Après la chute de Bachar al-Assad et l’arrivée au pouvoir de rebelles en Syrie, plusieurs pays européens dont l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont annoncé un gel des procédures de demandes d’asile. Plusieurs partis politiques ont également ouvert la voie au retour des réfugiés syriens dans le pays. Un débat qui soulève des questions politiques et juridiques.
Israël / Liban : « Faute de solution diplomatique crédible, l’option militaire prend de plus en plus de poids », affirme David Rigoulet-Roze
Par Henri Clavier
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La tension monte entre le Hezbollah, soutien du Hamas, et Israël après une frappe du groupe militaire libanais sur le plateau du Golan ayant tué 12 jeunes sur un terrain de football. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou a promis une « réponse sévère ». « Le massacre de samedi constitue le franchissement de toutes les lignes rouges par le Hezbollah » a pour sa part déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz, laissant craindre une escalade militaire dans la région.
Preuve des turbulences que traverse la région, le Royaume-Uni exhorte ses ressortissants à quitter le Liban, tandis que des compagnies aériennes comme Air France ou Lufthansa ont suspendu leurs vols en direction de Beyrouth. Pour éviter une extension du conflit au Liban, la France et les Etats-Unis tentent de contenir la riposte israélienne. Depuis le 7 octobre, plusieurs événements comme l’assassinat d’un membre du Hamas à Beyrouth ont fait craindre une généralisation du conflit dans la région.
Un risque d’embrasement régional
Alors que le Hezbollah dément être à l’origine du tir de roquette ayant touché une ville du plateau du Golan, occupé par Israël depuis 1967 et annexé aux deux tiers en 1981, l’Etat hébreu assure qu’un missile de fabrication iranienne a été utilisé pour la frappe. Par ailleurs, l’armée israélienne a annoncé, ce mardi, avoir touché une dizaine de cibles dans le sud du Liban. « Tous les acteurs craignent un embrasement dans la région. Cette frappe du Hezbollah pourrait être le résultat d’un mauvais calcul. Dans la configuration conflictuelle qui prévaut depuis le 7 octobre, il était presque inévitable qu’un dérapage de ce type puisse se produire. On ne peut être surpris des déclarations martiales du côté d’Israël annonçant ostensiblement une réponse militaire à ce qu’il vient de se passer » affirme David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut de recherches internationales et stratégiques (IRIS) et rédacteur en chef de la revue Orients Stratégiques (L’Harmattan).
Lieu de fortes tensions depuis le 7 octobre, la frontière entre le Liban et Israël est le théâtre d’échanges de tirs et de frappes ciblées depuis plusieurs mois. Allié de Téhéran, le Hezbollah fait peser une menace importante sur Israël et 80 000 habitants de la zone sont toujours déplacés. « Il y a un consensus de la société israélienne dans son ensemble pour considérer que l’insécurité de la frontière nord du pays n’est plus tenable. Et même des politiques comme l’ancien chef d’Etat-major de Tsahal et ancien ministre de la Défense, Benny Gantz, par ailleurs détracteur avéré de la stratégie du Premier Ministre Benyamin Netanyahou, estime qu’il est devenu indispensable de résoudre d’une manière ou d’une autre la question de la situation à la frontière libanaise. Le Hezbollah représente une menace jugée désormais intolérable avec le risque potentiel que se renouvelle au Nord une opération du même type que celle du 7 octobre depuis Gaza », analyse David Rigoulet-Roze.
« Il y avait jusque-là une tolérance de fait sur le maintien de la présence du Hezbollah au Sud-Liban »
Dans ce contexte, Israël légitime une riposte d’ampleur afin d’écarter ou de minimiser la menace liée au Hezbollah. Ces événements font craindre le retour d’un conflit d’ampleur, comme en 2006 lorsque l’armée israélienne avait envahi le sud du Liban après des incursions du Hezbollah sur son territoire. « Il y avait jusque-là une tolérance de fait sur le maintien de la présence du Hezbollah, et notamment de sa force spéciale Radwan, au Sud-Liban car chaque camp voulait éviter un nouveau conflit d’envergure comme celui de 2006. Mais Israël considère que ce n’est plus possible depuis le 7 octobre. C’est la raison pour laquelle, faute de solution diplomatique crédible, l’option militaire prend désormais de plus en plus de poids du côté d’Israël », explique David Rigoulet-Roze. En 2006, la résolution 1701 du conseil de sécurité des Nations Unies posait les conditions du cessez-le-feu entre la milice chiite et l’Etat hébreu. En échange du retrait total de Tsahal du Liban, le Hezbollah devait retirer ses troupes à une trentaine de kilomètres au nord de la frontière entre les deux pays.
Tentatives de conciliations françaises et américaines
Pour éviter un conflit d’ampleur entre le Hezbollah et Israël, les Etats-Unis et la France tentent de contenir la riposte israélienne. Emmanuel Macron s’est entretenu, ce 29 juillet, avec son homologue iranien, Massoud Pezeshkian, déclarant « que tout devait être fait pour éviter une escalade militaire ». La France a également proposé un compromis prévoyant de renvoyer les forces du Hezbollah à une dizaine de kilomètres de la frontière entre le Liban et Israël, une option pour l’instant refusée. « Il y a une forte mobilisation diplomatique pour éviter une déflagration sur la frontière israélo-libanaise. Les Etats-Unis essayent de contenir la nature de la riposte israélienne. Tout le paradoxe réside dans le fait que les Israéliens sont obligés de répliquer significativement mais sans que cela devienne hors de contrôle. C’est, toutes choses égales par ailleurs, un peu le même dilemme que lors de la riposte iranienne après la frappe sur son annexe consulaire à Damas. Finalement, aucun des acteurs en présence ne souhaite une déflagration générale induisant des conséquences incontrôlables mais, dans une logique systémique, les paramètres sont toujours susceptibles d’échapper aux acteurs malgré eux », juge David Rigoulet-Roze. Sans solution diplomatique, la situation de tensions pourrait dégénérer et provoquer un conflit à plus grande échelle.
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