Borys Filatov, maire de la ville de Dnipro, était l’un des élus ukrainiens invités ce mardi à prendre la parole au Congrès des maires organisé par l’AMF. Mille jours après l’invasion russe de l’Ukraine, il témoigne sur Public Sénat d’un conflit toujours aussi difficile à supporter pour la population de son pays.
“L’Union européenne veut appliquer le Pacte vert mais sans moyens pour accompagner les agriculteurs” estime l’eurodéputé (Renaissance) Jérémy Decerle
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En pleine crise agricole dans toute l’Europe, les agriculteurs sont venus en tracteur jusqu’au pied du Parlement européen le jeudi 1er février pour exprimer leur colère. Des manifestations qui montrent le rôle crucial de l’Union européenne dans le fonctionnement du secteur agricole. “S’il n’y a pas les subventions européennes de la Politique agricole commune, il n’y a pas de revenus pour les paysans”, rappelle l’eurodéputé français Jérémy Decerle, du groupe Renew au Parlement européen, et de la majorité présidentielle en France, lors du débat de l’émission Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat. En effet, la PAC représente un tiers du budget de l’Union européenne et en France 22% des revenus des agriculteurs sont issus de ces subventions.
Des normes environnementales trop lourdes ?
Alors que les agriculteurs manifestent dans de nombreux pays européens pour pouvoir vivre décemment de leur travail, le poids des normes environnementales européennes est pointé du doigt, comme par exemple l’obligation de mettre en jachère chaque année 4% des terres des exploitations agricoles. Une obligation qui va être assouplie de manière temporaire pour soulager les agriculteurs. Mais pour les écologistes, cette rotation des cultures est nécessaire : “Des études scientifiques ont montré que la jachère permettait de préserver la biodiversité, le développement des insectes, qui contribuent à la bonne santé des sols et donc au futur de l’agriculture”, explique Tilly Metz, eurodéputé luxembourgeoise du groupe Les Verts au Parlement.
Parmi les inquiétudes du secteur agricole, il y a aussi le Pacte vert, un ensemble de lois écologiques pour baisser nos émissions de gaz à effet de serre qui s’appliquent à de nombreux secteurs de l’économie dont l’agriculture. Une partie de ces textes ont été votés mais pas encore appliqués. “Les agriculteurs se rendent compte que l’Union européenne va instaurer de nouvelles normes mais sans leur apporter des moyens techniques, financiers, pour pouvoir les appliquer. Il faut des moyens pour accompagner les agriculteurs dans la transition écologique.”
“Pendant que les agriculteurs étaient sur la route, la Commission voulait avancer sur l’accord avec le Mercosur”
Autre point d’inquiétude, les accords de libre-échange signés entre l’Union européenne et des pays étrangers qui font du tort à nos agriculteurs locaux. “Il faut sortir de cette globalisation de l’agriculture et soutenir les chaînes de production locale où le paysan peut peser sur les prix alors qu’aujourd’hui ce sont les grands groupes agroalimentaire et de grande distribution qui décident des prix.”, estime Tilly Metz.
L’accord de libre-échange avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), en cours de négociation depuis des années, est particulièrement décrié car les productions de cette région ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.
“La France s’y oppose depuis 2019 et c’est une fierté. Aujourd’hui, pendant que les agriculteurs sont sur les routes, la Commission européenne souhaite avancer sur cet accord avec le Mercosur, c’est scandaleux”, s’indigne Jérémy Decerle.
La négociation de cet accord par la Commission européenne a été finalement suspendue, sous la pression de la France et d’Emmanuel Macron qui a rappelé son opposition ferme à ce projet.
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