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Les derniers soldats français ont quitté le Niger, marquant la fin de plus de dix ans de présence française au Sahel

Ce 22 décembre, les troupes françaises ont définitivement quitté le Niger. Fait rarissime, Paris a également décidé de fermer son ambassade à Niamey. Après l’arrêt de l’opération Barkhane au Mali et l’évacuation des forces spéciales basées au Burkina Faso, cette nouvelle séquence acte le désengagement militaire de la France au Sahel.
Rose Amélie Becel

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En septembre dernier, près de 1 500 soldats français étaient encore déployés au Niger, dans le cadre de la lutte contre le djihadisme. Ce 22 décembre, les derniers soldats déployés dans le pays ont quitté le territoire, trois mois après l’annonce d’Emmanuel Macron du début du processus de désengagement des troupes. Un millier de militaires restent mobilisés au Tchad, dont la capitale N’Djamena abrite le siège du commandement des opérations françaises au Sahel.

Depuis la fin de l’opération Barkhane au Mali en novembre 2022 et l’évacuation des forces spéciales de la base de Kamboinsin au Burkina Faso début 2023, la présence militaire française au Sahel se concentrait au Niger. Le départ de Niamey symbolise ainsi la fin de plus de dix ans de lutte anti-djihadiste de la France dans cette région d’Afrique de l’Ouest sous haute tension, également appelée la « zone des trois frontières », où sévissent plusieurs groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique.

Un départ précipité par le coup d’Etat du 26 juillet dernier

Dans bon nombre de pays de la région, le retrait militaire de la France coïncide avec un coup d’Etat. Au Niger, celui-ci est survenu le 26 juillet dernier. Des membres de la garde présidentielle du chef de l’Etat Mohamed Bazoum ont renversé le président, élu démocratiquement en février 2021. Celui-ci est toujours détenu dans sa résidence.

Quelques heures plus tard, les militaires putschistes annonçaient prendre le pouvoir au nom du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), créé pour l’occasion, en dénonçant la dégradation de la situation économique, sociale et sécuritaire du pays. Après deux jours de tractations, c’est le chef de l’ancienne garde présidentielle – le général Abdourahamane Tiani – qui s’autoproclame chef de l’Etat, fonction qu’il occupe encore à ce jour.

Quatre jours après le coup d’Etat, le 30 juillet, des milliers de personnes se retrouvent devant l’ambassade de France à Niamey, dans le cadre d’un rassemblement de soutien aux putschistes. Une manifestation qui se mue rapidement en contestation de la présence française au Niger, en tant qu’ancienne puissance coloniale, et au cours de laquelle des slogans pro-russes sont également entonnés. Le divorce entre les deux pays atteint son paroxysme au mois d’août, lorsque la junte militaire annonce la rupture des accords de coopération militaire avec Paris puis proclame l’expulsion de l’ambassadeur de France au Niger. Depuis, le pays a également annoncé début décembre son départ du G5 Sahel, coalition de pays de la région chargés de lutter avec la France contre les groupes djihadistes.

Un relâchement des sanctions

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), présidée par le Nigeria, avait un temps envisagé de mener une opération militaire, donnant une semaine aux putschistes après leur coup d’Etat pour rétablir l’ordre. Finalement, devant l’hostilité de certains pays à faire intervenir leur armée, la Cedeao a choisi de mettre en place de lourdes sanctions économiques. Un choix également opéré par la France, qui a suspendu son aide au développement du pays dès le 29 juillet, mais aussi par l’Union européenne et les Etats-Unis.

Toutes ces sanctions ont durement frappé les 25 millions d’habitants du Niger, déjà parmi les pays les plus pauvres du monde. Avant le coup d’Etat, plus de 3 millions de Nigériens étaient déjà confrontés à une insécurité alimentaire aiguë selon le Programme alimentaire mondial de l’ONU. Une situation compliquée par la fermeture des frontières, qui empêche la livraison de colis alimentaires dans ce pays enclavé. La fermeture des frontières avec les pays voisins a également privé le Niger de 70 % de son électricité, fournie par le Nigeria.

Réunis en sommet au Nigéria le 10 décembre dernier, les pays de la Cedeao ont ouvert la voie à un allègement de ces sanctions économiques. L’alliance des pays d’Afrique de l’Ouest conditionne toutefois ce relâchement des sanctions à un retour des civils au pouvoir, après une « transition courte » assurée par les militaires putschistes.

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