Ingérences étrangères : « Aucune opération identifiée » par TikTok sur sa plateforme en France, affirme le directeur des affaires publiques
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Comme la plupart des réseaux sociaux, TikTok est accusé de faire le jeu de la désinformation. Mais contrairement à ses alter ego Instagram ou Snapchat, l’application est d’origine chinoise. Dans le combat des politiques pour réguler les réseaux sociaux, TikTok occupe une place particulière, soupçonné d’être le bras armé du pouvoir chinois, et un instrument d’influence dont Pékin se servirait pour déstabiliser les sociétés occidentales. En Europe ou aux Etats-Unis, de nombreux responsables estiment que l’application de vidéos courtes permet à Pékin d’espionner et de manipuler les citoyens. Récemment, le gouvernement a même décidé de couper le réseau social en Nouvelle-Calédonie, assurant que l’application était un vecteur de violence et de désinformation, au moment où une partie de l’archipel était en proie à une révolte. Pourtant, le groupe chinois proteste régulièrement contre les accusations de dépendance vis-à-vis de Pékin, et a toujours nié avoir transmis des informations aux autorités chinoises, assurant qu’il refuserait toute requête éventuelle en ce sens. Des affirmations qui ne convainquent pas tous les élus : en mars 2023, une commission d’enquête sur « l’utilisation du réseau social TikTok, son exploitation des données, sa stratégie d’influence » conduite par le sénateur Claude Malhuret concluait qu’il fallait « exiger une clarification de la situation juridique de TikTok vis-à-vis de la Chine ». Rien d’étonnant donc à ce que la plateforme soit de nouveau convoquée par le Sénat dans le cadre de la Commission d’enquête sur les influences étrangères. Face aux sénateurs, Eric Garandeau, directeur des affaires publiques de TikTok France, a plaidé la bonne foi de l’entreprise, jonglant entre les arguments juridiques et économiques et les signes de bonne volonté.
Haro sur les médias d’Etat
Eric Garandeau a insisté sur les efforts de l’application pour limiter le phénomène des ingérences étrangères. « On rend publique la suppression des comptes qui sont identifiés comme tentant d’influencer l’opinion publique », explique le dirigeant, qui dénombre « 15 opérations d’influence sur les 4 premiers mois de l’année dans le monde », mais « aucune opération identifiée en France ». « Cela ne veut pas dire qu’il n’y en aura pas », prévient toutefois Eric Garandeau, pour qui « un risque existe sur toutes les plateformes ». Afin de limiter le risque de voir TikTok utilisé pour diffuser de fausses informations ou d’influencer les utilisateurs d’un pays en particulier, l’application a élargi ses politiques relatives aux médias d’Etat. « C’est un très gros travail de labellisation pour définir ce qu’est un média d’Etat ou non », explique Eric Garandeau. « Vous pouvez avoir des médias publics indépendants, comme en France ou au Royaume-Uni, et des médias privés faux nez d’Etat », affirme le dirigeant.
À nouveau interrogé sur la distance qui sépare le réseau social des intérêts de la Chine, Eric Garandeau a répété à l’envi que TikTok « n’opère pas en Chine », et « n’est soumise ni au droit chinois, ni au droit américain ». La société est en effet immatriculée dans les Iles Caïmans. Concernant le capital de l’entreprise, 20 % appartient aux fondateurs, 20 % aux salariés, et 60 % par « des fonds d’investissement de toutes nationalités, y compris françaises », assure Eric Garandeau, sans pour autant être en mesure de donner plus de précision sur l’origine des fonds privés.
« Très surpris » sur la Nouvelle Calédonie
L’autre grand sujet d’inquiétude de nombreux responsables européens est le danger potentiel qui pèserait sur les données des utilisateurs. Sur ce sujet, Eric Garandeau met en avant l’exemple américain, « stockées sur des serveurs américains ». Concernant les utilisateurs Français, « on a décidé de créer quelque chose d’équivalent dans la philosophie. On est en train de construire des serveurs en Irlande, en Norvège, pour stocker les données des Européens », jusqu’à présent hébergées aux Etats-Unis.
Le dirigeant de TikTok est également revenu sur l’épisode de la suspension de l’application en Nouvelle-Calédonie. Mi-mai, les violences émaillant l’archipel ont suscité une réponse inédite du gouvernement, qui a décidé de couper l’accès au réseau social. « Avant que la suspension soit prononcée, nous n’avons pas eu d’échange avec le gouvernement », a précisé Eric Garandeau, en décalage avec les appréciations du gouvernement concernant le rôle qu’aurait tenu l’application dans la révolte : « A notre connaissance, TikTok a été utilisé essentiellement pour informer les gens en Nouvelle-Calédonie. On n’a pas eu connaissance d’une utilisation qui aurait été illicite, pour encourager les émeutes. On n’a pas du tout constaté ça ». Raison pour laquelle Eric Garandeau s’est dit « très surpris » par les affirmations du gouvernement.
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