Un peu plus de trois semaines après la libération d’Olivier Grondeau, arbitrairement détenue en Iran pendant 887 jours, les tensions restent vives entre Paris et Téhéran. Ce mercredi 9 avril, le ministre des Affaires étrangères a demandé aux Français de ne pas se rendre dans ce pays. « Je profite de mon passage médiatisé devant cette commission pour appeler l’ensemble de nos compatriotes, de nos ressortissants, à ne pas se rendre en Iran et à l’ensemble de nos ressortissants qui sont aujourd’hui de passage en Iran, à revenir en France, à quitter le territoire pour ne pas prendre le risque d’être détenus arbitrairement ou d’être retenus otage à leur tour », a déclaré Jean-Noël Barrot à l’occasion d’une audition devant la commission des affaires étrangères du Sénat.
Rappelons que France Diplomatie, le site d’informations aux voyageurs du Quai d’Orsay, déconseille les séjours en Iran depuis le mois d’octobre.
La détention arbitraire de touristes étrangers est régulièrement dénoncée comme une forme de « diplomatie des otages » pratiquée par le régime des mollahs. Ce mercredi, le chef de la diplomatie française a d’ailleurs parlé « d’otages d’Etat » à propos des deux Français qui sont officiellement encore détenus dans la prison d’Evin à Téhéran : Cécile Kohler et son compagnon Jacques Paris arrêtés en mai 2022 pour « espionnage ».
« Nous allons accentuer la pression sur le régime iranien »
À deux reprises, la sœur de Cécile Kohler a été entendue par la commission des affaires étrangères. Elle a notamment alerté les parlementaires sur l’état de santé de Cécile Kohler et Jacques Paris, ainsi que sur leurs conditions de détention. Jean-Noël Barrot a confirmé l’intention de l’Etat français de porter plainte devant la Cour internationale de justice.
« Face aux violations du droit de nos compatriotes à la protection consulaire nous sommes en train de préparer une plainte contre l’Iran devant la Cour internationale de justice », a-t-il déclaré. « Pour les libérer nous allons accentuer la pression sur le régime iranien et adopter des sanctions européennes additionnelles contre les responsables iraniens de la politique d’otages d’Etat », a-t-il ajouté.
Sans un nouvel accord sur le nucléaire iranien, « une confrontation militaire apparaîtrait presque inévitable »
Par ailleurs, le ministre a également évoqué l’épineux dossier du nucléaire iranien. Le président américain Donald Trump a annoncé en début de semaine avoir entamé « des discussions directes avec l’Iran ». Les relations entre les deux pays sont officiellement suspendues depuis des décennies. En 2018, durant le premier mandat de Donald Trump, les Etats-Unis s’étaient retirés avec fracas de l’accord international conclu en 2015, et prévoyant la levée de plusieurs sanctions en échange d’un encadrement des activités nucléaires de l’Iran, suspecté de vouloir se doter de l’arme ultime. Cet accord expire en octobre.
« Nous notons avec intérêt l’annonce de discussions entre l’Iran et les Etats-Unis dans quelques jours », a relevé Jean-Noël Barrot. « La fenêtre d’opportunité est étroite. Nous n’avons que quelques mois avant l’expiration de l’accord sur le nucléaire iranien conclu il y a dix ans, en cas d’échec une confrontation militaire apparaîtrait presque inévitable », a-t-il alerté.
« L’Iran poursuit un agenda de déstabilisation marqué par la fuite en avant de son programme nucléaire qui menace directement la sécurité du territoire nationale », a encore expliqué le chef de la diplomatie. Avant de répéter : « Notre position est claire, l’Iran ne doit jamais se doter de l’arme nucléaire. Nous devons parvenir à d’un accord qui contraigne de façon durable et vérifiable le programme nucléaire iranien. »