Mort du pape François : les sénateurs rendent hommage à un pontificat engagé dans la défense des plus pauvres
Les hommages politiques se sont succédé toute la journée du 21 avril 2025 après l’annonce de la mort du pape. Au Sénat, les parlementaires saluent la mémoire d’un souverain pontife « progressiste », intéressé par le sort des « périphéries » et des migrants.
L’annonce de la mort du pape François à l’âge de 88 ans suite à un accident vasculaire cérébral en ce lundi de pâques, le 21 avril 2025, a suscité des réactions politiques. A commencer par celle du président de la République en déplacement à Mayotte. Emmanuel Macron a rendu hommage à celui qui a toujours été « aux côtés des plus vulnérables et des plus fragiles ». Depuis Matignon à Paris, le Premier ministre a lui aussi salué la démarche « historique » entreprise par le chef des catholiques durant les douze années de son pontificat qui ont abouti selon François Bayrou à un « basculement de l’Eglise ». Du côté de la chambre haute, Gérard Larcher, le président du Sénat a décrit sur X le pape François comme « un homme ouvert pour une Église qu’il a toujours souhaitée attentive à tous, y compris aux plus « petits », aux plus vulnérables. »
L’engagement de celui qui se nommait Jorge Bergoglio est le fruit d’une attention particulière portée sur les « périphéries » lui qui était né à Buenos Aires en Argentine. Entre 2013 et 2025, il s’est ainsi déplacé à 47 reprises à l’étranger dont un périple de 12 jours – le plus long de son pontificat – en Asie du sud-est et en Océanie. « C’était le pape de la mondialisation », avance Loïc Hervé, sénateur centriste et secrétaire du groupe d’amitié France-Vatican. « C’est le pape monde », ajoute son collègue écologiste Akli Mellouli.
Dominique de Legge, président Les Républicains du groupe d’amitié France-Vatican insiste aussi sur le rôle de chef d’Etat du pape : « Il est à la tête de l’Etat qui a le plus d’accréditations diplomatiques du monde ». Des accréditations dont il a usé pour affirmer cette singularité diplomatique : « Il parlait à des pays qui appartiennent au sud global », note le socialiste Mickaël Vallet, vice-président de ce même groupe.
Un choix diplomatique qui fait débat au sein de l’Eglise catholique mais pas seulement. Le sénateur PS Michaël Weber juge par exemple que ce « contrepied » a créé une « espèce d’excès » qui « peut porter préjudice au poids politique du Vatican ». Ce choix pour les Etats dits périphériques aura conduit le pape François à ne pas organiser de visite d’Etat en France. Bien qu’il soit venu à trois reprises pendant son pontificat à Strasbourg, Marseille et Ajaccio, il a toujours insisté sur le fait que ce n’était pas des voyages officiels. « Je le regrette parce que ses prédécesseurs avaient toujours pris le soin de venir en France », glisse Emmanuel Capus, sénateur Horizons.
Défense des plus pauvres et des migrants
De toutes ses prises de position, celle qui a le plus marqué les sénateurs du palais du Luxembourg reste sa défense des plus pauvres. « Il considérait que dans le peuple de dieu, on ne fait pas différence entre riches et pauvres », explique le sénateur communiste Pierre Ouzoulias. Le souverain pontife accordait une attention très particulière aux personnes marginalisées. « La semaine dernière pour le Jeudi saint, il était encore avec des prisonniers à Rome », souligne Loïc Hervé.
On pouvait voir un paradoxe entre son progressisme social et son attachement aux règles habituelles de l'Église qui ne souffrait d’aucunes incartades sur des textes en rapport avec la mort
Hervé Marseille, président du groupe centriste au Sénat
Le pape François est aussi reconnu pour son inlassable défense des migrants. « Je retiens sa visite à Lampedusa (le 8 juillet 2013, ndlr) pour marquer sa sollicitude envers les migrants et le cimetière qu’était devenue la Méditerranée », détaille Hervé Marseille, président du groupe centriste au Sénat et lui aussi membre du groupe d’amitié France-Vatican. L’élu des Hauts-de-Seine rappelle à l’instar de Loïc Hervé que le pape avait fait le choix de l’humilité en renonçant « aux fastes pontificaux » pour habiter dans « un immeuble simple » pendant la durée de son pontificat.
Pape « progressiste »
« C’est le pape le plus progressiste qu’on ait eu, tranche Akli Mellouli. Il a embrassé les sujets de la planète. Il tapait sur le capitalisme et sur l’inertie climatique. C’était quelqu’un de profondément engagé pour la paix et la dignité humaine ». Pour le pape François, « la condition humaine l’emportait sur tout », abonde Pierre Ouzoulias. Il relève aussi que « Sur l’homosexualité, il y a eu une main tendue. Il condamnait mais considérait l’Eglise n’avait pas à les rejeter ».
Les sénateurs de gauche ne manquent pas tout de même de relever certaines limites de ce progressisme sur les questions sociétales comme l’opposition du Vatican à l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la constitution française. « On pouvait voir un paradoxe entre son progressisme social et son attachement aux règles habituelles de l’Église qui ne souffrait d’aucunes incartades sur des textes en rapport avec la mort », explique Hervé Marseille qui pense également aux textes sur la fin de vie que doit examiner le parlement.
Le pontificat refermé du pape François incarnait selon Pierre Ouzoulias la défense d’une certaine vision d’un christianisme universel face à « un courant chrétien catholique identitaire qui recherche l’exclusion ». « François ne distinguait pas le message spirituel et politique. Soit l’Eglise se retranche sur la morale individuelle souhaitée par le clergé américain et européen. Soit elle s’ouvre aux problèmes de notre temps : crise climatique, crise migratoire, dénonciation de l’argent roi », estime le sénateur communiste. Une réponse qu’apporteront les cardinaux lors de l’élection du 267e pape au terme du conclave qui devrait se tenir début mai.
Après la mort du pape François ce lundi 21 avril, la question de l’héritage de son pontificat se pose. Pendant 12 ans, il a accordé beaucoup d’importance aux pays du Sud et a consacré ses encycliques à des thématiques comme la fraternité et l’écologie. Entretien avec Sophie Gherardi, directrice du centre d’étude du fait religieux contemporain.
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