Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.
Livraisons d’armes à l’Ukraine : un rapport du Sénat alerte sur les capacités de production françaises
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À l’approche du deuxième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, un rapport sénatorial appelle à passer rapidement à la vitesse supérieure dans l’aide militaire française à l’Ukraine. C’est le constat sans appel qu’a dressé la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, ce 17 janvier. Les recommandations ont été établies à suite d’un déplacement en décembre à Kiev, où les sénateurs ont eu l’occasion de multiplier des échanges directs avec des hauts officiels ukrainiens, comme le ministre de la Défense ou le chef du renseignement militaire. La délégation s’est aussi arrêtée à Varsovie, pour recueillir les inquiétudes des parlementaires polonais.
Pour les sénateurs, l’enjeu n’est pas seulement de poursuivre l’aide stratégique, mais de la renforcer, « en quantité comme en qualité », à un moment devenu « charnière » pour la suite de la guerre. La contre-offensive ukrainienne lancée en juin s’étant soldée par un échec, les parlementaires relatent un « sentiment de dégradation de la situation militaire » chez leurs interlocuteurs rencontrés le mois dernier. Ils mettent aussi en garde contre le risque d’une prolongation du conflit avec une Russie, qui a intensifié ses bombardements en décembre et qui, surtout, présente un net avantage en termes de masses d’hommes mobilisables face à l’Ukraine.
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À ceci s’ajoute le développement d’une forme de « fatigue » dans les opinions occidentales vis-à-vis du soutien à l’Ukraine, et l’incertitude de la poursuite de l’appui américain après l’épilogue de la présidentielle de novembre. Le rapport sénatorial veut contribuer à provoquer une prise de conscience, à l’heure où d’autres points chauds du globe (Proche-Orient, mer Rouge, Taïwan) rendent moins visible l’appel à l’aide des Ukrainiens. « C’est important de marquer notre soutien à l’Ukraine. Le front est gelé et il y a un essoufflement certain de l’aide occidentale », s’inquiète Cédric Perrin, président (LR) de la commission des affaires étrangères.
Depuis mai, le nombre de soldats russes aurait augmenté de 20 % sur la ligne de front, à raison de 30 000 hommes chaque mois. « Le temps joue pour les Russes », insiste le rapport sénatorial. « C’est maintenant qu’il faut agir et c’est maintenant que l’Ukraine a besoin de notre aide », plaide le président Cédric Perrin.
« Une aide qui n’a pas été inscrite dans la durée », selon les sénateurs
À l’aube d’une année de tous les dangers, le ministère de la Défense ukrainien a souligné le « besoin vital » de munitions auprès des sénateurs en visite à Kiev. De son côté, la délégation sénatoriale alerte une fois encore sur les capacités de production françaises. « Il faut changer d’échelle sur les munitions. Notre aide est très appréciée, mais on a bien compris que, compte tenu de l’urgence de la situation, il faut qu’on soit en capacité de redoubler notre aide », implore le sénateur Cédric Perrin. Principale recommandation : le rapport presse l’État, « sans plus tarder », de multiplier les chaînes de production, dans l’optique d’un conflit de haute intensité et pour pouvoir accroître les livraisons à l’Ukraine. En clair, la France n’a « pas assez » inscrit son aide « dans la durée », regrettent les sénateurs de la visite officielle de décembre.
Comme lors d’une précédente publication de février 2023, un an après le début de l’invasion russe, les sénateurs estiment que l’objectif assigné par Emmanuel Macron en juin 2022 d’une « économie de guerre » n’est « pas à la hauteur ». « L’ambition affichée par le ministère des armées en matière de munitions demeure très insuffisante au regard des exigences des combats de haute intensité », relevaient Hélène Conway-Mouret (PS) et Hugues Saury (LR), dans leur rapport relatif au programme relatif aux moyens capacitaires des armées, dans le projet de loi de finances. Ils illustraient leur constat par la production d’obus de 155 millimètres. En 2024, 20 000 unités devraient sortir des usines, soit l’équivalent de « quatre jours de consommation des armées ukrainiennes ».
Les industriels réclament des commandes de l’État, un cycle d’auditions à venir au Sénat
Les fabricants, sollicités par les sénateurs, demandent davantage de visibilité sur les commandes de l’État. Ce jeudi, dans Le Parisien, Sébastien Lecornu, le ministre des Armées assure qu’à partir de la fin janvier, la quantité d’obus produite va passer à 3 000 par mois. Cédric Perrin a, de son côté, annoncé l’ouverture d’un cycle d’auditions au sein de la commission, « pour avoir une information beaucoup plus complète sur ce qui nous est dit par les uns et les autres ».
De quoi accueillir avec prudence les annonces faites par Emmanuel Macron à l’Élysée mardi soir. Le chef de l’État a pris l’engagement de livraisons nouvelles, à savoir une « quarantaine de missiles Scalp et plusieurs centaines de bombes attendues par nos amis Ukrainiens ». Les Scalp, missiles sol-air de longue portée ont été particulièrement appréciés à Kiev en raison de leur rôle stratégique dans les coups portés à la flotte russe en mer Noire. « Il faut être prudent, on annonce à un pays en guerre qui a une forte attente, il faut que les annonces soient concrètes, j’allais dire sonnantes et trébuchantes. Avant de redoubler les efforts, Faut déjà réussir à satisfaire les efforts initiaux. Le compte n’y est pas », réagissait hier en conférence de presse Cédric Perrin. Ce jeudi, Emmanuel Macron « a confirmé et détaillé les nouvelles livraisons militaires », à l’occasion d’un entretien téléphonique avec Volodymyr Zelensky.
L’appel de la France pour financer des livraisons supplémentaires de canons Caesar
Le chef de l’État, en visite officielle le mois prochain en Ukraine, veut par ailleurs conclure des accords avec les alliés européens pour financer la livraison de nouveaux équipements, mais aussi prendre des « décisions nouvelles », pour « ne pas laisser la Russie gagner ». Les canons français Caesar, très appréciés des militaires Ukrainiens (une cinquantaine est en service sur le front), sont concernés au premier chef dans la future « coalition artillerie ». L’Ukraine en a commandé six autres sur fonds propres, la France compte en fournir 12 supplémentaires. La France est en mesure d’en produire 60 autres, à financer. « C’est le message que je passe à l’ensemble de nos alliés », a fait savoir Sébastien Lecornu, le ministre des Armées ce jeudi.
Ce dernier a d’ailleurs contesté les conclusions du Kiel Institute, un centre de recherches allemand qui épingle le niveau de l’effort de la France, au regard de ses moyens, et en comparaison de celui des autres pays européens. « Ce qu’ils disent n’est ni fiable ni viable. Ils mélangent les choux-fleurs et les carottes dans ce classement, qui surtout ne repose que sur les promesses et les déclarations. Tout ce qui est promis est réellement livré et tout ce qui est livré a été promis, tout est ce qui est livré aussi fonctionne », a-t-il objecté dans la matinée sur France Inter.
Parmi les autres demandes pressantes de Kiev, mises en lumière dans le rapport sénatorial, figurent un accroissement des formations pour les pilotes de chasse, la livraison de système de guerre électroniques, ou de matériels de dernier cri tels que des systèmes permettant de contrôler des essaims de drones ou des radars pour les chasseurs F16. « L’Ukraine a besoin des technologies les plus récentes pour faire la différence avec la Russie », souligne le rapport du Sénat.
Pour la commission présidée par Cédric Perrin, l’enjeu est donc de répondre à un pays dont le sort aura une incidence significative pour l’Union européenne. « Si on n’aide pas l’Ukraine à vaincre, nous serons les suivants d’ici trois, cinq ou dix ans », confiait aux sénateurs français en décembre, Andrzej Grzyb, président de la commission de la défense nationale de la Diète polonaise.
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