Giorgia Meloni.

Italie : les paradoxes de la politique migratoire de Giorgia Meloni 

A trois mois des élections européennes, Ici l’Europe, vous propose une série de grands débats consacrés aux enjeux de ce scrutin dans les différents Etats-membres. Ce numéro est consacré à l’Italie et au bilan de la politique migratoire du gouvernement d’union des droites de Giorgia Meloni, contraint d’accepter une immigration massive pour des raisons économiques.
Alexandre Poussart

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Il y a les discours et puis il y a les actes. Alors que Giorgia Meloni a conquis le pouvoir en Italie, il y a 18 mois, sur un discours anti-migrants, sa politique migratoire s’est confrontée à la réalité. Pour des raisons démographiques, son gouvernement alliant l’extrême droite de son parti Fratelli d’Italia, de La Lega de Matteo Salvini, et la droite traditionnelle du parti Forza Italia, fondé par Silvio Berlusconi, a choisi d’accorder 450 000 titres de séjour à des travailleurs étrangers d’ici à l’an prochain. 

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« Je ne vois pas le problème. Nous sommes contre l’immigration illégale, mais nous avons besoin d’une immigration régulière de travail », explique Paolo Borchia, eurodéputé italien, membre de la Lega, parti allié de Marine Le Pen au Parlement européen au sein du groupe Identité et démocratie.

Il est vrai que l’Italie fait face à un déclin démographique, avec une baisse de la natalité, et un vieillissement de la population. « L’an dernier, nous avons eu 310 000 naissances en moins que l’année précédente. Nous aurons bientôt 1 travailleur pour 1 retraité. L’immigration régulière est une nécessité », s’alarme Fabio Castaldo, eurodéputé italien, membre du groupe Renew Europe, au centre de l’hémicycle.

« Cette promesse de Giorgia Meloni de bloquer les migrants n’a pas pu fonctionner. Il faut s’occuper des pays d’origine de ces personnes en migration, des pays en proie à la pauvreté et à des crises climatiques », rappelle Mercedes Bresso, eurodéputée, du Parti démocrate italien, membre du groupe des Sociaux-démocrates au Parlement européen.

Des accords migratoires avec des pays tiers qui posent question

Dans le même temps, Giorgia Meloni a malgré tout tenté de restreindre les flux migratoires en négociant des accords avec des pays tiers pour traiter les demandes d’asile hors du territoire italien et de l’Union européenne. Parmi ces pays, l’Albanie et la Tunisie. « L’accord entre la Tunisie et l’Italie est un contre-exemple », estime Fabio Castaldo. « Il a été conclu en dehors du cadre européen et sans aucune garantie de respect des droits de l’homme. Ce qui donne ces images de migrants maltraités par les forces de l’ordre. Ces accords migratoires doivent se faire selon les règles européennes. »

Un Pacte européen asile et immigration applaudi des deux mains par Meloni

Mais Giorgia Meloni n’est pas sortie totalement du cadre de la politique migratoire européenne. Elle s’est félicitée de la conclusion du Pacte asile et migrations, fin 2023, et qui prévoit une solidarité entre les Etats-membres pour se répartir les demandeurs d’asile. « Ce pacte n’est pas vraiment solidaire car certains Etats-membres pourront payer pour ne pas accueillir de personnes sur le sol », regrette Fabio Castaldo.

Un Pacte qui n’est pas soutenu par d’autres figures de la droite radicale européenne comme Marine Le Pen ou le dirigeant hongrois Viktor Orban.

L’Italie modèle d’une union des droites européennes ?

L’un des enjeux des élections européennes sera de voir si la coalition italienne des droites peut se former à l’échelle européenne, entre la droite traditionnelle du Parti populaire européen, et la droite radicale des groupes Identité et démocratie et des Conservateurs et réformistes européens, groupe où siègent les députés du parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni. Une union qui fait rêver l’extrême droite italienne : « Alors que les indicateurs économiques européens sont mauvais, pourquoi la droite européenne continuerait son alliance avec les socialistes ? », se demande Paolo Borchia.

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