« L’Europe doit accélérer ou elle décrochera » : devant les eurodéputés, Stéphane Séjourné défend son programme pour l’industrie européenne
Prétendant au poste de commissaire européen à la stratégie industrielle, Stéphane Séjourné a passé son grand oral devant les eurodéputés, chargés d’approuver sa candidature. Il a défendu sa feuille de route pour « décarboner et industrialiser » l’Union européenne. Sous le feu des questions des eurodéputés, l’ancien ministre a aussi dû affirmer sa légitimité à la tête d’un portefeuille aussi crucial.
Depuis le 4 novembre, le Parlement européen auditionne les 26 candidats proposés par les Etats membres pour intégrer le collège de commissaires européens présidé par Ursula von der Leyen. Ce 12 novembre, les eurodéputés achèvent leur cycle d’auditions et entendent les six personnages clés de la future Commission européenne : les vice-présidents exécutifs, parmi lesquels le Français Stéphane Séjourné.
Prétendant au poste de commissaire européen à la stratégie industrielle, l’ancien ministre des Affaires étrangères a ainsi passé trois heures sous le feu des questions des eurodéputés membres des commissions du commerce international, des affaires sociales, des budgets et des affaires juridiques. Sa nomination devra ensuite être approuvée, ou rejetée, par un vote des deux tiers des parlementaires.
« Rien, manifestement, ne vous désigne professionnellement pour ce poste »
À ce sujet, les attaques sont surtout venues des élus français d’extrême droite. « Je suis étonnée de vous voir ici. Vous avez fui votre bilan au Parlement européen en refilant le bébé à une collègue [Valérie Hayer, tête de liste du parti présidentiel lors des dernières élections], vous avez récupéré un poste de ministre pour quelques mois et aujourd’hui vous êtes de retour à Bruxelles », a par exemple fustigé l’eurodéputé RN Virginie Joron. Quelques dizaines de minutes plus tard, c’était au tour de la tête de liste Reconquête aux élections européennes Marion Maréchal de revenir à la charge : « Rien, manifestement, ne vous désigne professionnellement pour ce poste. Vous n’avez jamais dirigé une entreprise, ni réellement travaillé dans le privé et encore moins dans le secteur industriel. (…) Vous êtes le dernier caprice d’un président désavoué dans les urnes, qui cherche à travers vous à conserver une influence en Europe, qu’il a perdue en France. »
« Je n’ai pas de leçons de légitimité à recevoir de votre part », s’est d’abord contenté de rétorquer Stéphane Séjourné à l’eurodéputée RN. Face à la question de Marion Maréchal, le commissaire-candidat a rappelé cette fois-ci qu’il revenait aux parlementaires d’apprécier sa légitimité au poste dans le cadre de leur vote. « Je trouve ça dommage d’utiliser votre temps de parole sur cette problématique, alors qu’il y a des milliers d’emplois en jeu et des enjeux importants à surmonter au niveau européen », a-t-il conclu, sous les applaudissements d’une partie de l’assemblée.
« La prospérité industrielle de l’Europe est un défi existentiel »
Sur le fond, en introduction de son audition, Stéphane Séjourné a développé sa feuille de route en matière de politique industrielle européenne. Une trajectoire très largement inspirée du rapport de Mario Draghi sur la compétitivité de l’UE, qui pointe le décrochage alarmant de l’économie européenne par rapport à ses concurrents américains et chinois et réclame des investissements massifs pour relancer la productivité européenne dans plusieurs secteurs clés. Une crise industrielle notamment rappelée par la tête de liste de La France insoumise aux élections européennes Manon Aubry : « Partout, les usines mettent la clé sous la porte et les travailleurs se retrouvent sur le carreau. Avec près de 200 plans de licenciement et plus de 150 000 emplois menacés, la France est aux premières loges de cette immense casse sociale. Mais je ne vous apprends rien, ce bilan c’est le vôtre ! »
« La prospérité industrielle de l’Europe est un défi existentiel. Sur ce plan, l’Europe doit accélérer ou elle décrochera, comme le souligne Mario Draghi. Et si l’Europe décroche, les Européens en subiront les conséquences dans leur vie quotidienne », a alerté Stéphane Séjourné. Pour relever ce défi, le commissaire-candidat entend « cibler les secteurs stratégiques à fort potentiel et à fort impact socio-économique », à l’image de l’industrie automobile, de l’acier et de l’aluminium, ou encore de la chimie.
Dans sa politique de relance de ces secteurs, Stéphane Séjourné entend conjuguer deux objectifs : « décarboner et industrialiser ». S’il est élu par les eurodéputés, le candidat assure qu’il présentera « début 2025 » un « Pacte pour l’industrie propre », qui « posera les jalons d’une politique industrielle adaptée à notre temps ». Une façon de donner des gages à la gauche, dont les voix pèseront dans sa nomination, alors que les attaques de la droite sur les contraintes posées par le Pacte vert se multiplient.
Stéphane Séjourné propose un plan pour « accélérer la demande » de véhicules électriques
C’est d’ailleurs notamment sur le secteur automobile que se sont concentrées les questions des eurodéputés. Face à l’érosion des ventes de véhicules électriques, de nombreux constructeurs automobiles européens demandent à la Commission davantage de souplesse dans l’application de l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs, pour le moment fixée à 2035. Dès janvier 2025, les constructeurs devront également s’acquitter d’amendes s’ils ne respectent pas la moyenne annuelle d’émissions par voiture vendue, fixée par une norme européenne. En France, le ministre de l’Economie Antoine Armand s’est déjà prononcé en faveur d’une suspension de ces sanctions.
Au-delà de l’inquiétude des constructeurs, ces mesures suscitent aussi des craintes auprès des eurodéputés, notamment dans les groupes de droite. Cette fois ci, c’est à eux que Stéphane Séjourné a tenté de donner des gages, en promettant que la Commission européenne relancerait des discussions avec le secteur automobile. « Dans les prochains mois, un travail de consultation sera mené. L’objectif reste d’arriver à ce que nous avons voté lors du mandat précédent, mais avec des moyens différents », a-t-il indiqué. Parmi les moyens déployés pour décarboner le secteur de l’automobile, Stéphane Séjourné affirme vouloir mettre en place « un plan pour pouvoir accélérer la demande de véhicules », sans donner davantage de détails.
Pour pouvoir mettre en œuvre ces nouvelles mesures, la candidature de Stéphane Séjourné devra d’abord être approuvée par les deux tiers des eurodéputés qui l’ont auditionné. Ce vote devrait intervenir rapidement, probablement ce 13 novembre. Ensuite, l’intégralité de la composition du collège des commissaires devra encore être validée par l’ensemble des parlementaires réunis en séance plénière. Ce second vote est prévu pour le 27 novembre.
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