Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.
« La France à la hauteur des Lumières », « consensus rare » : l’IVG dans la Constitution vue par la presse étrangère
Par Henri Clavier
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Hier, la classe politique française était unanime, c’était un jour historique. Un constat partagé à travers le monde, y compris par le New York Times qui consacre sa une à l’inscription de la liberté de recourir à l’IVG dans la Constitution. Un symbole alors que les menaces contre la liberté d’avorter aux Etats-Unis, après la remise en cause de l‘arrêt “Roe vs Wade”, ont relancé le débat sur le niveau de protection juridique nécessaire pour garantir le droit à l’IVG.
Comme la plupart des médias internationaux, le quotidien britannique, The Guardian, souligne l’organisation d’une retransmission en direct de la séance du Congrès au Trocadéro en face de la Tour Eiffel. Le quotidien italien, La Repubblica, perçoit dans cette diffusion la marque d’un événement historique.
La France “à la hauteur des lumières”
Si les parlementaires ont qualifié le moment de “symbolique” ou “d’historique”, députés comme sénateurs se sont également félicités de l’avance de la France sur le sujet en devenant le premier pays à inscrire la liberté de recourir à l’IVG dans la Constitution. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet estime que la France “est à l’avant-garde, elle est à sa place”. Un avis partagé par le quotidien de gauche allemand “Die Tageszeitung” qui estime que la France se montre “à la hauteur des Lumières” en inscrivant l’IVG dans la Constitution. Un symbole au niveau international pour les droits des femmes puisque “des célébrations ont eu lieu dans différents quartiers de Paris avec des foulards verts en hommage au mouvement pro-avortement en Argentine”, note le quotidien argentin “La Nacion”.
Un constat quelque peu tempéré par le quotidien suisse, Le Temps, qui rappelle que “la France n’a cependant pas été particulièrement avant-gardiste sur le droit de vote des femmes, généralisé en 1944, bien après le Royaume-Uni ou l’Allemagne (1918)”.
De la même manière, de l’autre côté des Pyrénées, on insiste sur la dimension symbolique de la mesure. “La France, pays qui se veut un modèle de progrès civique et social, est devenue ce lundi le premier État à inscrire explicitement le droit à l’avortement dans sa Constitution”, salue le quotidien El Pais qui insiste sur le message envoyé par cette inscription. “Certes, cette réforme rendrait très difficile une interdiction de l’IVG, mais elle n’empêcherait pas ce droit d’être sapé par d’autres moyens, par exemple une réduction des délais légaux”, analyse le correspondant du journal espagnol “El Periodico”. Une référence à la formule retenue qui consacre une “liberté garantie” plutôt qu’un “droit”.
Une unité politique rare
La presse internationale insiste également sur l’unité de la classe politique française au moment de voter l’inscription de l’IVG dans la Constitution, une situation rare alors que le Congrès n’avait pas été réuni depuis 2008. El Pais illustre le paradoxe entre un décorum d’Ancien régime et le progressisme de l’inscription de l’IVG dans la Constitution et relate “une cérémonie solennelle et émouvante, dans le cadre auguste de l’hémicycle de l’aile sud du château de Versailles, symbole du pouvoir absolu de Louis XIV, le Roi-Soleil, et de la grandeur, la grandeur française”.
“Les mécontents se faisaient discrets”, note “Le Temps”, selon lequel il régnait “une ambiance de consensus rare dans ce paysage politique enflammé”. “Une des voix radicalement opposées au projet, le sénateur zemmouriste Stéphane Ravier, s’est fait copieusement conspuer dans une des très rares broncas du Sénat”, relève le quotidien francophone “Le Temps”, en référence à l’isolement du sénateur d’extrême-droite durant les débats au Sénat. Hué, le sénateur des Bouches-du-Rhône n’avait pas réussi à rallier la moindre voix à sa motion de rejet du texte.
“Une actualité qui pose la question de cette possibilité dans notre pays, où le droit à l’avortement se trouve toujours au centre d’un débat entre préservation des acquis et besoins d’évolution. La Belgique fait notamment face à des entraves de certains partis comme le CD&V, le Vlaams Belang ou encore la N-VA”, explique la RTBF, le média public belge.
Un sujet toujours clivant à l’étranger
Dans la continuité de l’exemple belge, la plupart des journalistes internationaux relèvent la faible opposition à la constitutionnalisation de l’IVG en France. “Aux États-Unis et en France, les sondages montrent qu’une majorité soutient largement le droit à l’avortement”, observe le Washington Post, qui concède néanmoins que “le sujet suscite plus de divisions ici qu’en France”. En Pologne, où le libre recours à l’IVG a été restreint par l’ancien gouvernement, le quotidien “Wyborcza” souligne la très forte adhésion de l’opinion publique française à la constitutionnalisation de la liberté de recourir à l’IVG. Pour CBS News, si le sujet n’est pas aussi clivant en France qu’aux Etats-Unis, en Pologne ou en Argentine, c’est avant tout parce que la France “est un pays fièrement laïc”. “La Repubblica”, voit d’ailleurs dans ce vote un “affrontement avec le Vatican” tout comme le quotidien polonais “Wyborcza” qui pressent des tensions à venir avec l’Église catholique.
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