« Vous êtes les otages de la guerre commerciale » répond le Président de la République à un producteur laitier alertant sur les conséquences que pourraient avoir quelques pourcentages de droits de douane supplémentaires sur son activité. Dans l’esprit de tous, les tarifs agités par Donald Trump à l’encontre des différents partenaires commerciaux excédentaires des Etats-Unis (voir notre article). Si ces menaces ont parfois été suspendues, comme dans le cas mexicain, le ton a été donné par le président américain en annonçant le 13 février dernier l’instauration de « droits de douane réciproques. »
L’impact de telles mesures est difficile à évaluer tant qu’elles n’ont pas été précisées et effectivement mises en œuvre par l’administration américaine, mais Emmanuel Macron, qui se rend ce dimanche à Washington, a tout de même tenu à jouer la désescalade : « Je ne veux pas rentrer dans une logique guerrière. J’espère convaincre le président Trump que ce n’est pas dans l’intérêt des Etats-Unis eux-mêmes. » Le Président de la République mise ainsi sur un « échange […] amical », mais « en même temps clair » pour tenter « d’apaiser tout ça » et de convaincre Donald Trump que « quand on parle entre alliés et partenaires, on ne peut pas vouloir faire souffrir l’autre par des tarifs. »
Tout comme il y a trois semaines, où Emmanuel Macron avait réagi aux premières annonces protectionnistes de Donald Trump en assurant que l’Europe saurait « se faire respecter », le chef de l’Etat assure que s’il n’arrive pas à convaincre son homologue américain, « nous prendrons des dispositions. »
Mercosur : « On s’y est opposé et on continuera »
L’export « fait aussi partie de la force de notre agriculture », a par ailleurs rappelé le Président de la République, soulignant ainsi la dimension internationale des problématiques qui entourent le salon de l’agriculture. La question du Mercosur est ainsi revenue à de nombreuses reprises au fur et à mesure de la déambulation d’Emmanuel Macron au milieu des allées du Salon. « Si on laisse passer le Mercosur et la viande du Brésil, ça détruira tout », l’a ainsi interpellé un éleveur au milieu de drapeaux de la FNSEA.
«On s’y est opposé et on continuera », a promis le Président de la République, en précisant qu’au sein de l’Union Européenne, la France continuait de construire une « minorité de blocage » au Conseil (au moins 4 États membres et 35 % de la population). « On bouge aussi pour que ce soit bloqué par ailleurs », a assuré le chef de l’Etat. Sur le fond, Emmanuel Macron a réaffirmé la position de la France : « Tant que les clauses miroirs et les clauses de sauvegarde ne sont pas là, c’est un mauvais texte. » En imposant ainsi des garde-fous de réciprocité, le Président de la République espère réduire l’incertitude « dans un moment géopolitique tendu. » « Rien ne dit que demain, l’agriculture ne deviendra pas une arme. » Difficile, alors, de « ne pas rentrer dans une logique guerrière. »