Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.
Netanyahou devant le Congrès américain : « Une intervention complètement décalée », selon le politologue, Jean-Paul Chagnollaud
Par Simon Barbarit
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Une intervention devant le Congrès qui a pris des allures de « dernière séance ». « Benjamin Netanyahou semble plus que jamais en sursis », constate Jean-Paul Chagnollaud, président de l’Iremmo (Institut de Recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient).
Mercredi, devant les deux chambres du parlement américain, Benjamin Netanyahou a exhorté les Etats Unis à débloquer une nouvelle aide militaire pour Israël, estimant que cela pourrait « accélérer la fin de la guerre ». « Pour que les forces de la civilisation triomphent, l’Amérique et Israël doivent rester unis » […] « Au Moyen-Orient, l’axe de la terreur de l’Iran défie les Etats-Unis, Israël et nos amis arabes. Il ne s’agit pas d’un choc de civilisations, mais d’un choc entre la barbarie et la civilisation », a-t-il déclaré.
Ces propos ont recueilli les applaudissements nourris des Républicains mais sans pour autant faire oublier le boycott de 60 élus démocrates dont l’ancienne « speaker » Nancy Pelosi et la prétendante à la maison blanche, Kamala Harris. La sénatrice Patty Murray, remplaçante dans l’ordre protocolaire de Kamala Harris qui préside le Sénat, s’était fait aussi porter pâle. « Ce sera la première fois dans l’histoire américaine qu’un criminel de guerre aura [l’]honneur » de s’exprimer devant le Congrès, avait tancé, la veille, le sénateur indépendant, Bernie Sanders.
Des milliers de manifestants étaient également rassemblés autour du Capitole pour protester contre sa venue. Dans la foule, des pancartes exhortant les Etats-Unis à « cesser l’aide américaine à Israël » et qualifiant Netanyahou de « criminel de guerre ». Une référence au mandat d’arrêt émis par le procureur de la Cour pénale internationale de La Haye pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » visant le Premier ministre de l’Etat hébreu.
« Les temps ont changé »
« Depuis longtemps Netanyahou essaye d’imposer sa ligne aux Etats-Unis. C’est la quatrième fois qu’il s’exprime devant le Congrès. On se souvient qu’en 2015, il avait essayé de contrer le président Obama en s’en prenant à l’accord négocié avec les Etats-Unis sur le nucléaire iranien. Mais les temps ont changé. Depuis le 7 octobre, les critiques se sont faites de plus en plus vives chez les électeurs démocrates, concernant l’usage disproportionné de la force à Gaza. Son argumentaire Etats-Unis/Israël : même combat, ne fonctionne plus. Surtout après la décision du 19 juillet de la Cour Internationale de Justice qui considère que l’occupation par Israël de territoires palestiniens est illégale et doit cesser le plus rapidement possible. En conséquence son intervention devant le Congrès semblait complètement décalée avec le contexte actuel », analyse Jean-Paul Chagnollaud.
« Biden n’a plus à craindre. Ce peut être une occasion de marquer l’histoire »
Ce jeudi, le Premier ministre rencontre le président Biden, avec lequel il entretient des relations compliquées depuis la riposte d’Israël à l’attaque du Hamas. Joe Biden avait dénoncé dès décembre « des bombardements indiscriminés » menés par l’Etat hébreu dans la bande de Gaza. « Depuis le renoncement de Biden à briguer un second mandat, je fais l’hypothèse qu’il n’a plus rien à perdre dans son approche du conflit au Moyen Orient. Je ne serais pas étonné qu’il prenne des positions fortes, en avançant une solution par le haut, à deux Etats. Biden n’a plus à craindre. Ce peut être une occasion de marquer l’histoire », esquisse le politologue. Benjamin Netanyahou s’entretiendra aussi avec Kamala Harris, qui s’est jusqu’à présent montrée discrète sur ce dossier. Mais depuis son accession au Sénat, elle défend une solution à deux Etats. En mars, elle avait appelé à un cesé le feu pour mettre fin à « l’immense souffrance ».
Le dirigeant israélien se rendra vendredi en Floride, à l’invitation de Donald Trump qu’il a longuement remercié dans son discours. Les deux hommes disent s’entendre à merveille, mais leur relation s’est néanmoins refroidie depuis que Benjamin Netanyahou a reconnu la victoire de Joe Biden en 2020.
Signe que les rapports ont changé entre les Etats-Unis et Israël, les sanctions prises par Washington ces derniers mois à l’encontre de colons israéliens violents de Cisjordanie. « Il va être intéressant de voir si Joe Biden va accentuer ces sanctions en les étendant à certains ministres israéliens (Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité national et Bezalel Smotrich, ministre des Finances NDLR). », conclut Jean-Paul Chagnollaud.
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