuge de classe, le sénateur républicain de l’Ohio a tout pour plaire à Donald Trump. Après la tentative d’assassinat de Donald Trump, J. D. Vance a pointé du doigt « la campagne de Biden » qui dépeint Donald Trump comme un fasciste autoritaire qu’il faut arrêter à tout prix ». Une rhétorique qui « a directement conduit à la tentative d’assassinat du président Trump », selon lui.
Si Donald Trump peut déjà compter sur le soutien actif d’Elon Musk le 3è homme le plus riche de la planète, Peter Thiel, le cofondateur de PayPal qui l’avait soutenu en 2016 renâclait jusqu’ici à soutenir financièrement sa campagne. Or Peter Thiel est l’homme qui a autrefois embauché J. D. Vance dans sa société de capital-risque et a contribué à financer sa campagne sénatoriale en 2022. La nomination de J. D. Vance comme colistier de Donald Trump a été abondamment saluée par la frange la plus à droite de la Silicon Valley, à commencer par Elon Musk qui a qualifié ce choix d’« excellent ».
Pour aller plus loin
International
Eric Lombard a fustigé le courrier envoyé par l’administration Trump aux entreprises françaises liées à l’ambassade américaine, qui leur demande de rompre avec leur politique d’inclusion et de diversité. Le ministre s’est engagé à « défendre fortement » les valeurs françaises et à être « aux côtés » des entreprises françaises.
Le
International
Droits de douane américains : que compte faire l’Union européenne
Donald Trump doit annoncer de nouvelles mesures douanières ce mercredi 2 avril. Face à cette offensive, l’Union européenne envisage des mesures de rétorsion sur les grandes banques et les géants de la tech américains.
Le
International
Dimanche, Donald Trump a assuré dans une interview qu'il ne « blagu(ait) pas » quand il répète qu'il envisage de briguer un troisième mandat présidentiel. Interrogé sur un éventuel scénario dans lequel le vice-président JD Vance se présenterait à l'élection présidentielle et céderait ensuite sa place à Donald Trump, le président américain a répondu que c'était « une » méthode, ajoutant qu'il « y en avait d'autres ». Explications avec Lauric Henneton, spécialiste des Etats-Unis.
Le
International
Le président américain Donald Trump presse de nouveau son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, de signer le contesté accord sur les minerais proposé par Washington ces derniers mois. « Je vois qu'il essaie de se retirer de l'accord sur les terres rares. Et s'il le fait, il aura des problèmes. De gros, gros problèmes », a menacé dimanche le milliardaire à propos du dirigeant ukrainien. Mais le document, largement modifié par rapport à la version précédemment présentée, prévoit des conditions très défavorables à Kiev. Une marge de négociation existe-t-elle encore ? Réponse avec deux experts.
Le
Bonjour chez vous !