Giorgia Meloni.

Italie : les paradoxes de la politique migratoire de Giorgia Meloni 

A trois mois des élections européennes, Ici l’Europe, vous propose une série de grands débats consacrés aux enjeux de ce scrutin dans les différents Etats-membres. Ce numéro est consacré à l’Italie et au bilan de la politique migratoire du gouvernement d’union des droites de Giorgia Meloni, contraint d’accepter une immigration massive pour des raisons économiques.
Alexandre Poussart

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Il y a les discours et puis il y a les actes. Alors que Giorgia Meloni a conquis le pouvoir en Italie, il y a 18 mois, sur un discours anti-migrants, sa politique migratoire s’est confrontée à la réalité. Pour des raisons démographiques, son gouvernement alliant l’extrême droite de son parti Fratelli d’Italia, de La Lega de Matteo Salvini, et la droite traditionnelle du parti Forza Italia, fondé par Silvio Berlusconi, a choisi d’accorder 450 000 titres de séjour à des travailleurs étrangers d’ici à l’an prochain. 

France 24/Public Sénat

« Je ne vois pas le problème. Nous sommes contre l’immigration illégale, mais nous avons besoin d’une immigration régulière de travail », explique Paolo Borchia, eurodéputé italien, membre de la Lega, parti allié de Marine Le Pen au Parlement européen au sein du groupe Identité et démocratie.

Il est vrai que l’Italie fait face à un déclin démographique, avec une baisse de la natalité, et un vieillissement de la population. « L’an dernier, nous avons eu 310 000 naissances en moins que l’année précédente. Nous aurons bientôt 1 travailleur pour 1 retraité. L’immigration régulière est une nécessité », s’alarme Fabio Castaldo, eurodéputé italien, membre du groupe Renew Europe, au centre de l’hémicycle.

« Cette promesse de Giorgia Meloni de bloquer les migrants n’a pas pu fonctionner. Il faut s’occuper des pays d’origine de ces personnes en migration, des pays en proie à la pauvreté et à des crises climatiques », rappelle Mercedes Bresso, eurodéputée, du Parti démocrate italien, membre du groupe des Sociaux-démocrates au Parlement européen.

Des accords migratoires avec des pays tiers qui posent question

Dans le même temps, Giorgia Meloni a malgré tout tenté de restreindre les flux migratoires en négociant des accords avec des pays tiers pour traiter les demandes d’asile hors du territoire italien et de l’Union européenne. Parmi ces pays, l’Albanie et la Tunisie. « L’accord entre la Tunisie et l’Italie est un contre-exemple », estime Fabio Castaldo. « Il a été conclu en dehors du cadre européen et sans aucune garantie de respect des droits de l’homme. Ce qui donne ces images de migrants maltraités par les forces de l’ordre. Ces accords migratoires doivent se faire selon les règles européennes. »

Un Pacte européen asile et immigration applaudi des deux mains par Meloni

Mais Giorgia Meloni n’est pas sortie totalement du cadre de la politique migratoire européenne. Elle s’est félicitée de la conclusion du Pacte asile et migrations, fin 2023, et qui prévoit une solidarité entre les Etats-membres pour se répartir les demandeurs d’asile. « Ce pacte n’est pas vraiment solidaire car certains Etats-membres pourront payer pour ne pas accueillir de personnes sur le sol », regrette Fabio Castaldo.

Un Pacte qui n’est pas soutenu par d’autres figures de la droite radicale européenne comme Marine Le Pen ou le dirigeant hongrois Viktor Orban.

L’Italie modèle d’une union des droites européennes ?

L’un des enjeux des élections européennes sera de voir si la coalition italienne des droites peut se former à l’échelle européenne, entre la droite traditionnelle du Parti populaire européen, et la droite radicale des groupes Identité et démocratie et des Conservateurs et réformistes européens, groupe où siègent les députés du parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni. Une union qui fait rêver l’extrême droite italienne : « Alors que les indicateurs économiques européens sont mauvais, pourquoi la droite européenne continuerait son alliance avec les socialistes ? », se demande Paolo Borchia.

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Italie : les paradoxes de la politique migratoire de Giorgia Meloni 
3min

International

« Il faut continuer à dire que cette guerre est horrible » : le témoignage fort d'un maire ukrainien invité au Congrès de l'AMF

Borys Filatov, maire de la ville de Dnipro, était l’un des élus ukrainiens invités ce mardi à prendre la parole au Congrès des maires organisé par l’AMF. Mille jours après l’invasion russe de l’Ukraine, il témoigne sur Public Sénat d’un conflit toujours aussi difficile à supporter pour la population de son pays.

Le

Russian President Putin Meets with Zaporozhye Region Governor Balitsky, Moscow, Moscow Oblast, Russia – 18 Nov 2024
5min

International

Guerre en Ukraine : « Si Poutine s’en remet à l’arme nucléaire, c’est le signe qu’il n’a pas les moyens de résister autrement »

Ce mardi, au millième jour de l'invasion russe, l'Ukraine a juré de ne « jamais » se soumettre à la Russie. Quelques heures plus tôt, Vladimir Poutine a de nouveau agité le spectre du recours à l'arme nucléaire et promis de remporter cette guerre. Pour Public Sénat, le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU, fait un point sur un conflit dont le bilan humain aurait déjà dépassé le million de morts et blessés.

Le

France Farmer Protest MERCOSUR
6min

International

Minorité de blocage, clauses miroirs : quelles sont les marges de négociation de la France sur l’accord UE-Mercosur, qui suscite la colère des agriculteurs ?

Les syndicats agricoles ont donné le coup d’envoi d’un nouveau cycle de mobilisations, avec pour principal mot d’ordre le rejet de l’accord de libre-échange conclu entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Si la France continue de faire pression contre une ratification, sa position semble assez isolée sur la scène européenne.

Le