Censure du gouvernement Barnier : la crise politique française vue par la presse étrangère
Ironie anglaise, incompréhension danoise et sévérité américaine : tour d’horizon des commentaires de la presse étrangère sur la situation politique française.
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Les questions internationales devraient peser, une fois n’est pas coutume, dans la campagne des élections européennes (scrutin le 9 juin en France), et notamment la guerre en Ukraine. “C’est la sécurité et l’avenir de l’Europe qui se jouent”, rappelle l’eurodéputée danoise Karen Melchior, qui débattait dans l’émission Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat. “L’enjeu de cette année c’est de continuer de donner les moyens à l’armée ukrainienne pour obtenir cette victoire militaire et reprendre le contrôle de l’intégralité du territoire de l’Ukraine.”
L’aide militaire et financière de l’Union européenne forme une ligne de clivage dans cette campagne européenne, alors que les partis politiques souverainistes en Europe remettent en question la pertinence de poursuivre cet armement de l’Ukraine. “Ce conflit est enlisé et le temps est venu de chercher des solutions de paix”, assure Patricia Chagnon, eurodéputée française du Rassemblement national et du groupe Identité et démocratie au Parlement européen. “Il faut négocier la paix, on ne doit pas continuer à alimenter la guerre.”
En pleine guerre, l’accélération du processus d’adhésion de l’Ukraine à l’UE suscite également des inquiétudes dans certains camps politiques, que ce soit la gauche radicale ou la droite radicale, qui craignent une déstabilisation de l’économie européenne. Mais pour les sociaux-démocrates, ou le groupe Renew, l’adhésion de l’Ukraine n’est pas une option : “Elle doit se faire avant tout pour des raisons politiques. C’est un appel de l’Histoire”, estime Béatrice Covassi, eurodéputée italienne, membre du groupe des Sociaux-démocrates.
Autre sujet de clivage important dans cette campagne des élections européennes : la gestion des flux migratoires. Avec comme point d’ancrage du débat, le Pacte européen Asile et Migration qui a fait l’objet d’un accord entre les acteurs européens, en décembre dernier, après plus de 3 ans de négociations et de blocage. Cet ensemble de texte prévoit notamment une solidarité entre les États membres pour se répartir les demandeurs d’asile, sous peine d’amendes pour les Etats qui refuseraient de prendre leur part.
Un pacte qui fait figure d’épouvantail pour les partis de droite souverainiste comme le Rassemblement national : “Ce pacte ne lutte pas vraiment contre l’immigration clandestine. La gestion de l’immigration doit être une compétence régalienne de chaque État. Chaque pays a des besoins différents en matière d’immigration. L’Union européenne doit se contenter de sécuriser nos frontières extérieures.”, explique Patricia Chagnon.
“Je regrette que des partis souverainistes refusent une solidarité et une coopération entre les États pour gérer cette question migratoire”, lui a répondu Karen Melchior. “Depuis dix ans, l’absence de collaboration sur ce sujet ne nous a offert aucune solution et la division des Européens nous a même fragilisés et obligés à négocier avec d’autres pays tiers comme la Turquie pour accueillir ces migrants, sans garantie que leurs droits humains soient réellement respectés.”
A 5 mois de ce scrutin, en France, le Rassemblement national fait la course en tête dans les intentions de vote. Un récent sondage d’Harris Interactive crédite la liste RN de 28%, devant la liste de la majorité présidentielle avec 19%. La liste du Parti socialiste et de Place Publique arriverait en 3ème position (11%), devant celle des Républicains (8%), des Écologistes (8%), de La France Insoumise (7%) et de Reconquête (6%).
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