Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.
Menace sur l’Otan : « Trump ne considère pas Poutine comme un adversaire »
Par Matias Arraez
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Donald Trump remet clairement en cause la participation américaine à l’Alliance Atlantique, est-ce une vraie menace ?
Oui et non. Oui, parce que les propos de Donald Trump sont très forts. Quand il dit que si un membre de l’Otan ne verse pas sa contribution à l’Alliance, il n’y a pas de raison pour les Etats-Unis de venir au secours de ce pays. C’est une remise en cause claire de l’article 5 de l’Otan. Il faut reconnaître quand même que du temps de Barack Obama, il y avait déjà cette frustration. Le regret que tous les membres de l’Otan ne participent pas de manière aussi importante au financement de l’Alliance. C’est donc la suite logique de cette pensée, sauf que là Trump va encore plus loin. Il est en campagne et en rajoute une couche. Ça n’est pas surprenant, mais ça dépasse les convenances avec des propos brutaux.
Trump met en avant un déséquilibre de dépenses, comment le perçoit la population américaine ?
C’est perçu comme un moment de vérité, de sincérité. La société américaine qui s’intéresse aux relations de leur pays avec l’Otan trouve tout à fait normal que les membres du Traité de l’Atlantique nord contribuent dans la mesure de leurs moyens au financement de l’alliance. Cela n’est pas normal pour eux que les Etats-Unis payent pour les autres. C’est ça le propos de Trump au fond. Si vous voulez être défendus, il faut faire un effort régulier et qui correspond aux besoins de l’Otan et surtout qui répond à la stratégie internationale des Américains. Pour Trump, c’est essentiellement électoraliste. Il se présente comme le défenseur des intérêts de son pays. Il veut dire les choses clairement, pour impressionner ses adversaires, et pour montrer que les Etats-Unis ne se laisseront pas faire, pas même par leurs alliés.
Quelles relations entretenait Donald Trump avec l’Otan lors de son mandat à la tête des Etats-Unis ?
AK : Les relations de Donald Trump avec l’Otan ont toujours été un peu difficiles. Pour lui, l’alliance n’est pas la priorité. La priorité des priorités, ce sont les relations avec la Russie mais surtout avec la Chine. S’il estime qu’il faut lâcher l’Ukraine, c’est pour s’opposer frontalement à la Chine. Selon lui, il faut concentrer les efforts sur une politique américaine en matière d’industrie, de finances et sur les aspects militaires. Il souhaite montrer que lui ne céderait pas aux mêmes exigences que Joe Biden. L’Otan n’a jamais été son souci majeur, sauf pour dire que ce n’est pas un traité pour lequel les Etats-Unis doivent payer plus que nécessaire, alors que les autres membres ne payent pas au niveau attendu.
Cette déclaration a vivement fait réagir à l’international, notamment le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, qui a expliqué qu’elle expose les soldats européens et américains à un risque accru. Faut-il s’inquiéter d’un retour de Donald Trump pour la sécurité européenne notamment ?
Il est évident que les déclarations de Donald Trump laissent à Vladimir Poutine une liberté de manœuvre qu’il n’avait pas jusqu’à maintenant. Trump pense qu’il pourra s’entendre avec Poutine, que c’est une affaire d’homme à homme. Selon lui, il faut se concentrer sur la Chine. C’est une autre conception des relations internationales.
Donald Trump essaye par ailleurs de faire pression sur son camp au Congrès américain pour enterrer une nouvelle enveloppe d’aide de plusieurs milliards à l’Ukraine. Certains y voient la mainmise de Poutine sur l’ex-président américain.
Une mainmise peut-être, mais en tout état de cause Donald Trump ne considère pas Vladimir Poutine comme un adversaire. Il ne le considère pas non plus comme un allié pour autant. Il le voit comme le dirigeant d’une puissance avec laquelle les Etats-Unis peuvent s’entendre et doivent s’entendre.
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