MD: A New Hope is a Silkscreen of Vice President Kamala Harris

Présidentielle américaine : « Kamala Harris impose son rythme, elle retire à Donald Trump son art de dicter l’agenda politique »

A trois mois de l’élection présidentielle américaine, les sondages donnent désormais Kamala Harris en tête des intentions de vote. Dans un contexte inédit, la candidate parvient à créer un engouement rare auprès des électeurs. Passée l’euphorie, reste à savoir si la candidate pourra convaincre sur ses propositions.
Henri Clavier

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Alors que Kamala Harris devrait choisir son colistier dans les heures ou les jours qui viennent, l’engouement autour de sa candidature fait renaître les espoirs de victoire dans le camp démocrate. Sans adversaire pour l’investiture du parti démocrate qui se déroulera à Chicago à partir du 19 août, Kamala Harris remonte le retard accumulé par Joe Biden dans les sondages. A moins de 100 jours du scrutin, la candidate démocrate semble réussir à créer une effervescence autour de sa campagne. Une situation qui contraste avec les dernières élections présidentielles où l’on constatait la démobilisation d’une grande partie de l’électorat.

Le camp démocrate remobilisé

Les sommes levées par la candidate démocrate attestent d’un enthousiasme grandissant autour de sa campagne, notamment au sein du parti démocrate où les militants craignaient la défaite de Joe Biden. « Il y a une grande différence entre Kamala Harris et Joe Biden, de nouveau les démocrates estiment qu’ils peuvent gagner avec Kamala Harris, c’est une candidate qui peut porter un message de changement et qui incarne quelque chose de vraiment nouveau alors que beaucoup de militants démocrates étaient en train de baisser les bras », explique Maxime Chervaux, professeur à l’Institut français de géopolitique et spécialiste de la politique américaine. En effet, les derniers mois laissaient peu d’espoir à Joe Biden dont l’âge devenait de plus en plus problématique et qui ne semblait plus en mesure de porter les espoirs de son camp après ses erreurs lors du débat contre Donald Trump en juin dernier.

L’image renvoyée par Kamala Harris permet également de mobiliser davantage pour l’élection. « Kamala Harris a compris qu’il fallait séduire les jeunes et que c’était une faiblesse de la candidature de Joe Biden, elle a réussi à développer des campagnes de communication extrêmement efficaces sur les réseaux sociaux avec des memes devenues viraux », rapporte Alexis Pichard, professeur de civilisation américaine à l’Université Paris Nanterre et spécialiste des médias américains. On note également le nombre élevé de primo-donateurs qui explique en partie la somme record de 310 millions de dollars récoltés pour la campagne de la candidate démocrate.

« La campagne de Kamala Harris est traitée comme un feuilleton »

Le caractère inédit des événements, dans une campagne qui a fondamentalement changé depuis un mois, joue également en faveur de l’ancienne procureure de Californie. « Sur CNN, ou sur les autres chaînes plutôt progressistes, la campagne de Kamala Harris est traitée comme un feuilleton, pointe Alexis Pichard, c’est la force de sa campagne, elle impose son rythme, elle retire à Donald Trump son art de dicter l’agenda politique et médiatique. » Jusque-là les attaques, toujours plus variées, de Donald Trump ne parviennent pas à infléchir la dynamique de la candidate démocrate. « On est encore sur le début de la campagne, mais elle a une dynamique assez naturelle avec des étapes clés comme la nomination du vice-président ou l’investiture démocrate » abonde Maxime Chervaux.

Surtout, Kamala Harris parvient à neutraliser l’influence de Donald Trump sur le débat politique et remonte la pente dans les sondages. En redoublant de déclarations outrancières et de propos clivants, Donald Trump avait, jusque-là, réussi à exercer une emprise importante sur l’agenda médiatique permettant d’orienter les débats sur des thèmes plus favorables au parti républicain et à l’alt-right. « Actuellement, Donald Trump a du mal à exister dans les médias et n’arrive pas à mettre Kamala Harris en difficulté », confirme Maxime Chervaux. Le candidat républicain est d’ailleurs accusé de fuir le combat après l’annulation d’un débat sur ABC news prévu le 10 septembre. Une opposition finalement annulée par l’équipe du milliardaire qui souhaite désormais reprogrammer l’événement, mais sur Fox News.

Le contraste entre les deux candidats renforce également la candidature de l’actuelle vice-présidente des Etats-Unis. « Pour l’instant la campagne se joue sur la personne et sur l’image ce qui est à l’avantage de Kamala Harris. Cela lui permet de développer le narratif d’une personne très procédurière qui revient dans son rôle de procureure face à un ancien président empêtré dans plusieurs procédures judiciaires.

Une dynamique durable ?

Mais l’élan peut-il durer au-delà des échéances naturelles qui rythment la campagne ? « C’est difficile pour l’instant de savoir comment ça va se passer ensuite compte tenu du caractère inédit de la situation. En revanche, elle n’a pas encore véritablement décliné de programme, de politiques publiques précises. À ce moment-là forcément il y aura un peu plus de tensions entre les différentes composantes du parti démocrate », souligne Maxime Chervaux. Assurément, la candidate démocrate sera attaquée sur le bilan de Joe Biden ainsi que sur la gestion de l’immigration illégale, un dossier dont elle avait la charge. Bien qu’un sondage de CBS donne Kamala Harris en tête avec 50 % des intentions de vote contre 49 % pour Donald Trump, les trois mois de campagne peuvent encore suffire à inverser la tendance du côté républicain. « Il y a toujours un moment de redescente après l’euphorie même si elle va pouvoir prolonger. Beaucoup d’Américains choisissent leur candidat à partir de septembre au moment des premiers votes anticipés », prévient Maxime Chervaux.

Dans la même thématique

Un réfugié syrien en France célèbre la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie.
6min

International

Syrie : Plusieurs pays européens suspendent les demandes d’asile des réfugiés, la France « suit attentivement la situation »

Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.

Le

Des Syriens célèbrent la chute du régime de Bachar Al-Assad, après la prise de Damas par les rebelles du groupe HTS.
7min

International

Djihadistes : « Beaucoup d’entre eux préféreront rester en Syrie que rentrer en France »

Le régime de Bachar al-Assad est tombé en Syrie après l’offensive victorieuse, ce week-end, des rebelles islamistes d’Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Le groupe compte dans ses rangs de nombreux djihadistes, dont quelques Français. Faut-il craindre un retour de certains d’entre eux ? Pour le spécialiste Thomas Pierret, cela n’est pas évident. En revanche, selon lui, une résurgence de Daech dans le pays est à craindre.

Le

Des Syriens célèbrent la chute du régime de Bachar Al-Assad, après la prise de Damas par les rebelles du groupe HTS.
7min

International

Syrie : de la Turquie à l’Iran, les équilibres bouleversés au Moyen-Orient après la chute du régime Assad

Après 24 ans de pouvoir, Bachar al-Assad a fui la Syrie, chassé par une offensive éclair du groupe islamiste Hayat Tahir Al-Sham. Une large partie du pays est désormais aux mains d’une coalition de rebelles, aux soutiens et intérêts divergents. De la Turquie à l’Iran, en passant par Israël, tour d’horizon des enjeux de la chute du régime Assad, qui bouleverse les équilibres régionaux.

Le

Syrie : Pour le Kremlin, la chute du régime de Bachar al-Assad est un revers géopolitique majeur
6min

International

Syrie : « Pour le Kremlin, la chute du régime de Bachar al-Assad est un revers géopolitique majeur »

La fuite du président syrien Bachar al-Assad, chassé par les rebelles islamistes en dépit du soutien de la Russie, rebat les cartes au Moyen-Orient. Pour le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU, cette situation illustre l’affaiblissement d’une Russie incapable de maintenir ses ambitions internationales, car vampirisée par la guerre qu’elle a déclenchée en Ukraine.

Le